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LE ROMAN
D E
LA ROSE.
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A PARIS,
DE L'IMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE.
L'AN VII. — 1799.
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LE ROMAN
D E
LA ROSE,
FAR
GUILLAUME DE LORRIS
ET
JEAN DE MEUNG, dit Clopinez,.
Édition faite sur celle de Lenglet Dufresnoy, corrigée
avec soin, et enrichie de la Dissertation sur les Auteurs
de l'ouvrage , de l'Analyse , des Variantes et du Glossaire
publiés en 1737 par J. B. Lantin de Damerey.
Avec Figures.
TOME QUATRIÈME.
A PARIS,
{J. B. FOURNIER et Fils, libraires, rue Hamefeuïïle, n.«î7.
P. N. F.DIDOT, imprimeur-libraire, quai des Augmtim, n.° aa,
AN SEPTIÈME.
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E TESTAMENT
DE MAISTRE
JEAN DE MEUNG.
lorieuse Trinité .
Une essence en vraye unité ,
En trqys singulières personnes :
O glorieuse deïté ,
Et souveraine majesté ,
Qui ung Dieu de toutes pars sonnes t
Qui toutes choses nous feiz bonnes,
Qui les quatre élémens esbonnes ,
Qui règnes en éternité ,
Qui vivre et entendement donnes ,
Et tous les biens nous habandonnes ,
Aïde-mqy à ce ditté.
Tu es cil Dieu qui trestous feis ,
Qui la chair en la Vierge pris ,
4* A
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LE TESTAMENT (T.
Sans sa virginité mal mettre ,
Dieu et homme en ung corps tu mis,
Et à la foy tu te soubzmys ,
Où foy ne te povoit soubzmettre ;
. Car circoncis fuz à la lettre ,
Et baptisé , pour nous démettre
Du pechié que tu as maulditz :
Nul ne se povoit entremettre ,
Fors toy , de ce pechié remettre ;
Par quoy à toy nous as acquis.
Moult de voyes tu peusses querre ,
S'il te pleust pour tous nous acquerre ;
Mais ceste fut plus convenable
A mouvoir vertueuse guerre ,
Pour nostre adversaire conquerre ;
Si nous doit estre souvenable ,
Et à deux mains entreprenable ,
Pour la grant joye permanable ,
Gaigner ce qui n'est pas en terre ;
Ains y est le monde et le diable ,
Et chair ensemble guerroyable ,
Que la grâce vaint et atterre.
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fi.».) DE JEAN DE MEUN6. 3
Qui contre ces troys veult emprendre,
Il luy convient, pour soy deffendre ,
Avoir foy et ferme espérance ,
Et charité qui n'est pas mendre ,
Et doit haubert et escu prendre,
Et vrayes œuvres de penance ;
Et qui a ce, soit en doubtance
Que dart tant soit agu ne lance
Puist son escu percier ou fendre ,
Ne doit riens doubter qu'on luy lance,
S'il a foy et ferme espérance ,
Qu'on doit en sept choses emprendré.
Vraye foy de nécessité ,
Non tant seulement d'équité ,
Nous fait de Dieu sept choses croire :
C'est sa doulce nativité ,
Son baptesme d'humilité ,
Et sa mort digne.de mémoire;
Son descens en la chartre noire ,
Et sa résurrection, voire
S'ascencion d'auctorité,
Sa venuë judicatoire ,
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LE TESTAMENT <,.5,.>
Où ly bons seront mis en gloire ,
Et ly mal en adversité.
Tenons donc pour vray fondement ,
De Jesu- Christ le naissement ,
Le baptesme , la passion ,
Le descens, le suscitement,
L'ascension , le jugement ,
Qui sera constimmacion
De ce siècle , et division
De l'humaine créacion ;
Quant les bons sans département
Auront joyeuse vision ,
Et les maulvais confusion
Qui durra pardurablement.
Ces sept choses, ces sept article ,
Sont du tout qui bien les applique ,
Contraire aux sept péchez mortelz ;
Ces sept sont drois, ces sept oblique ,
Ces sept sont sain , ces sept éthique ;
Car diables si les a séchiez ,
Qui les a par tout aluchez ,
Puisqu'il fut par luy trebuschez :
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#) DE JEAN DE MEUNG, S
Mais par les sept saintz y replicque
Dieu , qui est en nous embuschiez
Par grâce où il crye : Tu chiez ,
Se tu ne tiens foy catholique.
Se foy n'as , en vain te phfsiques ;
Car foy a toutes les reliques ,
Par foy toutes vertus sont faictes ,
Elle guerist les ydropiques ,
Les pouacres , les frénétiques ;
Car elle a Part et les receptes ,
C'est la fin des sept ars pourtraîctes ,
C'est la vision des prophètes ,
Ce sont- là les dames croniques ,
Ce sont les sept vertus parfaictes ,
C'est le pouvoir des sept planettes 9
Qu'on nomme estoilles erratiques*
C'est la vertueuse septaine,
C'est le misteriel sepmaine,
Qui parfaictement signifie
Le cours de nostire vie humaine ,
Ce sont les sept dons de demaine,
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6 LE TESTAMENT (t.k»>
Du saint Esperit c'est la hye,
Qui tout froisse , desjoint et esmye,
Orgueil etyre où Dieu n'est mye,
Et gloutonnye la villayne,
Luxure, paresce et envje ,
Et avarice l'endurcie,
Et toute leur pourrie graine.
Ces sept articles de foy vraye,
Qui dresse quanque pechié playe,
Sont figurés en maintes guyses:
Salomon son temple en estaye
Sur sept pilliers , mais la gent laye
N'ont pas telz figures aprises ;
Saint Jehan en a fait ses devises
Des sept anges , des sept églises,
Des sept chandeliers où Dieu raye,
Des sept estoilles de Dieu prises ,
Des sept lampes au trosne assises ,
Où toute charité est gaye.
Sept signaulx y a en ung livre,
Que Dieu qui siet au trosne livre
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rr.nx) DE JEAN DE MEUNG. 7
A l'aignel qui sept cornes a ,
Et sept yeulx ; mais nul qui puist vivre
Fors cil qui de mort voult revivre ,
Aux signes ouvrir n'a deçà ;
Mais si-tost que ou vers les a,
Dont saint Jehan il se repaisa,
Qui le mystère voult descrire ,
Que Faignel que Judas baisa ,
Qui pour nous tant se mesaisa ,
Que nous feussions de mort délivre.
Doncques en sept lieux sept louanges ,
Et sept busines et sept anges,
Businans successivement ,
Monstrans les visions estranges
Qui sont, se vraye foy ne changes ,
Des sept articles fondement,
Se tu y voys parfondement,
Sans herese confondement,
Lors resourdront les mors des fanges ,
De terre en leur corps proprement , .
Et en leurs ames ensement ,
Sans erreur de foy ne t'enfanges.
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8
LE TESTAMENT
Ces ames que j'ay nommées ,
Ne sont pas fables controuvées f
<? De blanche fleur ne d'esglantine ;
Ains sont visions esprouvées,
A noz saintz pères démons trées,
Par inspiration divine ,
Toutes naissans d'une racine
Qui est de vraye foj medicine,
Qui rend les ames terminées ,
Qui par foy les purge et affine >
Et qui par œuvre vraje et fine
Les rend devant Dieu affinées.
Ces sainctes septaines sans doute»
Qui comprennent nostre fqy toute
En vérité et en figure ,
Qui en aspirant la mere goutte ,
Et la savoure bien et gouste ,
Selon nostre saincte escripture ,
Tiennent nostre vie bien seure ,
Et nostre manière bien meure ,
Et purge toute mortel goutte ,
Ceste vive et divine armeure ,
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î%l&J,} DE JEAN DE ME UN G.
Qui devers Dieu si nous asseure ,
Qui ce ne croit- il ne voit goutte.
9
Goutte certes ne voit- il point ,
Ains est aveugle en ce point ,
Quant aux jeulx de l'entendement ;
Car Dieu de ses sept poins n'ont point
Et ceste armeure et ce pourpoint ,
C'est nostre garentissement
Contre tout envahissement :
Pour ce vueil singulièrement
Parler de chascun point à point ;
Car si affectueusement ,
Ne si très -amoureusement,
Riens que je saiche ne me point.
O très- glorieuse naissance ,
Qui humilias la puissance ,
A qui nulle ne se compère f
Qui fis du Filz de Dieu enfance >
Qui desordonnas ordonnance ,
Quant tu fis de la fille mere >
Char de déité pure et clere >
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ÎO LE TESTAMENT
Homme de Dieu frère de pere ,
Et de mortel guerre alliance ;
Ceulx qui virent ce saint mystère
Ne voulurent ce que j'aj dit taire,
Trojs mil ans et plus devant ce.
Mojse qui la loy ordonna ,
Et foj chrestienne y entonna ,
Couverte de cerimonies ,
Saint Abraham la rebonna ,
Qui la circoncisionna ;
Et puis vindrent les prophecies ,
David , Daniel , Ysaies ,
Ezechiel et Jeremies ,
Et maint autre en sermonna ;
Leurs paroles sont averies ,
En ung baptesme tesmoignies ,
Quant la voix du pere j tonna.
Vertueux baings et moult seris 9
Qui saulvez et riens ne péris ;
Puisque Dieu entrer y daigna,
Et tout le monde estoit péris >
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„0 DE JEAN DE M E U N G. il
Ne bien qui fust n'estoit méris ;
Quant le doux fils Dieu se baigna ,
Dieu le pere Taccompaigna,
Qui telz motz dits sur le baing a :
Ojez-le , c'est mon fils chéris !
Ce saint sacrement empreigna
Le coulon qui ce enseigna ,
Com vraj Dieu et sainct Esperis.
Fontaine vivificative ,
Saincte eauë generative *
Fleuve de remède final,
Clere unde purificative,
Du vieil homme renovative ,
Qui par son pechié cri minai
Espandit de son orinal ,
Par tout le vice original
Chargié de paine obligative ,
Du fruict du ventre virginal,
Pour nous délivrer de tout mal
Donna ceste eauë purgative.
Glorieux Fleon , glorieuse Eve ,
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LE TESTAMENT ,
Qui lavas ce qu'Adam et Eve
Ont par leur pechié ordoyé 9
Tu trouves au gâtel la feve,
Et metz en bûche seiche seve ,
Par les motz qui sont desplqyé
Sur toj , par quoj t'y souldojé
Sont en ung moment souldojé ,
En la joye qui tout achevé ,
Tu es le Fils Dieu baptoyé,
Par qui nous sommes nectoyé
D'ordure , d'escume et de beve.
Comme grant sacrement cy a ,
Qui la trinité dédia ,
Baptiser oyant et veant ;
Quant cil qui tout fist et créa,
Nos pechié il mondiffia,
Et il recreut le recréant ,
Et nous soubstrait du soubstrayant
Qui tous nous alloit soubstrayant,
Par noz parens qu'il conchia ,
Soyons de ce ferme et créant ,
Car je vous afferme et créant ,
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Cv.âi*.) DE JEAN DE ME UN G. l3
Que Dieu nous j sanctifia.
Moult a cy vertueux baptesme,
Qui enta sans huille et sans cresme
Salut d'invocacion trine ,
Qui tout peut sans nombre et sans esme ,
Qui enchâsse Tesperit pesme ,
Par sa vertu puissant et digne,
Qui par tout rend l'ame bénigne ,
Et en trait toute riens maligne.
Et d'innocence si la sesme ,
Qui la fait plus blanche que cresme f
Et la seigne de son saint signe ,
Et la retient tout à soy-mesme.
Or parlons du sacrement tiers ,
Où je peus tant plus volentiers
Quant il plus nous vault et profKte :
C'est le nostre greigneur rentiers ,
Et nostre amj lj plus entiers ,
Et où plus grant amour habite ,
Qui toutes noz debtes acquitte ,
Et nous radresses et hérite f
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LE TESTAMENT
Qui nous adresse ès drois sentiers,
Qui a mort par mort desconfite ,
Qui a vie en son sens confite ,
Qui a fait quanqu'il est mestiers.
Mestiers fist à l'humain lignage,
Que plus fort de luj mist en gage ,
Suffisant pour luj acquitter
Vers Dieu qui l'eut fait à s'jmage ,
Qui paradis à héritage
Luj livra pour luj délicter ;
Mais petit luj peut prouffiter ,
Pour Eve et Adam qui jetter
S'en firent à tout leur mesnage ;
Pour ce vient en terre habiter
Le fils Dieu, pour eux hériter ,
Où il souffrit de mort la rage.
Mort très-angoisseuse et sans feinte ,
Mort très -douloureuse et pou plainte,
Mort nette de mortel desserte ,
Mort très-glorieuse et très-saincte,
De vie et de victoire enceinte,
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DI JEAN DE MEUNG. ï$
Où Déité estoit couverte,
Mort dure doulcement soufferte ,
Puissance est à son gré offerte ,
Souveraine beaulté estainte ,
Fort couverture descouverte,
Forteresse en cinq lieux ouverte ,
Pitié de toutes parts emprainte.
Très-doulx Dieu, qui peut dignement
Parler de ce saint sacrement
Où tout lj autre ont vertu prise ,
Où cil qui est Dieu proprement,
Sans fin et sans commencement f
S'obligea pour mettre à justice ,
Et qui pour nous si pou se prise,.
Qui la mort maistrise et justise ,
Par effect de faulx jugement ,
Qui termine arbitrage et mise,
Qui paje la paine commise
Du trespassé commandement ?
Adam par grant impacîence,
Et par fol inobédience f
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LE TESTAMENT (v.
Mordit le mors qui mort engendre;
Pource vient par obédience
La vertu et la sapience
De Dieu chair en la vierge prendre ,
Puis se souffrit trahir et vendre,
Batre , lyer , clouer et pendre,
Pour haster vostre expedience ,
Son doulx costé ouvrir et fendre ,
Sa glorieuse amè à Dieu rendre
En souveraine patience.
Par tout souffrir pour nous saulver,
Forment fut pour nous mener
Aux délictz qui sont sans essoine ,
Où nul ne povoit assener
Sans luy , qui se laissa pener
Pour nous oster hors de la paine
Qui à mort pardurable mairie,
Par tout fut trouvé sa brojne ,
Par noz ennemis refréner ,
N'y ot emplastre de cyroyne ,
Ne n'y ot nerfz , ne oz ne vaine ,
A estendre n'à estrener.
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t*.^.), DE JEAN DI MEUNG» 17
Tous ses membres jusques au feste,
Pieds et mains, bras , costé et teste ,
Furent tous de sang arrousé ,
Pour laver sa gent et sa geste ,
Qui par leur coulpe manifeste
Estoyent par tout si housé,
Et si ort et si embousé ,
Que se le sang dont dit vous é
Ne fust jamais sainct n'eust esté >
N'aux nopces du saint espousé
N'entrast homme , rez ne touzé ,
Pour prière ne pour requestei
Pour Dieu , or ne vous soit paresse
D'assavourer com grant aspresse
Dieu souffrit en sa passion ;
Car qui au voir dire s'adresse ,
Sa doulceur et sa grant destresse
Fut sur toute estimation ,
Pour sa noble complexion >
Qui soustint ceste affliction ;
Et pour plus fort causeant ce ,
Ce fut l'amoureuse union •
4. B
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1.8 LE TESTAMENT (ft3$9.f
Dont la mort fist division ,
Au meilleur point de sa jeunesse.
S'ame de son sainct corps partir,
Luj fist un tant greigneur martir,
Quant Famé plus le corps ayma ;
Mais ceste amour fut sans mentir
Plus grant que cueur ne peut sentir ;
Car saint Esperit l'enflamma ,
Et l'embrasa fort et flamma
Du doulx feu qui doulce flamme a ,
Qui fait amer sans repentir 9
Qui si s'y joignit et ferma ,
Qui déité y afferma ,
Pour tout saulver et garentir.
Glorieux corps , glorieuse ame ,
Conçeu de Dieu , ne de femme ,
En humanité honorant
Dieu se texit en ceste lame ,
Rotée en croix comme une game,
Du précieux sang decurant,
Qui amortit mort en mourant, '
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^ DE JEA» DÉ MEDNG. • 19
Qui auxentit plours en plourant,
Qui nous délivra de la flame
Et du feu d'enfer demourant ,
En homme et femme secourant,
Pour ame serve faire Dame.
Dieu , qui vous meist en ce vouloir
Pour quel cause offristes vous loir
De paradis à mort pour homme ?
Qui vous mist à vous tant douloir,
Pour voz ennemis desdouloir ?
Qui vous mist à porter leur somme ?
Par les glorieux saintz de Romme,
Vous ne mangastes pas les pomme,
Ne leur en donnastes vouloir :
Du mangier si me merveil comme
Nul qui soit, ose c'est la somme,
Riens qui vous vueille desvouloir.
S'aulcun pour ses enfans endure
Aulcune maie grant advanture,
Ou les amis pour les amis ,
Lojaulté et droit de nature
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20 LE TESTAMENT
Font et soignent ceste cousture,
Par les poins que Dieu j a mis ;
Mais de son gré cil c'est soubzmis
D'acomplir ce qu'il a promis,
A mourir à si grant laideure ,
Et prier pour ses ennemis
Que leur méfiait leur soit remis,
C'est rage d'amour sans mesure.
Nul ne s'en peut amesurer
A parfaictement mesurer
L'amour Jesu -Christ et la mort ;
Nul ne les peut si grans jurer,
Qui s'en peut de riens parjurer ,
Tant en juge qu'à mort la mort,
Qui d'amour endure la mort ;
Car la pomme et cil qui la mort,
Qui bien le sçait conjecturer ,
Firent tant que cil contre mort,
Que conscience ne remort
De mort souffrir pour mort curer.
S'amour fut si caritative,
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tt.ja.) DE JEAN DE M E U N G, 2*
Et sa mort si amerative,
Que nul engin ne peut atteindre f
Àins convient que cueur se cqytive ;
Car les mies yssent de rive ,
Qui trop veult les croustes estraindre ;
Mais qui veult grappe a droit espraindre,
La bonté du vin en est graindre ,
Et plus vertueuse et plus vive:
Pour ce voult Dieu au meilleur maindre ,
Pour nous donner exemple à fraindre ,
Et de laisser chose excessive.
Saint Pol qui sçeut si haultement ,
Enseigne à sçavoir sobrement,
Et non plus que sçavoir comment :
Assez sçait qui croit fermement r s
Et qui se régeist simplement,
Dieu qui tout peut et dont tout vient ,
Cueur peut tost errer laidement,
Qui parler en veult autrement ;
Quant de la mort Dieu me souvient ,
Une pensée me sourvient
Où je pense entendivement :
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22 LE TESTAMENT
C'est que tout bien de Dieu nous vient*
Povoirs et vouloirs et bontez,
Ces trois tout ung en Dieu compter 9
Créèrent tout nostre roison ;
Anges à Dieu plus hault monter,
Et donna à leurs neuf costez ,
Franc arbitre par livroison ;
Mais ly plus que par mesprison
Et par orgueilleuse achoison ,
Cheirent du tout ahonter ,
Et vuyderent le ciel; mais hom
Fut fait pour remplir leur maison
Qui chejt , puis fut remontez.
Ly ange par soj se déceupt ,
Pource n'eut- il et ne recôupt
Saulveur ne nul médiateur ;
Mais tantost contre homme conceupt
Par envye , car il perceut
Que Dieu l'eut fait de tel atour ,
Pour monter au ciel en sa tour ,
Avec son tfès-doulx Créateur*
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DE JE AN DE ME UN G. 23
Lors tempta homme , et homs le creut ;
Pouree ltiy donna curatouf
Dieu le pere qui cura tout,
Par arbre et que l'arbre l'acreut.
Helas l pourquoj tant meschey
A hom cp*i le desobej ,
A Dieu qui bel et bon loeset?
Car tantost en pechié chey ,
Quant Dieu l'eut fait et l'eut beney ,
: Ce fut de bien fait à tort fait ;
Car il mist en son vil coffret
La pomme que cil luj offret ,
Que Dieu avoit or jà malej :
Cy ont fort font et ont fort fait;
Caï le Fils Dieu pour ce fort fait,
Qu'il ne pécha mal en chey.
Hé ! coiilpe bien ftdvantureuse ,
Qui de la mort Dieu précieuse
Estre ravise desservis ,
Tu nous fuz trop contrarieuse,
Destraiguans et contagieuse ; • :i
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24 LE TESTAMENT Cv.^
Car tout le monde as asservis :
Tu feis serfz mors et feis serfit vifz ;
Dieu serujt , et tu desservis
De gloire et de vie joyeuse :
Dieu mesme de la mort servis ,
Qui à mort faulse le transmis
Par la fine mort vertueuse.
Ceste vertu par tout courut ,
Quant soy-mesmes ne secourut,
Fors ceulx qui le croyent et creurent ;
Car qui par foy n'y acobrut ,
Par mescheance vil mourut ,
Et -pires après qu'avant furent
Ceulx qui en ceste foy ne creurent ,
Et qui n'ont fait ce qu'ilz deurent :
Car puisque le Filz Dieu parut ,
En chair si bel fait et parurent ,
Parmy furent ceulx qui mescreurent ;
Car rayson adonc fort courut.
Fort courre est muer droicte voye ,
Et cil se mue trop et desvoye ,
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7-) DE JEAN DE METTNG. 2$
Et desvoya qui lors le veit ,
S'il ne le creut ; car il ravoye
Les desvoyés , et les convoyé
A la gloire qu'il leur promist ,
Où tous leurs souhetz assovist ,
Où nul n'entre qui se forvist,
Ne n'entrera qui se forvoye.
Cil qui tout gouverne et chevit,
Qui vray Dieu sans fin règne et vit ,
Nous doint que chascun là le voye !
La le verrons-nous , c'est le voire ,
Par bien ouvrer et par bien croire ;
Mais foy est la première porte
D'entrer en pardurable gloire ;
L'autre est bien ouvrer sans recroire:
Car foy sans bien ouvrer advorte ,
Foy sans bonnes œuvres est morte ,
L'une sans l'autre est voye torte ,
En ceste vie transitoire :
Quant Tune avecque l'autre porte f
Elle allège tout et réconforte #
Et oste enfer et purgatoire*
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26 LE TESTAMENT ul
Ces deux lieux sont faitz à punir
Tous ceulx qui faillent à venir ,
A ces biens souverains ensemble ,
Qui pevent blanchir et brunir
Tout homme , et garnir et munir
Paradis ou Dieu , ce me semble ,
Que nul s'U n'est net ne resemble
A une f les bons y assemble ,
Pour les sièges vuydes remplir; 1
Caï quant ennemys y dessemble ,
Il convient que Dieu y rassemble ,
Ains que ce siècle doje finir.
Tu qui m'os, lesyeulx du cueur euvres;
Car vraye foy est et bonnes œuvres
Feront ceste doulce assemblée ,
Et si par ce ne la recueuvres ,
Là<en vain t'excuses et œuvres ;
Car jà n'y sera acceptée
T'excusation , n'escoutée ;
Ain$ est t'ame et ta chair boutée
En enfer,, aux lict aux couleuvres ,
Qui peut cy estre recouvrée ,
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, DE JEAN DE MEUNG. 2j
Et garaijtye et délivrée ,
Se tu as foy et bien tu œuvres.
Vray foy , espérance et amours ,
En homme et femme qui amours
Sont les trojs vertus de salu ,
Dédiées de deux coulours ,
Qui décoururent de doulours
Du costé Dieu à grant palu ,
Qui cje la chartre Tantalu f
Et de la maison Dedalu
Nous mist hors , où tant a de tous :
Se plus ne nous en eust valu
Qu'il ne nous a de luy chalu ,
Là fust de nous tous ly retours.
Là retourner nous convenoit
Par force , quant homs ne tenoit
De quoy suffisamment payer f
Se ly doulx Filz Dieu ne prenoit
Chair d'homme , cil ne la prenoit
Pour homme à son pere apayer;
Pource se laissa - i 1 player ê
i
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2S LE TESTAMENT (
De son précieux sang rayer ,
Car force d amour le menoit;
Bel fut nez qui sans délayer ,
Voult en cueur souvent essayer ,
Que son corps en croix soustenoit.
Toutes vertus parfaictemenfr,
Comme en leur propre fondement 9
Sont en luy qui veult dire voyr;
Pour ce ama-il plus vivement,
Et souffrit plus sensiblement,
Quant vint à la mort recevoir;
Car chascun peut apparcevoir
Qu'il fist pour chascun son devoir f
Qui povoit avoir sonnement :
C'est ce qui me fait concevoir
Que s'amour fut , sans décevoir,
Sur tout humain entendement.
Veoir povez en la saincte croix,
Se de penser tu n'y recroix ,
De sa grant amour le mystère ;
Car se tu en t'ame m'accroix ,
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DE JEAN DE ME UN G. 2$
Ou tes propres yeulx ne mescroix,
Il tend ses bras hault à son pere ,
Son chief au peuple et à sa mere ,
Esquelz le fruict de sa prière
Descent aussi comme une escroix ,
Qui fendit la dure pierriere
Qui de bière et de mort amere
Ressourt maint mort à celle foys.
Les piedz pour nous aval descendent,
Et du long de la croix s'estendent
Vers terre , pour fructifier
A ceulx qui ce mystère entendent ,
Et sa doulce mercy actendent ,
Pour eulx ou luy se confier,
Pour leurs ames justifier,
Pour aymer et croire et fier,
Qui leur vie et leurs us despendent ,
Et luy doulcement mercier,
En luy très -humblement prier
Que leurs cueurs o luy en croix pendent
Çueur qui en ceste croix se pent ,
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Sa LE TESTAMENT t,
Dont nostre saulvement despent,
Ne peut ne ne doit riens doubter,
Qui des maulx passez se repent,
Et aux maulx presens se souspent,
Que ne luj puissent point grever
Au salut de s'ame eschiver ,
Seur se peut couchier et lever
Qui son temps en tel us despent;
Car toutes boces peut crever,
Et son cueur jusqu'au vif câver ,
Pour garir tout maulx de serpent.
Toute morsure venimeuse
Garist celle croix précieuse ,
En cueur qui la sçet aguisier :
Elle est et riche et très -heureuse,
Elle est en tous biens planctureuse ,
Si qu'on ne la peut espuisier ,
Tant y peut-on prendre et puisier :
Ce n'est pas puis huj , ne puis hier,
Que croix est et fut vertueuse ;
Nul ver ne la puist pertuisier,
Ne son vernis vermenuisier ,
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t) DE JEAN DE MEUNG. 31
Car elle est de tous vers tueuse.
Croix fut du sang Dieu vernisée,
DQiit une goutte où qu'elle chée
Pourroit nul monde rachapter :
Croix fut par grâce pourchassée 9
Croix fut avec Dieu clofichée,
A qui nulz ne peut contrester :
Croix acquitte sans endebter,
Croix aïde sans barater ;
Et quant elle est en cueur fichée ,
Diable n y peut jvrqye gecter f
Ne giboer , ne fureter ,
Car croix ne peut èstre enforcée.
Croix a fort cueur et dure escorce ,
Croix ne doubte cisel ne force,
Ne diable , ne chair , ne le monde ;
Les fors frappe , froisse et defforce ,
Les foibles conforte et enfonde ;
Car tput effort en croix se fonde :
Croix est la pierriere et la fonde
Qui tout encravante et affonde ;
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32 LE TESTAMENT
Car le sang Dieu luj donne force ,
Longue , lée , haulte et profonde
. En tous lieux et de tous biens bonde;
Car diable ne craint riens force ce.
Croix ne peut mye estre defFuyte,
Car elle est du sang Dieu confite ;
Et qui ce sçait et regehist,
Avec Dieu en sa croiz habite :
Croix fut jadis vieulx ét despite,
Ains que le Filz Dieu ne s'y mist ;
Car qui adoncques se meffit,
Croix de double mort si loccist ,
L'une et l'autre honteuse et triste :
Le corps du bon larron mort prist,
Et l'ame jamais Dieu ne vist ,
Car nul bien n'avoit lors mérite.
Riens quant à pardurable gloire ,
N'estoit devant croix méritoire ;
Mais ceste croix dont je vous dj,
Nous ediffia purgatoire ,
Qui rend paine consolatoire
s
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D DE JEAN DE MED N G. 33
A ceulx dont on chante au lundy ;
Car le Filz Dieu qui y pendjr ,
Pour son sang qui y espandy ,
Qui avoit vertu rédemptoire,
Tant y hurta et contendy.
Que la vie nous y rendy
Par mort qui eut de mort victoire.
A mort de toutes mors non paire,
Et à qui nul ne se compère,
Sans qui nul n'est sauf ne sera ,
N'oncques ne fut; quant ly saint pere
Veirent et creurent ce mystère,
Ta vertu qui mort enfer a,
Qui ce croit, ou creut, qu croira ,
Et pas ne se démentira ,
Ja ne mourra de mort amere;
Car ta vertu le saulvera ,
Qui povoir de tout saulver a :
Tu nous es fille , dame et mere.
Fille humble , dame prouffitable ,
Mere advenant et amyable,
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34 LE TESTAMENT (,.«„.)
Amour et àmye amoureuse.
Grâce aggreant et aggréable,
Pitié , piteuse et piteable,
Qui descendit victorieuse
Jusqu'en la charte ténébreuse ,
Où la lumière glorieuse
S'espandit, et se fist voyable
A ceulx qui vie langoureuse
Menèrent en vie joyeuse ,
Quant lors tu triumphas du diable.
O com joyeuse descenduë ,
Par qui lumière fut renduë
A ceulx qu'en ténèbres estoyent ,
Moult leur en fut grant joye creuë ,
Quant cil qui souffrit à leur veuë ,
Que si ardamment desirovent »
Et qui prophetisié avojent,
Et sa descenduë attendovent
Deux mille ans devant sa venuë ;
Et croy que mains si luy disoyent :
O très-doulx saulveur ! nozyeulx voj'ent
Nostre prophecie advenuë.
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lY.TM.) D? JEAN DE M EU NO. %
Àdonc David , Ysaïes ,
Ne teurent pas leurs prophecies,
Qui parlement de cest endroit ;
Ezechiel et leremyes ,
Et saint Jean et saint Zacharies,
Qui bien sçavoyent qu'il viendrait.
Et qu'à eulx saulver entendrait,
S escrierent lors orendroit :
Sont noz paroles avérîes ;
Il nous promist que chair prendrait,
Et que de nous luj souviendrait ;
Ses promesses sont acomplies.
Qui veult escrire, dire et lire ,
Et les motz peser et eslire
Dont ce présent article traicte,
Il verra , se bien les remire ,
Que trop de beaulx motz peurent dire
Lj patriarche et ly propheste ,
Quant virent la clarté parfàicte
Que sainte trinité a faicte ,
En quoj tout paradis se mire ,
Dont toute clarté est extraicte ;
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3$ LE TESTAMENT (v.uxy
Car nulle autre clarté que ceste,
Ne peut à si grant fait souffire.
O^aincte ame déifiée,
Qui hors ta chair crucifiée
Tantost en enfer descendiz,
Doit à ta grant mortifiée ,
Qui par toj fut vivifiée ,
Quant ceste clarté leur rendiz ,
A eulx délivrer entend iz , ,
Pour grâce avoir et paradiz ;
Si la feis par toute fiée,
Habiter à toj ung tendiz,
Jusqu'à tant que tu ascendiz
A la clarté glorifiée.
Trop fut grant ta compassion
Souffrir pour les tiens passion,
Et puis eulx tantost visiter ,
Et donner consolation
De toute tribulation ,
De coulpes et paines quitter,
Et du limbe d enfer gecter,
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DE JEAN I>E MEUNG. 3jT
Et en eulx par gloire habiter,
Et au jour de l'ascension
Monter ès cieulx sans respiter,
Et de faire les hériter
En ta joyeuse mansion.
Or avez des articles quatre ,
Qu'il convient crojre sans débatre,
Sans errer et sans forvoire :
Huy mais me vueil au quint embatre ;
Car plus bel ne me puis esbatre ,
Ne mes rimes mieulx employer ,
Qu'en parler et en rimojer
De mon glorieux souldojer ,
Qui a ses coustz se vint combatre ,
Pour moj en terre guerroyer
Mes ennemis et fouldroyer,
Pour leur très-grant orgueil abatre.
Le quint est qu'il ressuscita,
Et quarante jours habita
En terre avecques ses esleuz y
Et plusieurs fois les visita,
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38 LI TÉSTAMÊNT (t.t«W
Les receupt et administra ;
Car si pas il ne les eust veuz ,
Et visitez et puis repeuz ,
Moins il en auroit esté creuz;
Mais tant de biens leur recita ,
Que chascun d'eulx si fut esmeuz ,
Et que de tous fut recongneuz
Par grâce qui les excita.
En ceste saincte quarantaine
Apparut , c'est chose certaine,
Ly doulx filz Dieu visiblement
A sa mere et à Magdelaine,
A saint Piere qui la sepmaine
Devant lot renié nicement ;
Mais pour ce que du niement
Ne versast en desperement ,
Vint à luy pitié souveraine,
Qui souffrit son tresbuchement ,
Pour ce qu'après plus humblement
Se portast vers nature humaine.
Se Dieu qui à tout scet pourveoir,
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;J DE JEAN DE MEUNG, 39
N'eust mye laissé cestuj cheoir
Sy grandement comme il chëy,
Il cui Dieu donna son povoir
En terre , et qui se devoit seoir
Plus hault qu'onc homme n'eut sey ,
Si comme Dieu mesmes gehy ,
Eust tant tous les pécheurs hajf
Qu'à paine les daignast-il veoir,
Ainsi fussions mors et trahy ;
Si qu'en ce qu'il luj meschey,
A restrainct Dieu nostre mescheoir.
Ainsi apparut à saint Pere
Jesu- Christ le fîlz Dieu le pere
Après sa résurrection,
Laquelle il nous monstra si clere,
Que tout disciple et tout ly frère
Orent celle opération ,
Cilz en pérégrination ,
Quant il Est du pain fraction ;
Et Ij frère en mainte manière ,
En mer , en terre , en mansion ,
Orent de luy cognition,
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40 LE TESTAMENT (v
Par deux foys que leur hujs clos yere.
Fors et ens souvent les voiojent
Ceulx qu'il aimoit et qui ramojent ;
Mais Magdalaine fut première
Qui le dist à cent qui estoyent
Repostz , pour ce qu'ilz se doubtoyent
Des félons juifs plains de crisme.
C'est celle-là qui à Dieu meisme
Dist : Se tu Tas osté , dis -me
Où tu Tas mis ; et luj rendojent
Ses yeulx de pleur et de lacrime ,
Et aussi le sien cueur haultisme ,
Pour veoir tout ce que desYoiojent.
O glorieuse pécheresse ,
Glorieuse repenteresse
Pardonnée parfaictement î
O glorieuse prescheresse ,
Glorieuse demonstreresse !
Ce très -saint ressuscitement
Que tu veis tout premièrement ,
Se saincte escripture ne ment %
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DE JEAN DE MEUN6.
Laquelle n'est pas menteresse,
Tu l'amas de cueur fermement ,
Et le queis moult soigneusement,
Tant que tu en fus trouveresse.
Tu persévéras en querant ,
Et tu queis en persévérant ,
Sans toj cesser ne sans retraire ;
Tu desiras en espérant ,
Tu espéras en désirant,
Ce te fist raige d'amour faire,
Qui te faisoit crier et braire ,
Et tant soustenir de contraire ,
En plorant et en souspirant,
Que ton cueur ne povoit plus taire,
Si t'en desservis à attraire ,
La grâce de Dieu inspirant.
O fèmme moult hardie et seure,
Qui si comme contre nature
Demouras sans toj despartir,
Où ceulx que Dieu à eslecture,
Et créez et prins à sa cure,
42 LE TESTAMENT
N'osèrent à peine vertir ,
Qui l'eurent sans riens desmentir,
Par Sur , par Sidoine , par Tyr f
Gouverné en sa norricture,
Lesquelz n'osèrent sans mentir
Adonc o lui estre martir ,
Ains guerpirent sa sépulture.
Toute seule illec te seulas ;
Si ne vueii-je pas estre las
De tes<£uvres magnifier :
Par mains péchiez te violas ;
Mais de coulpe en grâce volas ,
Quant Dieu te voult faire veiller ,
Et repentir et travailler ,
Et tes sains orins esparpiller
Sur ses piedz que tu accolas ,
Et les baisier et les mouller
De tes larmes , dont feis courrier
Diables que tu lors afolas.
Quant pechié t eut desordonnée * •
Tu fus adonc si deffrenée ,
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cr.tfi.l DE JEAN DE MIUKG, 43
Que fraing ne règne ne tenis ;
Mais bien quant Dieu t'eut reffrenée ,
Tu fus lors tout efîorcenée
De repentance où tu venis ,
Et tant icelle soubstenis ,
Que toute y vesquis et fenis 9
Et sans faillir heure ne journée ,
De tous péchiez lors te tenis f
En toutes vertus maintenis ,
Tant que toute fus pardonnée.
Ainsi Jesu -Christ te munda ,
Qui par toy monstré au monde a
Nul ne nulle ne desespoire ;
Car s'en toy pechié habonda ,
Si grant grâce s'y abonda ,
Que blanche fuz qui estois noire :
Tu feis icy ton purgatoire ;
Car ton charbon devint y voire f
Par Dieu qui si te féconda
D'amer , d'espérer et de croire ,
Que la greigneure es en sa gloire ,
Fors celle où tout bien se fonda*
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44 E TESTAMENT Cr.ft*>
Celle est de si grande grandesse ,
Qu'autre grandeur ne s jr adresse
En ciel , en terre , nj autre part ;
Toute autre grandeur est mendresse
Vers la sienne , fors la haultesse
De son Fût , qui tonne et espart :
Cil n'a pas grandeur de poupart,
Ains Ta si grant , qu'il en départ
A sa Mere à si grant largesse ,
Que cil la redonne et départ ,
Si qu'elle s'espant et espart
Par tout , ne point ne s'en estresse*
•
Cette dame s'elle et non autre
A grâce , et grandeur sans deffaulte ;
Car elle l'a selon la lectre
Longue, lée, prafonde et haulte ;
Car son Filz qui a droit l'a haulte»
Et de ses vertus en luj mectre ,
Et par lijy grâce à nous.promectre,
Et soj-mesmes à luj soubzmectre,
La fist si trefferme et si caute ,
Qu'oncques ne se peut entremectrei
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1,435., DE JEAN DE M E U N G.
Pechié de riens en luj mal mectre ,
Ne ne luj peut donner assault
4$
0 Vierge sur toutes esleuë ,
Et de toutes vertus pourveuë,
Voir est que saint Pierre et Marie
Magdelaine en eurent la veuë
Et de ton saint filz et de la sceuë ,
Tantost qui vient de mort à vie :
Toi qui fuz sa greigneur amie,
Et de sa mort plus amortie ,
Et de son glaive au cueur feruë ,
Deusse estre , je n'en doubte mje 9
De luj la première esjouye ,
Trestouts'en soit l'histoire teuë.
S'amour et foj et espérance
Peurent plus tost donner monstrance
De ton filz à homme ou à femme ,
Tu en as euz telle habondance,
Et de s'amour si grant grevance,
Que son glaive te persa l'ame :
Amour qui tout art et enflame ,
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46 LE TESTAMENT ,
Qui en tqy ardoit à grant flame,
Fist tout muer par violence ,
Quant celle qui est mere et dame,
Fille et ancelle et clere game,
, Te visita sans demeurance.
Je ne sçai se je djr que nices ;
Mais puisqu'en toy ne régna vices,
Ne grant ne petit nullement,
Et que Dieu t'enclost en ces lises »
Qui sçeut et voult estre propices
Aux plus parfais parfaitement ;
Je djr f sauf meilleur jugement,
Que de son ressuscitement
Glorieux en euz les prémices :
Non pour tant s'il fut autrement ;
Dieu le peut faire oultréément ,
Car tout povoir est ses offices.
Je ne me vueil pas encores taire ,
Pour chose qu'on m'oje retraire ,
De toj tres-doulce Magdelaine ;
Car tu fuz de si bonne affaire ,
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m.} DE JEAN DE ME UN G. 47
Que le Filz Dieu voult de toy faire
Sa propre et privée hostelaine :
Tu fiiz une grant chas tel lai ne , .
Gente et donnante et non villaine ,
Où il prist souvent son repaire :
Tousjqurs luy fuz doulce et humaine ,
Toy et Marthe ta seur germaine ;
Car qui de vous est souëf flaire.
Tousjours et vif èt mort l'amastes f
Et en s'amour perseverastes ,
Tant com l'une et l'autre fut vive;
Car vif très -souvent le herbergastes ,
Et par bonne exemple monstrastes
Vie bonne et mémorative ;
Car Marthe mena vie active ,
Et Marie contemplative ,
Dont tout le monde enluminastes ;
L'une fut vie positive ,
Et l'autre fut supperlative :
Dieu vivant celle vie menastes.
O quant très -glorieuse vie,
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48 LÉ TESTAMENT (r.^
Quant cil qui tout peut et maistrie,
Voult esprouver pour nécessaire ,
Ne pour quant il ne blasma mie
La vie de Marthe sa mie ;
Mais il lui donna exemplaire
D'autrement vivrç, et de bien plaire
A Dieu et plut de bien à faire :
Pour ce conclut -il que Marie
Qui estoit à ses piedz sans braire,
Et pensoit d'entendre et de taire,
Esleut la plus saine partie.
La meilleur partie esleut-elle ,
Et la plus saine et la plus belle ,
Qui jà ne luy sera ostée ;
Car par vérité se fut celle
Qui fut tous jours fresche et nouvelle,
D'ajmer Dieu et d'en estre ajmée;
Car jusqu'au cueur fut entamée,
Et si ardamment enflamée ,
Que tousjours ardoit Testincelle ;
Par quoj elle fut visitée ,
Et de Dieu premier confortée ;
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0 DE JEAN DE MEUNG.
Car charité est trop jrsnelle,
Après sa résurrection,
Et sa manifestation ,
Plusieurs fojs en mains argumens
Voult le Dieu de création ,
Pour greigneur confirmation.
Monter sur les quatre élémens , >
Dont il estoit commencement,
Et mojens et deffinement,
Et la juste probation
Des cueurs, et vray entendement
A qui cil ressuscitement
Estojent en dubitation.
Quant Dieu prist nostre humanité
En indivisibilité ,
Et se voult ès cieulx revertir ,
Dont vint nui par humanité
Vestir nostre fragilité
Pour tous les pécheurs convertir 9
Conforter te voult au partir,
Et leur dist de celle partir,
4. m
So li testament: (t.104.|
Dont je vins ayez charité ;
Car je vous vueil bien advertir,
Que nul ne pourra là vertir
Sans l'esperit de vérité.
Ce paraclist, cest esperit,
En quel garde riens ne périt,
Qui a nom de consolatour,
Que mon pere coin moy chérit ,
Qui est amour qui tout merit ,
Vous envoyeray de la tour
Du ciel , où j'ay fait mon atour :
Mestier est que je y retour;
Mais paix vous l'aist qui tout guarist,
Dont nul autre n'est curatour,
Tant com vous estes viatour,
N'est paix qui mieulx vous asseurist
Adoncques ses mains esleva ,
Et les seigne , et ès cieulx monta
En la recepte d'une nuë
Qui de terre le soubleva ,
Et tant de leurs yeulx s'obscura ,
Dibitized by^ji
DE JEAN DE MlUNU
Que tost en perdirent la veuë;
Mais très - bien virent à la nuë ,
Dieu à blanche robe vestuë 9
Disant : Véez comme ce va ;
Celle allée, celle venuë,
Celle verrez apperte et nuë>
Quant <le monde juger vouldra.
Ainsi monta selon l'histoire >
Trestoute vraye et toute vojre>
Ly doulx Filz Dieu à son saint pere »
En celle honneur , en celle gloire ,
Et ainsi parfaite victoire ;
Qu'il n'est jamais jour qu'il n'jr perfe;
Car il mena soubz sa baniere
Ceulx qui creurent à ce mystère ,
Dont sainete église fait mémoire
Et nous osta de la misère
Ou tout le monde lors mis pere »
Par exigence obligatoire,
Com eut grant exaltation,
Et à celle élévation , '
Digitized by
SX LE TESTAMENT' (T.lo83
Par tout le ciel destre et senestre •
Car qui a inspiration
De sainte méditation ,
Nul tel' joye ne peut estre :
Les anges receurent leur maistre ,
Le Pere son Filz à sa dextre :
Gloire, honneur, jubilation,
Soit à la trinité celestre,
Si comme est, et tousjours doit estre
Sans fin et sans inition !
D'illec en avant, ce me semble,
Se tindrent lj disciple ensemble,
Plus qu'ilz n'avoyent fait devant ,
Tant que cil qui mieulx ne ressemble,
Tous en ung seul lieu les assemble »
A l'heure de tierce levant t
O le saint Esperit vivant ,
En langues de feu avivant,
Leur envoya à tous ensemble %
Qui leur alla de ce me vant ,
Tous langaiges ramentevant ,
Dont \y ungz Fautre ne ressemble.
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a.) DÏJEÀNDEMEUNG. 53
Pour ce tous langaige parloyent,
Que ces paroles vrayes soyent,
En toute terre jssit leur son,
Si par tout pour Dieu le preschoyent >
Et la foy evangelisoyent,
Riens ne leur grevoit l'achoison ,
Par tout faisaient leur maison ,
Plus ne peschoyent de poisson ;
Mais les gens qu'ilz convertissoyent ,
Par tout semoyent leurs leçons,
Par leurs œuvres , par leurs sermons 9
A ceulx qui saulver se vouloyent.
Si hastif et si habondansf
Vint sur eulx et si fecondans
Ly saint Esperit à celle heure ,
Qu'après y parut par moult d'ànSj
Et encores est -il redondans ,
En chascun s'en luy ne demeure;
Car quant aucun se plaint et pleure,
Et prye que Dieu le sequeure,
Cil saint Esperit tout mondans ,
Par tout ou il veult si labeure.
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$4 LE TESTAMENT (Ttili
Or portons en paix sa demeure ;
Car Dieu nous en est responnans.
Esperit où il veult espire ,
Et sa voix ay ; mais ne sçay dire
Dont ce vient, ne quel part elle aille >
Dont on ne doit nulluy dispire ;
Car souvent fait meilleur du pire ,
Ainsi que par cy le me taille,
Paix , amour, sont de sa piétaille ,
, Qu'il mecte devant en sa bataille f
Pour les félons cueurs desconfire.
Adonc n'y remaint cueur, n'entraille,
Par où feu ou flambe ne saille ,
Par cest engin là sus nous tire.
Ainsi Saint Estienne y tira ,
Que cil Esperit expira $
Si qu'il en fut tout enflamés ;
Car qui la légende lira ,
Je crois , se n'est fol, qu'il dira ,
Amés voz ennemis, amés
Pour Dieu ; et si le reclamés
Digitized by
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^ DE JEAN DE ME UNO. $St
Doulcement , et si le sommés
Que quaçt de vous se partira »
L'ame de vous sqye plongés ,
Là au ciel qui tel est nommés 9
Pour tous par amour s'en ira.
Cil futplain de grâce et de force >
Car il mit le cueur et Tescorce
Pour Famé garder necte et munde ;
De la cité: fut traict à forte ,
Et à genoux ne pria , fors ce
Que Dieu pardoint sa mort au monde
Qui ainsi le froisse et esmonde ,
Et sonuÉsperit en Dieu fonde f
Tant que de son corps soit desvorce
Lame à qui donna si grant bonde ,
Charité qui en luy habonde ,
Que jusqu'au ciel monter Feffbrce.
Par ces armes au cièl monta ,
Par ces armes premiers dompta
Saint Estienne tous les tyrans ,
Par ces armes les surmonta ; * ;
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S6 LE TESTAMENT
Et desconfît et ahonta ,
Lj sains Esperis inspirans ,
De notre salut desirans ,
Au commun prouffit aspirans r
Qui le passage et le port a
Fait passer à tous expirans ,
Au pere et au filz souspirans f
Pourquoy povoir si adjousta,
O com glorieux champion !
Oncques meilleur n'eut champjon
Car bonté rendit pour bonté»
O glorieuse vision ,
Qui vit des cieulx Inspection*
Et le filz au pere monté f
Estant à son dextre costé,
Dont juifz furent si ahonté ,
Et mis à rédargution ;
Car Dieu lui a Jésus monstré ,
Dont ilz eurent tousjours doubté
S'il estoit Dieu ou fiction.
Cil fist la bataille première
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DE JEAN DE M EUN G. Sj
De Dieu qui estoit sa lumière >
Cil eut la première victoire ,
Cil est la première chaire ,
Cil ficha premier sa baniere
Devant le roy Jésus de gloire ;
Car il dreça son oratoire
Au point où nulz ne devoit croire
Que Ton fit pour autruj prière ,
Pour quoj son nom est en mémoire
En la joje consolatoire ,
Où toute obscurté rent lumière.
Ainsi cil sainct signe apparurent ,
Quant ce saint Esperit receurent
Ceulx à qui Dieu lavoit promis ;
Car adonc fermement le creurent,
Et seurement le ramenteurent
Par tout où il leur fut commis ,
A ennemis et à amis ;
Car le monde leur fut soubzmis 9
Et ses royaulx tesmoings j furent f
C'est que chascun tout y a mis ,
N'oncques ne furent jour remis ,
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SS LE TESTAMENT
Jusques à tant qu'ilz en moururent*
Non moururent, ains trespasserentj
Car de cette vie passèrent
A celle où l'en ne peut mourir,
Leurs bonnes euvres amassèrent,
Et devant Dieu les entassèrent ,
En espérance de florir ,
De triumpher , de seignourir ,
Tousjours pensèrent de courir ,
N'oncques ung jour ne se lassèrent :
Or ce les faisoit rangourir ,
Qui ne faisoit qu'alangourir
Ceulx qui au monde se plungerent. 1
1>op parest vuide et trop est vaine •
La chétive vie mondaine ;
N'y a fors que travail et luicte,
N'y a fors que paour et paine ;
De toutes misères est plaine : x
C'çst l'ombraige qui tout desvite,
C'est le temps qui toujours annuité ,
C'esjt l'arbre qui tost se deflrujcte , -
Digitized by
f*a».>- DE JEAN DE MEUNG. S(£
C'est ly espy qui point ne graine ;
Chose sodoirant et soubz duycte,
De grever tous ses ames duycte,
Et à les prouchains moult viilaine.
Pource que jà le monde est vieulx f \
Vint de son ciçl entre nous dieux ,
Aussi comme en païs de guerre ;
Mais pource que fut en grieux
Des sarrazins et des ebrieux,
Vint le saint Esperit en terre ,
Pour la vie périe querre ;
Car quanque le Filz voult requerre,
Luy donna le pere <les cieulx ,
C'est luy qui euvre et riens ne serre ,
Et qui clost et nul ne desserre,
Qui fist que son filz fut mortieulx. ï
C'eçt cil qui oncques ne laissa
Ce qui est , et ne s'abaissa >
A estre ce qui n'estoit mye,
Qui tant par grâce s'appressa
De nous , qu'en luy nous annexa ,
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60 LE TESTAMENT (f.l2&4
Sans jamais faire départie :
Dieu est homs , c'est grant courtoysie ,
La greigneur qui puisse estre ouje ;
Quant lj Dieu homme se exposa ,
Se ce ne fust que chascun crye,
Que qui plus vault plus s'humilie ,
Je deïsse qu'il excessa.
Non pourtant , bien puis dire et ose-,
Et je le croj et le suppose ,
Que Dieu, qui est bon par essence ,
En qui trestous biens se repose ,
Dont bien monstrer le sçaj sans glose,
Toutes vertus par excellence,
Humilité et pacience ,
Charité et obédience ;
Car il n'eut oncques la main close ,
Puisque sa doulce pacience
Prist sur soy nostre mescheance ,
Qui fut trop merveilleuse chose.
Merveilleuse à humanité,
Non merveilleuse à déité ,
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<*U7M *>E JEAN DE MEUNG, 6t
A qui toute chose est possible:
De néant fist réalité,
Et d'anges mutabilité ;
Car riens ne luj est impossible.
La déité est invisible f
Permanant en luj et visible ;
Vertueuse et infinité ,
Et vertant toute riens vertible ,
De toute grâce convertible
A humaine fragilité.
Ceste bonté fut si intense ,
Si communal et si extense,
Par le monde generalment ,
Qu'il n'est nul qui profont y pense*
Qui peut d'une mortel offense
Satisfaire especialment ,
De soy acquicter loyaulment
Vers celluj qui si royaulment
Fist faire par tout sa deffense ,
Que nul ne pèche mortelment:
Je les y prens tous égaument ;
Il n'est nul qui le récompense*
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62 LE TESTAMENT
Ne nous n'aurions de quoy ce faire ,
Se n'estoit sa très -débonnaire
Et très-doulce miséricorde,
Qui luy fist accepter et plaire
Noz œuvres de petit affaire,
Dont nous venons à sa concorde
Par ce travail : par celle corde
Nous attrait à soy et accorde ,
Cil qui doulceur nul ne doit taire ;
Car qui bien sa vie recordje,
Il la trouve par tout si orde ,
Qu'il n 9y a de quoy satisfaire.
Dont est droit que nous doyons dire f
Que de toy , doulx Jesu- Christ , sire,
Vint ce de quoy nous te plaisons ;
Mais pource que le cueur me tyre
A parler d'une autre matire,
Est- il bien désormais saisons
Que de ceste-cy nous taisons ,
Et que nous mencion cy faisons
Du septiesme article plain d'ire ,
Dont tout pécheur et maulyais homs
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<T.i3t*> I>3 JEAN DE MEUNG. 63
Parmy autre dix gamboisons,
Doit trembler et perdre le rire. »'
Cest article , qui est derrains >
Si doit estre ly premerains ;
En cueur d'homs et de saige femme ;
Car quant homs pense qu'il n'est riens
Fors porriture et vieulx merriens,
Et qu'il luy convient ce passaige
Passer et payer son truage ,
IJt qu'il aura aufeur l'empleige ,
Et trop plus de maux que de biens ,
Cueur qui la fin de ce dommaige
N'a tousjours devant son visaige,
Est presqu'ensevely en liens.
En fîens de parfaicte ignorance
Est ensevelj sans doubtance
Cueur qui par tout se sent pécheur:
Est en vieillesse et en enfance f
Est à doubter de ville dance;
Ne sçaj comment il est asseur,
Et qu'ose vivre sans peur» >
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64 LE TESTAMENT (f#ll4ô#1
Car il sent son accusateur,
Qui tout poise à juste balance;
Et si se sent courant moureur
Par force , et puis mourant coureur ,
Car mort de toutes parts la lance.
Mort , vieulx et jeunes , nous court seure ;
Mort nous prent , nous ne gardons l'heure;
Mort nous est de nécessité ;
N'est nul qui à la mort ne queure*
Ne qui nullement y sequeure ;
Car le juge de vérité ,
Purger veult nostre iniquité ,
Par la balance d'équité ,
Qui au val de la chantepleure
Nous boute en grant adversité ,
Sans fin à perpétuité ,
Et y persévère et demeure
Jesu-Christ, le Filz Dieu le Pere ,
Mourut pour nous , c'est chose clere f
Et au tiers jour ressuscita ;
Si convient par certain mystère,
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t*.U6t.) Ï>É JEAN DE MEUNG.
Que sa résurrection paire
En ceulx où sa grâce habita ;
Car mort pour mort desconfit a
De ce que noz parens gecta
De povreté et de misère,
De quoy sa mort nous acquita:
Qui bien croit , saint Esperit a.
Et en tous temps y persévère.
Pense donc cnascun qu'il mourra,
Et que mort fouir ne pourra ,
Et ne sçet quant , ne de quel mort,
Et que Dieu juger le viendra,
Ne riens de luy destournera;
Car nulz sur son povoir ne mort*
Ne par appel, ne par ressort ,
Ne n'y faveur , ne n'y déport ,
Car sans fin en enfer plourra ;
Qui aura bien fait , si le port ;
Et qui mal , tiengne soy par mort,
Car sa roe tout droit tournera.
Les chétifz pécheurs que feront ,
Quant tous les anges trembleront,
4. E
66
LE TESTAMENT
(f.iife.)
Et les archanges précieux ,
Et les busines corneront ,
Qui la venuë annonceront
Du très-doulx Filz gracieulx,
Qui se monstrera si crueulx
Et si très -petit gracieulx
A ceulx qui en pechié seront,
Que le feu d'enfer sur jceulx
Courra fouldrojant parmy eulx ,
Ne jamais mieulx n'espéreront ?
Las ! où est cil qui actendra
Quant Dieu au jugement viendra?
Car pure vérité s'accorde ,
Que quant son jugement tiendra ,
Tous ët toutes nous reprendra
Du deffault de miséricorde,
Qu'il nous réprouvera par ordre ,
Si comme l'évangile recorde,
Et bons et maulvais jugera,
Ne n'est qui à ses motz remorde ,
Ne qui son accord ne desaccorde ;
Car riens fors droit ne maintiendra.
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fWijot.) DE JEAN DE MEUNG. 6j\
ï*remierement, de ce me vant ,
Mettra les bons au front devant ,
Et ly dira : Mes très-doulx frère ,
Mes très-doulx filz > venez avant ,
Et parcevez doresnavant .
Le rojaume mon très*- doulx pere ;
Car bien est que Famour se pere ,
Que vous et moj en ma misère
Monstrates aux miens recevant :
Or entrez en la joye clere
À qui nulle se compère ,
En tous voz désirs achevant.
J'ai eu fain , et vous me saoulastes J
Et si euz soif ■> vous m'abeuvastes ;
Hoste fuz , vous me recueillistes ;
Nu fuz , à vestir me donnastes ,
Et enferme me visitastes ;
En chartre , fuz à moi venistes ;
Toutes les fois que vous me veistes ,
A mechief vous me pourveistes ,
Et du vostre m'administrâtes ;
Quant qu'en ces miens povres vous meistes ,
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68 LE TESTAMENT (?.1<I7.,
Lors à moi-mesmes vous le feistes •
Or cueilliez ce que vous semastes.
Aux maulvais dira par contraire :
Fuyez d'icy , gens députaire ;
Mal feustes-vous oncques conceu ;
Oncques donner ne vous put plaire ,
Ne des miens vous n'eustes que faire ;
Or si avez -vous assez eu :
En ma fain vous ne m'avez peu ,
N'en ma soif n'ay vostre vin beuf
Tant je sceusse crier ne braire :
Or vous crierez toujours , heu !
Sans jamais en estre receu ,
Et vous aurez tousjours à faire.
Mil ans seront et plus assez ,
Autant com le jour duy passez,
Et tousjours recommenceront ;
Ainsi est le temps compassez
Pour tousjours , c'est trop plus assez
Car adès le tormenteront
Çeulxqui de povoir ce faire ont.
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i., DE JEAN DE ME UN 6. 6g
Tousjours crieront et brairont :
Cest Testât de tous trespassez
Qui en pechié trépasseront,
Et qui aumosnes ne feront :
Mal fut tel avoir amassez*
Braire , erier , hurler , complaîndre ,
Et forsener , mal dire et plaindre ,
Est Ij usages des damnez ;
Car leur feu ne se peut ettaindre f
Ne mais leur tormenteurs refraindre ,
Qui les tiennent fort enchaînez.
Mal furent oncques d'Adam nez ;
Car leurs faitz les ont condamnez ,
Qui les font punyr et contraindre :
Or là sont si fort anhanez ,
Que cil qui moins y est penez ,
Cuyde avoir des moindre la graindre*
Cesté horreur, ceste merveille ,
Qui des autres est non pareille ,
Et qui du tout est véritable ,
Me corne si fort en Toreille ,
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LE TESTAMENT (v.i4«*>
Qu'il me semble quant je m'esveille >
Que j'oj Farchange espiritable »
La venuë Dieu excitable ,
Et la busine espoventable
Qui les morts suscite et esveille *
Et la venuë inévitable
De Dieu qui est si redoutable.
Haro : las i j'en voj cj la veille*
Dieu venra en grand poesté %
En sa très -puissant majesté ;
Tous le verrons , grans et menuz >
Percé en mains , piedz et costé;
Jà n'y auras mys ne osté :
Tous les signes sont advenuz ;
Nous sommes tous vieulx et chenus ,
De pure grâce soubstenus ,
Et n'avons jà grant temps esté %
De quanque Dieu a maintenus,
Ne fault qu'Antéchrist soit venuz ,
Par qui nous serons tempesté.
Estoilles , et soleil , et lune ,
Prisés en terre de gent commune ,
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DE JEAN DE MEUNG. Jl
Nous monstre par signe évident
La fin du monde ; car rancune ,
Fain et terre , qui tout esgrugne ,
Sont d'orient en occident ,
Terre mené par accident ,
Jà ne s'en ouvrissent my dent ;
Mais l'en revoit en terre aucune ,
Floes et sont de mer incidens
Es lieux où ilz sont presidens :
Ce peut veoir chascun et chascune.
Ceste chose n'est pas contreuve ,
Car Dieu mesmes si nous la preuve ,
Et saint Mathieu en s'evangile ;
Si est raison qu'on la recueuvre ,
Et que nui cueur ne s'en descueuvre ,
Ains croje fermement que qui le
Croit , com ces bonnes gens de ville *
Qui sont sans barat et sans guille ,
Et crojent quanque on leur remué ,
Mains en iront en ce concilie
Où l'en ne forge ne ne file ,
Où a tousjours joje continue.
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J2 LE TESTAMENT ,T>1
A celle joje doulce et tendre
Nous main' cil qui se laissa pendre
En la croix pour nous rachapter ,
Qui sa précieuse chair tendre
SoufFrist à lapider et pendre
Pour nous de la mort délivrer :
De s'amour nous vueille enyvrer ,
Si que nous puissions esohever
L'arsure d'enfer et la cendre ,
Et que nous puissions arriver
Aux biens de là sus sans priver,
Que cueur icy ne peut comprendre.
Des sept articles ajr parlé,
Par long , par travers et par lé :
Au mieulx ce sçait Dieu que je sçay »
Que tous seroyent mesalé ,
S'ilz n'estojent frit et salé
D'amour , d'espérance et de foj :
Avec ces sept y sont ey troy ,
Ainsi que je le tiens et croj ;
Qui en l'uDg fault , c'est mal allé :
Ces dix sont la chrestienne loi »
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t»UM.> ' DB JEAN DE MEUNG, 73
Ces dix sont «Tune mesme aloy f
Ces dix sont un escu paléw
Le corps de Tescu si est Dieux ,
Qui est palé de ces dix pieux ,
Lesquelz font naistre et baptisier ,
Mourir , descendre aux inferneulx ,
Ressusciter , monter ès cieulx ,
Jugier et croire sans noisier ,
Espérer avoir le loyer
De paradis , et Dieu prier
Qu'il lui plaise à nous faire tieulx $
Que nous puissions lui appayer ,
Et luy du dixiesme armoyer ,
Qui Ç3t amour espiritueulx.
Cest amour vraye et ordonnée ,
Qui charité est appellée ,
Est en Dieu qui du tout y maint ,
Et Dieu en luy d'ailleurs ne bée,
Vraye charité a bien née ,
Que Dieu ayme , il convient qu'il maint :
Ce sçait très* bien preud'homme maint.
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?4 LE TESTAMENT (f.lS5t)
Que charité seule remaint
Là sus en la saincte contrée :
Charité , ciel et terre attaint ;
Car elle est , ce dyent ly saint ,
Haulte , parfonde , longue et lée.
Selon la loy et ly prophète ,
Que qui a charité parfaicte ,
Il ayme Dieu sur toute rien ,
De cueur , de force et d'ame necte ;
Celuy devons -nous tous de debte
Comme soy-mesmes , son prochain,
Qu'on dit qui m'ayme , ayme mon chien :
De tel pierre et de tel merrien
Est ès cieulx nostre maison faicte ;
Car nulz ne peut dire , c'est mien ,
Fors ce qu il a mis en ce bien ;
Tout le remenant est retraicte.
Charité ne fiert , ne ne boute ;
Tout seuffre , tout vaint et escoute :
: Charité ne murmure point ,
Se je doint ma pécune toute ;
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^ DI JEAN DE MEUNGi f&
Sans charîté je n'y voy goutte ,
Riens ne me prouffite en ce point :
Qui vouldra donc bien faire à point ,
Charité tousjours o luy maint ,
Car c'est elle qui riens ne doubte :
Or prions Dieu qu'il la nous doint ,
Et que noz péchiez nous pardoint 9
Si que nous soyons de sa route.
Dame du ciel , dame de terre f
Dame qui tout clost et enserre ,
Sus et jus sans division ,
Car qui veult Dieu traicter et querre ,
Tu es le quadran et Pesquerre
De divine division ,
En toy fut saincte l'union ,
Où Dieu le pere avec ly hom
Furent appaisiez de leur guerre :
Se tu euz Dieu en ton giron ,
Tu as tout en possession ;
Nui sans toy ne peut Dieu acquerre.
Dame , qui oncques ne sentis
Pechié f ne ne le consentis ,
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7<S I» S TESTAMENT (f^}
Vierge , très -précieuse dame ,
Très -glorieuse , très - gentilz ,
Canques qui oncques ne mentiz ,
Belle et bonne de corps et d'ame ,
Sur toutes les benoistes femme ,
Tu es à droit nommée dame ;
Car chascun doit estre ententis
A toj louer à haulte game ,
Selon ce que Dieu les engame :
Qui ce fait , n'est pas apprentis.
Et pour ce , dame débonnaire ,
Que je me vueil cy du tout taire
De toj louer , et si ne puis
Toutes tes louanges retraire »
Te supply qu'il te vueille plaire
A prendre en gré ce que je puis ;
Car je croy vrajement que puis
Que mon cueur ne peut de toj puis
Sachier ce qu'il en vouldroit traire 9
Que les coppeaulx et les chapuis
Prendras en gré ce que j'én puis ;
Car ce te plaist qu'on en peut faire.
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Dfi JEAN DE MEUNG, 77
Epitaphe des Trespasses.
Dieu ait l'ame des trespassez !
Car des biens qu'ilz ont amassez ,
Dont ilz n'eurent oncques assez ,
Ont-ilz toute leur part eue ;
Et nous qui les amasserons ,
Si-tost que nous trespasserons ,
La part que cj nous en lerrons 9
Celle aurons -nous toute perdue.
Or vueil , pour vous mieulx conforter,
Les cueurs semondre et enhorter ,
Se riens vous en voulés porter :
Faictes voz fardeaulx maintenant ;
Voz corps , si comme vous devez ,
Vestez , chaulciez , mangiez , buvez ,
Et puis que riens n'en retenez ,
Donnez pour Dieu le demourant.
Car des biens que vous laisserez ,
Si-tost que vous trespasserez ,
Tant seulement emporterez
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LÉ TBSÏAMÊHt (?.tM,
De voz aumosnes le guerdon :
Or donnez donc si largement
Aux povres , que Dieu qui ne ment »
Vous en ottroye au jugement
De son saint Paradis le don»
Mais de ceulx qui povres se faignent*
Et de leurs mains ouvrer ne daignent »
Et tous en richesses se baignent,
Mendians et puissans de corps ,
De ceulx ne veuil-je pas entendre
Que Ton leur doye aumosne tendre ,
Sans les chastier et reprendre ;
Cest escript , et je le recors.
Et se rien donner ne vous laisse
Povreté , que si vous abaisse
Qu'elle vous maint com chien en lesse *
Tant que la mort vous assauldra ,
Le vouloir au moins en ayez ,
Et prestz de Dieu prier soyez ;
Ainsi lamez et appajez ,
Ce vouloir autant vous vauldra*
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It.i«6i.) DE JEAN DE MEtJNG* fjt
Si poyez pour I9 preuve entendre ,
De nies deulx chiens exemple prendre 9
Dont ly ung vient pour moi deffendre ,
Et ly autre n'y peut venir ,
Mais voulentiers il y vensist ,
Se les lyens ne le tenist ,
Et brait , pource qu'il ne s'en yst :
Egaument les doy chier tenir.
Car c'est chose très -bien congniie ,
Se jà vous avez adès eue ,
La voulenté qui ne se miie ,
C'est bien Dieu souffrans et juste ,
Qui peut seul dans tous les cueurs veoir ,
Quant de donner n'avez povoir ,
Autant luj doit- il plaire et seoir
Le bon vouloir que vous en eustes.
Et toutes voyes , en troys parties
Sont tous jours noz choses parties f
Quant à la mort se sont parties ,
Aussi des homs comme des femmes ;
Car ly. vers , ce devez sçavoir ,
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80 LE TESTAMÏNt (T.
Sont tous prestz à voz corps avoir >
Et noz amys à nostre avoir ,
Et Dieu ou diable en ont les ames*
Lors sont, ce croy-je , si repeu ,
Qu'ung chascun si a de nous eu
Telle part comme luj a pieu ,
Tant est la chose à gré partie ,
Que nulle et en nulle manière
Ne vouldroit tant à part chiere
Changer , ne retourner arrière
Aux deulx parts de sa départie.
Or devons donc de mal retraîrê
Noz cueurs et penser à bien faire >
Si que nous puissions à Dieu plaire ;
Et luj prions qu'il nous secoure
Au jour que la mort nous prendra >
Quant alors le diable y viendra ,
Qui nous attend et attendra ,
Pour nous emporter à celle heure.
Lors , se vous ne voulez ce croire 9
Quant il aura sur vous victoire ,
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LE TESTAMENT DE J. DE MEUNG. 8l
Sans retour à sa chartre noire
Au feu -d'enfer ardoir irés ;
Et quant vous aurez - là bien sceu
Comment vous en feustes deceu ,
Quand vous ne m'en avez pas creu
A tard vous en repentirés.
FIN DU TESTAMENT.
4-
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LKS
REMONTRANCES
DE NATURE
A L'ALCHYMISTE ERRANT.
Par l'authcur JEAN DE MEUNG.
Comment Nature se complaint,
Et dit sa douleur et son plaint
A un sot souffleur, sophistique ,
Qui n'use que d'art mechanique.
NATURE.
H el as! que je suis douloureuse.
Me voyant ainsi malheureuse ,
Quand je pense à toi , genre humain ,
Que Dieu a formé de sa main
A sa semblance et vrayé image ,
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84 REMONTRANCES {v.io.>
Pour le parfaict de son ouvrage ,
Qui sur toute autre créature
Te desreigle tant de Nature ,
' Sans user par temps et saison
En tes faictz de dame Raison.
Je parle à toy , sot fantastique ,
Qui te dis et nomme en practique
Alchimiste , et bon Philosophe :
Et tu n'as sçavoir, ni estoffe ,
Ny théorique , ny science
En l'art , ny de moy cognoissance.
Tu romps alambics , grosse beste ,
Et brusle charbon qui t'enteste ;
Tu cuis alumz , selz , orpimentz-»,
Et fonds métaux , brusle attramentz :
Tu fais grands et petits fourneaux ,
Abusant de divers vaisseaux.
En effet, je te certifie
Que j'ay honte de ta folie.
Qui plus est , grand' douleur je souffre
Pour la fumée de ton soulphre ,
Et par ton feu chaud , qui ard gent.
Tu cuide fixer vif argent
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, DENATURE. 8.Î
Qui est volatil et vulgal ,
Et non cil dont je fais métal. 1
Povre homme , tu t'abuses bien :
Par ce chemin ne feras rien ,
Si tu ne marches d'autres pas.
Mal tu uses de mes compas :
Mal tu entens mon artifice.
Mieulx vaudroit faire ton office *
Que tout dissoudre et distiller
Tes drogues , pour les congeler :
Par alambics , et descensoires , 2
Cucurbites, distillatoires f
Par pellicans et matheras
Jamais tu ne Parresteras.
Puis tu fais pour ta fixion ,
Feu de réverbération f
Voire si très - chaud que tout fond.
Ainsi tes œuvres se perfont ;
Enfin pere l'autruj et le tien.
Jamais tu n jr trouveras rien 9
Se tu n'entres dedans ma forge ,
i
1 Aliàs Ce n'est ainsi que fais métal»
* AL Sublimatoires»
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LES REMONTRANCES (vM
Où je martelle'et tousjours forge
Metaulx , ès terrestres minières :
Car là tu verras les manières
Et la matière dequov s'oeuvre.
Ne cuide pas que te décueuvre
Le mien secret , qui tant est cher ,
Si premier tu ne vas chercher
Le germe de tous les métaux ,
Des animaux et végétaux ,
Qui sont en mon pouvoir tenus ,
Et en la terre détenus ;
L'un , quant à génération ,
Et l'autre par nutrition.
Les métaux n'ont fors que l'essence : "
Les herbes ont estre et croissance :
Les bestes ont la sensitive ,
Qui est plus que végétative.
Métaux , pierres et attraments
Je procrée des éléments :
D'eulx je fais celle mixtion ,
Et prime composition ,
Leans au ventre de la terre ;
• Al. Degrez de plusieurs choses naturelles.
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, DE NATURE. 87
N'ailleurs oncques ne les doibz querre.
Les herbes ont graines expresses »
Pour conserver cy les espèces ;
Et les bestes portent semence ,
Dont ilz engendrent leur semblance :
Brief , chascun faict bien son devoir
Sans me tromper , ne décevoir.
Mais toj homme tout plein de vice ,
Entreprennant sur mon office ,
Tu te devoje de nature ,
Plus que nulle autre créature.
Métaux n'ont vie nullement , 1
Ne nourriture aucunement
Pour pulluler et augmenter ,
Ny nul pouvoir de végéter :
Ilz n'ont semence generable :
Aussi n'engendrent leur semblable»
Ilz sont crées en prime instance
Des éléments ; et leur substance
De ces quatre je les fais naistre.
Les métaux et pierres n'ont qu'estre.
Toutes les pierres sont frangibles ,
1 La nature et origine des métaux et pierre*,
Digitized by
88 LES REMONTRANCES c
Et tous les métaux sont fusibles :
Après leur fusion , fixables
Doivent estre et bien malléables.
Les unz par dépuration
Reçoivent grant perfection ,
Comme For fin , par mon art gent ,
Que je dépure et fin argent.
Mais les autres plus impurs sont ,
Pource que le vif argent ont
Trop crud , et leur soulphre terrestre
Trop aduste. Si ne peult estre
Tel metail mis en pureté ,
A cause que n'a mérité
La matière forme si bonne :
Car tous mes faictz tant bien j'ordonne
Que chacun son espèce ameine ,
Selon que la matière est saine.
Si sçavoir veux où je recouvre
Matière à ce , tout premier s'ouvre
Le cabinet de mes secrets
Par outils subtilz et discrets ,
Et vajs chercher propre matière '
1 Matière des métaux*
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^ DENATURE. 89
Prochaine pour faire minière :
Laquelle je prens ès boyaux
De mes quatre elemens royaux ;
Qu'est la semence primitive ,
Contenant forme substantive ,
En simplicité composée ,
Préparée et bien disposée
A transfumer les quatre en un ,
Sous genre gênerai commun.
Lors luy donne , tant suis bénigne ,
Par mon art vertu metaline ,
Dont sont faicts métaux purs , impurs ,
Les unz mois , les autres plus durs.
Je l'ay des elemens extraicte
Par mes cielz , Fay ainsi pourtraicte f
Laquelle par long* temps je meine
De la matière primeraine ,
En prochaine et propre matière ,
Dont je fabrique ma minière.
Puis soulphre et vif argent en jssent
Qui en metaulx se convertissent.
Non pas tel vif argent et soulphre
Que tu vois : jamais ne le souffre ;
Digitized by
90 LES REMONTRANCES (*
Car par contraires qualitez
Sont transmuez et agitez
De leur propre en autre nature ,
Matière ainsi par nourriture ,
Et idoine corruption ,
Au moyen de privation ,
Que la forme première tue ,
Puis de nouvelle est revestuë :
Et par la chaleur naturelle ,
Qui la matière tient en elle
Excitée de tous les cieux ,
Avecques le feu gracieux
Que je sçay en ma forge faire ,
Forme je donne sans forfaire ,
Enfin telle que la matire
Est bien susceptible et la tire.
Ainsi privation , et forme , 1
Et matière , dont je m'informe
Sont mes principes ordonnez ,
Qui d'enhaut me furent donnez :
C'est mon maistre le Créateur ,
Qui commanda comme un aucteur ;
* Privation, forme et matière*
Digitized by
u DENATURE. 91
Que de matière universelle
Je fisses , comme son ancelle ,
Transmuer les quatre elemens ,
Par mes actes et régimens ,
Sous une forme générale
De toute espèce minérale.
Si fais par mon art naturel ,
Circonferer le beau soleil
En vingt et quatre heures la terre : 1
Lequel jamais ne fault , ny n'erre
D'exciter par son mouvement
Chaleur en chacun élément :
Aussi faict la huictiesme sphère ,
Lçs sept planettes , et leur pere
Qui est le plus grand mobile ,
Lequel ravist , tant est habile ,
Avecques luy les sphères toutes :
Et n'y faut point faire de doubtes.
Son chemin fait en occident ,
Et les autres sans accident
Font au contraire tout leur cours.
Si conduis les longs et les cours ,
' Mouvement des deux.
Digitized by
LES REMONTRANCES (v.
Comme Saturne , qui son tems
Et son corps parfaict en trente ans. 1
Jupiter en douze ans le faict ,
Et Mars en deux ans le parfaict.
Le beau soleil , pere de vie , x
Sa circonférence assouvie
En passant par un chacun signe ,
Justement un an y assigne
Et six heures , pour tout le compte.
Venus, dont on faict si grand compte
Met troys cens quarante neuf jours :
Et puis Mercure faict son cours
En troys cens trente -neuf en somme.
La lune , prochaine de l'homme , *
Vingt et neuf et demj demeure
A passer les douze, et quelque heure
Et ainsi par leurs cours divers ,
Sont causez estez et y vers ,
Es elemens mutations ,
Et ça bas générations ;
1 Saturne , J upiter , Mars.
* Le soleil. 4 La lune.
3 Venus. %Aliàs2j.
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(i-«»7.) DENATURE. 93
Et jamais rien qui soit sensible ,
Ou soit visible , ou invisible ,
Ne peut estre , ne avoir lieu
Sans mojr , sans les cieux , et sans Dieu.
Ainsi font les cieux toutes choses
Qui sont dessous la lune encloses r
Et envojent leur influence
Sur la matière en sa puissance.
Et la matière forme appette ,
Comme femme l'homme souhaitte.
Tant d'estoilles sont au ciel mises ,
Soubz qui matières sont submises
Et subjettes en divers nombres.
Unes sont claires , autres sombres :
Tant et tant sont innumerables *
Que ce sont choses admirables.
Ainsi diverses choses font
Pour tant de divers cours quelz ont
Là sus au ciel , ça bas vertus
Sus élemens : dont sont vestus
D'espèces les individuës.
Et sçachez que ne sont perdues '
9 Influences.
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94 LES REMONTRANCES (T.*
Tant d'influences nullement ,
Quand descendent sur l'élément
De la terre , posé quelz soyettt
Invisibles , et ne se vqyent >
Et qu'avant quelz tumbent sur terre ,
Sont si pressez et en tel serre f
Que par forcé Tune et l'autre entre ,
En pénétrant jusques au centre
En si très -diverse manière ,
Qu'elles font dedans la minière
Diverses générations ,
Par diverses impressions ,
Sans erreur et sani nulle ftttites f
Obéissants basses aux haultes.
Si est la terre environnée
Des cieux , dont icelle est oniée
En recevant leurs influences
Et très -agréables substances ,
Dont sa vertu chacun veut mettre
Et jusques au centre pénètre ,
Et par mouvemens et chaleurs 1
S'engendrent en terre vapeurs ;
1 Vapeurs et exhalation.
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u) DENATURE.
Aussi font exhalations
Des primes compositions»
La vapeur et froide est humide.
Voire que demeure et réside
Et est en terre retenue : 1
Mais si elle va en la nuë f
Humide et chaulde pourra estre.
L'autre , qui demeure terrestre t
Et qu'est enfermée et enclose *
Par laps de temps je la dispose
En soulphre , qui est son agent ,
Avec son passif vif argent.
Lors est seconde mixtion
De prime composition.
Le tout est tiré de la masse
Des quatre éléments que j'amasse
Comme t'ay jà dict cy- devant :
Et pour toj j'en parle souvent *
Afin que point tu ne t'abuses ♦
Et qu'en pratique ne t'amuses.
Après la putréfaction r
* La prochaine matière du soulphre et du vît argent
métalliques.
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96 LES REMONTRANCES (v.»
Se fait la génération
Par chaleur , qui est annejée
Dedans l'œuvre jà commencée ,
Très -amiable , sans ardeur ,
Afin d'eschauffer la froideur
Du vif argent : lequel tant souffre,
Qu'il est faict un avec son soulphre,
Le tout en seul vaisseau compris ,
Le feu , Fair et l'eau , que je prins
Dedans son terrestre vaisseau ,
Qui tous sont en un seul fourneau.
Je cuis lors , dissouls et sublime ,
Sans marteau , tenailles , ni lime ,
Sans charbon , fumier , baing marie ,
Et sans fourneau de soufflerie.
Car j'ai mon feu celestiel ,
Qui excite l'élément tel
Selon que la matière appete
Forme tel qui lui compete.
Aussi mon vif argent je tire
Des élemens et leur matire.
Puis son soulphre le suit de près *
Comme tout un , qui par exprès
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ttatf., DENATURE.
L'eschauffe petit à petit
Doulcement à son appétit.
Lors froit se faict chaud vertueux ;
Et le sec , humide unctueux.
Or entens par hic et par hec ,
L'humide n'est poinct sans son sec ,
Ne le sec aussi sans l'humide ;
Car l'un avec l'autre réside
Sous une essence primitive *
Laquelle est l'élementative ;
Et l'esprit est la quinte -essence
Dont nostre enfant prent sa naissance.
Le feu 1 enfante et le nourrist 1
Dedans l'air ; mais avant pourrist
Au ventre de la vierge terre*
Puis en vient Feau , que Ton doit querre ,
Qui est la matière première
Dont je commence ma minière.
Car un contraire circonstant r
Son contraire est fort résistant
En se fortifiant de sorte ,
Non tant que l'argent ne l'emporte.
*Al. Le feu l'enfante certes nourrist.
4* G
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LES REMONTRANCES (,.i,7
Lors est le passif transmué ,
Et de sa forme desnué ,
Par l'appétit de la matire
Qui tousjours neufve forme attire.
Du premier ciel et grand moteur , 1
Est mon sçavoir gubernateur :
Mes mains sont la huictiesme sphère ,
Ainsi que l'ordonna mon pere :
Mes métaux , sont les sept planettes
Dont je forge choses si nettes.
La matière dont fais ouvrages ,
Pierres , métaux , arbres , herbages ,
Bestes brutes et raisonnables ,
Qui sont les œuvres très -louables ,
Généralement toutes choses
Que sont dessous le ciel encloses ,
Je la prens , et point je ne ments ,
Seulement es quatre éléments.
C'est la matière primeraine ,
Cahos , hyle : c'est le domaine
Dequoy je fais jouyr le roy
Et la royne , et tout son arrqy.
' Le pouvoir de nature et ses instrument.
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h} DENATURE. 99
Le chevalier est tousjours prest ,
La chambrière faict Tapprest ;
Et tant plus est noble la forme ,
Et plus noblement m'y conforme*
Sache que j'ay toutes puissances
De substanter toutes essences ,
Et de les faire consister ,
Et forme en matière exciter.
Or notez bien les trois parties 1
Qui de la masse sont parties f
Que Dieu fist au commencement :
De la pure , premièrement
Il créa chérubins , archanges ,
Les séraphins , et tous les anges :
Et de la moins pure et seconde ,
Il créa les cieulx et la ronde : 2
Et de la tierce part moins pure ,
Les elemens et leur nature *
ïl créa. Mais le feu , premier
De vertu , voulut le permier ,
Et le mist haut dessous la lune.
• Division de la masse et première matière. Esprits.
• Cieux. * Siemens. Le feu.
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lt>0 LES REMONTRANCES
Corruption ne tient aucune
En soy , mais tient de quinte -essence
La plus pure part en puissance.
Et puis Fair très - subtil il fist ; 1
Et de la quinte -essence y mist ,
Non tant comme an feu. Puis fit l'eau, *
Qui est un visible et très -beau
Elément : quinte- essence tient
Autant comme à elle appartient.
Et puis la terre voulut faire , *
Afin de son vouloir parfaire.
Combien qu'en un petit moment
Il aye faict chaque élément ,
Et les cieulx et toute nature
Qui suit la prime créature ,
La terre grosse opaque fist ,
Où chascun trouve du profit ,
Qui contient en soy sans doubtance
La moindre part de quinte -essence.
Premier furent simples notez 4
En leurs sphères elementz tels :
«L'air. a La terre.
* L'eau. «Les qualités des elemens.
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DENATURE. 101
Si estFsû r proprement humide :
Appropriement le feu Faïde :
Et l'eau est froide proprement ,
Et humide appropriement ,
Que de l'air elle prent et pesche :
La terre proprement est seiche ,
Appropriement froide elle est
Qu'elle prent de l'eau : si faict prest
Au feu de sa grande siccité.
Mais , comme je t'ay recité ,
Le feu est noble et sur tout maistre f
Et est cause de faire naistre ,
Par sa chaleur , et donner vie.
Mais si faut- il que je te die 1
Qu'il n'est nul élément actif
Qui peust agir sans le passif
Comme le feu en l'air agist ,
Aussi l'air sur l'eau reagist ;
Et l'eau agist en l'air et terre ,
Quand le feu veut esmouvoir guerre.
Or est terre mçre et nourrice
De toutes choses et tutrice.
1 Actions et passions des elemens.
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102 LES REMONTRANCES Cl
Ce que sous le ciel pourrira ,
Si elle enfante , nourrira
Ce que chaleur luj met au ventre ; 1
Et ne cesse jusques au centre
Incessamment de gouverner. *
Tant m'a voulu Dieu honorer f
Qui m'a donné telle puissance ,
Que je fais à la quinte -essence
Réduire tous les quatre arrière : *
Lors se dict matière première
Meslée généralement.
Et par tout chacun élément ,
Par mon art fais réductions ,
Dont viennent générations :
Mais les espèces revenuës , 4
Sont en la masse contenuës.
Pource cil qui réduire veut
Les éléments , certe il ne peut
En la matière primeraine ,
Sans tnoy , quelque labeur et peine
1 AU De la chaleur que , etc.
* AL Générer.
3 Réductions des elemens en première matière.
4 Retenues.
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f».4*) E NATURE. lo3
Qu'il sçeust prendre , et se deust tuer ;
Car en moy est de transmuer
Leur espèce et leurs éléments.
Si tu dis autrement > tu ments :
Tu ne sçaurois , quant à substance ,
• Approprier propre influence ,
Ny en rien proportionner
Les éléments , ou leur donner
La forme » selon le mérite
Que la matière bien mérite.
C'est moy qui forme créature 9
Et donne matière et nature :
Je fais par mes secrets célestes
Oeuvres parfaictes et honnestes ;
Dont aucuns voyant mes oracles f
Les ont jugez quasi miracles :
Comme il appert en Telixir , 1
Dont tant de biens on voit issir :
Car les vertus et qualitez
Qu'il a , je les ay imitez ;
Ny oncques nul art méchanique
N'eut le sçavoir ou la practique
» L'Elixir.
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04 LES REMONTRANCES
D'avoir multiplications ,
Et si très- nobles actions.
Se doit l'homme prudent et sage
Considérer que tel courage >
Telle vertu , telle science
Ne se peut sans l'intelligence
Des corps célestes , à fin duire 9
Et sans leur puissance conduire :
Aultrement seroit s'abuser.
Qui voudroit sans moy en user,
Où prendroit-il son influence ,
Pour infuser telle substance f
Comme feroit la mixtion
Et la vraye proportion
Des éléments ? Nul n'y a signe ,
Comme bien le dit Avicenne
En son De viribus cordis >
Au deuxiesme : voicy ses dicts.
Vivons tant que vivre pourrons,
Telle œuvre entendre ne sçaurons
Comme de proportionner
Eléments et mixtionner.
Ainsi le dit , bien m'en souvient:
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M DENATURE- ÎO.Î
Jamais nul homme n'y advient.
Cest un secret à moy donné y
Qui n'est à l'homme abandonné :
Car par mes vertus souvent fais
Qu'imparfaicts deviennent parfaicts :
Soit un métal ou corps humain f
Je le parfais et rends tout sain , 1
Je fais tempérance infuser ,
Et les quatre symboliser :
Des contraires je fais accords »
Où jamais il n'y a discords.
Cest la belle chaîne dorée ,
Que j'ay circulant décorée
Par mes vertus celestielles ,
Et leurs formes substantielles.
Tellement et si bien j'y œuvre ,
Que tout mon pouvoir se descœuvre ,
Voire si noble et si parfaict f
Que d'homme ne seroit point faict
Sans moy , sans mon art et sçavoir ,
Quelque bon sens qu'il sçeust avoir.
Vien-çà , toy qui dis sçavoir tout ,
'Nature donne santé.
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lo6 LES REMONTRA CES (T.
Et qui entens venir à bout
De ma science tant notable ,
Disant je feray Por potable ,
Par feu de charbon , bain -marie ,
En mes fourneaux. Saincte Marie !
Je m'esbahis de ton erreur.
Par ta foy , n'as -tu point d'horreur,
En considérant mes ouvrages ,
Et voyant cuire telz breuvages
Dedans tes vaisseaux et phioles f
Plus creuses que ne sont violes >
Du temps perdu et des despenses ?
Je ne sçay moy à quoy tu penses ,
Mon fils : aye pitié de toy ,
Je te supplie , et pense à moy.
Entends bien ce que te diray :
Car de rien je ne mentiray.
Regarde un peu , escoutes orf
Et tu verras bien comme 1 or ,
Qui est si noble et précieux »
A prins sa belle forme ès cîeur.,
Et sa bonne matière en terre :
Si faict la belle gemme et pierre f
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ff,ia.) DE N A T U R E; lof
Comme rubis et diaments :
Tout se faict des quatre éléments f
Quant à matière : et quant à forme ,
Le ciel la qualité informe
En l'élément jà contenuë ,
Par qui la forme est devenuë
Noble par dépuration ,
Et long -temps en perfection.
Et toutesfois , telle noblesse ,
Comme d'or et d'autre richesse ,
Se faict par moj , j'en suis Pouvriere :
Nul homme n'en sçait la manière.
Et , l'entendant , si ne sçauroit
Dire comment il ce feroit ,
Ne quelle proportion prendre
Des élemens , ny bien entendre
Combien de feu , d'air , d'eau et terre
S'y est requis , n j où les querre ;
Ne bien mesler aucun contraire ,
Non plus que les substances attraire ;
Ny donner telles influences
Qu'il convient à telles essences.
Seulement , si faire vouloit
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lo8 LES REMONTRANCES fr#!
Du fer , ou plomb , il ne sçauroit :
Non pas la chose , que soit moindre :
Jamais homme n'j sçeut attaindre.
Comme doncques fera -il Por ,
S'il ne me robbe mon thresor ?
Ce n'est au pouvoir de son art ;
Et si le dit , c'est un coquart :
J'entens par son art niéchanique*
Il faut qu'il sçache ma practique ,
Laquelle est naturelle en somme ,
Et que ne se faict de main d'homme.
Or doncques , si l'or est si bon ,
Et se faict sans feu de charbon ,
Et s'il est si noble tenu
Que sur tous est le mieux venu ,
Et que chascun en faict thresor ,
Tant les humains estiment l'or ;
Toutesfois il ne garist mye
Les meaux , nj la ladrerie f
Ny ne faict transmutation
Des métaux en perfection
De fin or , ne n'est si notable
De faire verre malléable ,
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Comme faict la très -noble pierre 1
Des Philosophes , qu'on doit querre.
Si est For , quant aux métaux , faict
Par moy le plus noble est parfaict»
Ainsi donc , si tu ne sçais faire
Un peu de plomb , à l'exemplaire
De moj , ou quelque petit grain ,
Ou de quelque herbe un tout seul brin ,
Ou encor moins faire du fer ,
Comment te veux -tu eschauffer
A faire ce qui est plus noble ,
Et dont on fait ducat et noble ?
Et si tu dis , Je ne veux mye
Faire For , mais bien l'Alchymie ;
Je respons à toj non sçavant ,
Que tu es plus fol que devant
N'as -tu entendu que j'ay dict
Que mon secret t'est interdict ?
Car ce que se faict par nature 9
Ne se faict point par créature.
Et qui plus est , si l'or j aj faict
De sept métaux le plus parfaict ,
1 Vertus de la Pierre philosophais
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HO LES REMONTRANCES ir.m
Ce que tu ne sçaurois entendre ,
Comment oses -tu entreprendre
De vouloir faire par telz faicts
Ce qui parfaict les imparfaicts f
Et en qui j'ay mis la puissance
De transmuer toute l'essence
. Des métaux , en bon et fin or ,
Et ce que je tiens en thresor
Le plus cher que Dieu m'a donné ?
Or es -tu bien desordonné 9 *
Si tu ne cognois et entends
Que ce haut bien , où tu prétends ,
En tant qui touche à créature ,
Est le grand secret de nature ,
Soit en métal , pierre , herbe ou beste ,
Qui descend de vertu céleste.
Bien il y pert : car il guarist
L'homme de tous maux 9 et nourrist
11 parfaict métaux imparfaicts f
Par ses vertus et hautains faicts
Que y y mets par mon grand sçavoir ,
Et du thresor de mon avoir.
S'il est donc si parfaict en soy
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M DE NATURE. 111
Qu'il n'en est un pareil , dis - moy
S'il ne faut que telle science
Vient de haulte intelligence ,*
Veu que nul ne sçait faire l'or ,
Et que cestuj est le thrésor
Des thresors , voire incomparable ?
Cest une erreur irréparable :
Car si tu ne peux porter dix
Et veux porter cent , je te dis
Que tu te tuë cœur et corps
Ce faisant : sçache ces efforts.
Mon fils , c'est toute ma science 9
Mon haut sçavoir et ma puissance *
Que je prens ès cieux simplement 9
Et le simple de l'élément :
C'est une essence primitive ,
Et quinte en Télementative ,
Que je fais par réductions ,
Par temps et circulations ,
Convertissant le bas en hault ,
Froid et sec en humide et chault 9
En conservant pierre et métal
Sous son humide radical.
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112 LES REMONTRANCES
C'est par le mouvement des cieulx ,
Tant sont nobles et précieux.
Et sçaches que les élemens
Ont des cieulx leurs gouvernemens 9
Obeissans par convenance ,
Elemens à leur influence ;
Et plus est pure ma matière ,
Plus suis par les cieulx grande ouvrière.
Cuides-tu que sus ton fourneau,
Où sont mis ta terre et ton eau ,
Et que par ton feu et chaleur ,
Par ta blanche ou rouge couleur ,
Tu faces de moj ton plaisir ,
Pour parvenir à ton désir ?
Cuides-tu les cieulx esmouvoir,
Et leurs influences avoir
Pour infuser dedans tes drogues ?
Cuides-tu que ce sojent des orgues
Qu'on faict chanter à tous les dois ?
C'est trop cuider en ton lourdois.
Ne sçais-tu bien qu'au mouvement
Des cieulx est un entendement
Qui ha ça bas intelligence ,
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(f 650i> DE NATURE. n3
Et qui faict , par son influence ,
A toutes choses avoir estre ?
Çj te prie vouloir cognoistre
Que hautes choses de haut lieu
Procèdent de mqy , de par Dieu.
Et ne cuide qu'art manuel
Soit si pariaict que naturel :
Car son sens est trop nud et linge ;
Si me contrefait comme un singe.
Penses-tu que pour distiller»
Ou pour dissoudre et congeler
De ta matière en ton vaisseau »
Ou pour tirer de l'huile l'eau ,
Soit que belle et claire la voje »
Que tu ensui ves bien ma voj e ?
Mon fils , tu es trop abusé ;
Car quand ton temps auras usé
A faire tous les meslemens »
Et séparer les élemens ,
Ton huile , ton eau et ta terre »
Tu n'as rien faict ; certes tu erre.
Sçais-tu pourquoy ? car ta matière
Ne sçauroit demie heure entière
4. h
114- LES REMONTRANCES (v.
Soustenir de la chaleur ,
Tant est de petite valeur :
Tout s'en, ira en fumée ,
Ou en feu sera consommée.
Mais la matière dequoj j'oeuvre ,
Est infaillible à toute espreuve ,
Quelque feu ardent que ce soit ;
Ains du feu tout son bien reçoit,
Et si vient Peau de seiche souche ,
Que rien ne mouille qu'elle touche ,
Nj ne s'envole , njr recule ,
Ne son huile jamais ne brusle :
Tant sont mes élemens parfaicts.
Ainsi n'est de ce que tu fais :
Aussi n'est-ce pas ton office
De manier mon artifice.
Pour conclusion je te dis ,
Si tu veux bien noter mes dicts ,
Je ne te veux point abuser ,
Que tu ne sçaurois infuser,
Par ton feu artificiel ,
La grand chaleur qui vient du ciel ;
Ny par ton eau et huyle et terre ,
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**.) t>E N A T t B E. 1
Tu ne sçaurois matière acquerre
Qui peut recevoir influence ,
Pour luy donner telle substance.
C'est don de Dieu , donné ès cieux
Aux éléments à qui mieux mieux ,
Conservé en la simple essence ,
Dont nul que moy n'a cognoissance ,
Fors l'homme qui en moy se fie ,
Et qui sçait bien Philosophie.
Mon fils , je ne diray qu'un mot :
Ce sçait le créateur qui mot ,
C'est que l'œuvre se faict entière »
D'une seule et vile matière
Homogenée , en seul vaisseau
Bien clos , et en un seul fourneau ,
En soy contient qui la parfaict ,
Et par seul régime se faict.
Or voy la génération
De l'homme et sa perfection ,
Où tout mon sens y abandonne ,
Et le sçavoir que Dieu me donne :
Car faire sçais d'une matière
'L'œuvre de la Pierre philosophie.
Il6 LES REMONTRANCES fv.7lli)l
L'espèce humaine, non entière ; 1
Je forme le corps seulement , .
Voire si très -subtilement,
Que Platon , aussi Aristote
N'y entendirent jamais note.
Je fais os durs , dents à mâcher ,
Le foye mol , aussi la chair ,
Les nerfs froids , le cerveau humect ,
Le cœur chaud , où Dieu vie mect ,
Les boyaux , et toutes les veines ,
Artères de rouge sang pleines.
Brief , le tout d'un seul vif argent ,
Masculin soulphre très - agent ,
Fais un seul vaisseau maternel ,
Dont le ventre en est le fournel.
Vray est que l'homme par son art
M'ayde fort , quand en chaleur ard ?
En infusant en la matrice
La matière qui est propice ;
Mais autre chose n'y sçait faire.
Ainsi est-il de ton affaire : «
Car qui sçait matière choisir,
•De l'homme , voyez page i3a.
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tt.no.) DE NATURE. 1 17
Telle que Fœuvre en ha désir,
Bien préparée en un vaisseau ,
Fort clos , et dedans son fourneau ,
Le tout fourny , plus ne diffère ,
Car tqy et moj devons parfaire ; 1
Pourveu que chaleur tu luy donne ,
Comme Philosophie ordonne.
Car là gist tout : je t'en advise.
Pourtant faut bien que tu y vise :
En feu que l'on dit epsesis , a
Pepsis , pepansis , optesis. *
Feu naturel contre nature ,
Non naturel et sans arsure ,
Feu chauld et sec , humide et froit ,
Penses -y, et le fais adroit.
Sans matière et sans propre feu ,
Tu n'entreras jamais en jeu :
La matière, je la te donne ;
La forme , faut que tu l'ordonne :
1 La Pierre philosopbale est faicte par nature et art.
«Feu.
3 C'est-à- dire , chaleur convenable à faire bouillir,
digérer , meurir et rostir. Aristote , au îv. des mé-
téores , faict mention de ces quatre espèces de chaleur.
Il8 LES REMONTRANCES (T<7H)
Je ne dis pas substantiale 9
Ny aussi forme occidentale ;
Mais forme de faire vaisseau ,
Et de bien former ton fourneau.
Fais par raison ce qu'est propice ,
Et par naturel artifice.
Ayde-moy , et je t'ayderay :
Comme tu feras , je feray ,
Ainsi que j'ay faict à mes fils ,
Dont ils ont reçeu les proufits ,
A cause que sans vitupère
Ont ensuivi et mere et pere ,
Obéissans à mes commands ;
Comme tu peux veoir ès Romans
De Jean de Meung , qui bien m'appreuve, 1
Et tant les sophistes repreuve.
Si faict Ville -neuve a, et Raimon , *
Qui en font noble sermon ,
Et Morien le bon Romain ,
Qui sagement y mist la main.
'Roman de la Rote, vers 16869 jusqu'au 16904.
* Àrnauld de Ville-neuve.
a Raymon Lulle.
Digitized by
DE NATURE. 119
Si fist Hermès qu'on nomme père ,
A qui aucun ne se compère.
Geber, philosophe subtil ,
A bien usé de mon oustil ,
Et tant a escript de beaux dicts ,
Et d'autres plus que je ne dis ,
De ceste très -noble science ;
Lesquels ont par expérience
Prouvé que l'art est véritable ,
Et la vertu grande et louable.
Tant de gens de bien l'ont trouvée ,
Qui véritable l'ont prouvée ,
Dont je me tais pour abréger.
Or , mon fils , si tu veux forger
Et commencer œuvre si noble ,
Il ne te faut ducats ny noble ,
Au moins en grande quantité :
Suffist que sois en liberté ,
Et en lieu qui te soit propice ,
Que nul sçache ton artifice.
Prépare à droict bien ta matière ,
Toute seule mise en poudrière ,
En seul vaisseau , avec son eau ,
120 LES REMONTRANCES
Bien close , et dedans son fourneau ,
Par un régime soit menée ,
D'une chaleur bien attrempée ,
Laquelle fera l'action
En soj , et putréfaction :
Car pour grande frigidité
Ne sçauroit tant la siccité
Résister contre tel agent ,
Que ne soit tost le vif argent ,
Par connexion ordonnée , 1
Fait un subject homogenée ,
Réduit en première matière.
Sois tqn intention entière
D'ensuivre ta mere Nature ;
Que raison soit ta nourriture ;
Ta guide soit Philosophie :
Et si tu le fais , je t'affie 9
Tu auras matière et moyen
De parvenir à ce hault bien ;
Et de chose qui bien peu couste
Tu ouvreras , mais que tu gouste
Mes principes. Yoy comme j'ouvre :
■ Al. Commixition.
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g DE NATURE. 121
Regarde TAristote , et ouvre
Le tiers et quart des Metheores :
Apprens physique , et vov encores
Le livre génération ,
Et celuv de corruption ;
Le livre du ciel et du monde ,
Où la matière est belle et monde.
Car si tu ne vois et entends ,
Certes , mon fils , tu perds le temps.
Et pour mieux sçavoir les manières ,
Voir te faut celuv des minières ,
Que fit mon gentil fils Albert ,
Qui tant sçeut , et tant fut expert ,
Qu'en son temps il me gouvernoit ,
Et de mes faicts bien ordonnoit ,
Comme il appert en celluy livre.
Or doncques , si tu es délivre ,
Es minières souvent liras ,
Que nulle pierre ne s'engendre
Que des élemens par son genre.
Apprens , apprens à me connoistre,
Premier que de te nommer maistre.
22 LES R É M ON TRÀNCES (
Suis moy j qui suis mere Nature ,
Saris laquelle n'est créature ,
Qui peut être , nj prendre essence ,
Végéter , monter en croissance ,
Nj avoir ame sensitive ,
Sans ciel et l'elementative.
Et pour connoistre tels effects f
Il te convient porter le faiz
D'estudier et travailler
En philosophie et veiller.
Et si tu sçais tant par ses us ,
Que tu cognoisses les vertus
Des cieux , et leurs grands actions $
Des éléments les passions ,
Et parquoj ils sont susceptibles ;
Qui sont les mojens convertibles ;
Et qui est cause de pourrir ,
Et d'engendrer , et de nourrir
De leur essence et leur substance,
Tu auras de Fart cognoissance ;
Combien que suffit seulement
D'avoir un bel entendement ,
En considérant mes ouvrageSé
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—
DE NATURE. 123
Mais n'ont pas eu tous clers et sages
Ce don de Dieu par leur science :
Ains ceux de bonne Conscience ,
Qui m'ont suivie avec Raison ,
L'ont eu par moult longue saison ,
En ayant patience bonne ,
Attendans le temps que j'ordonne.
Fais donc ce que je te dis or ,
Si tu veux avoir le thresor
Qu'ont eu les vrais Physiciens ,
Et Philosophes anciens.
C'est le thresor et la richesse
De plus grand' vertu et noblesse ,
Que , puis les cieulx jusques en terre ,
Par art l'homme pourrait acquerre.
C'est un moyen entre Mercure
Et métal que je prens en cure :
Et par ton art , et mon sçavoir , •
Parfaisons un si noble avoir.
C'est le fin et bon or potable ,
L'humide radical notable ;
C'est souveraine médecine ,
• La Pierre philosophale est faicte par nature et art.
24 LES REMONTRANCES 0
Comme Salomon le désigne ,
En son livre bien autentique f
Que Ton dict Ecclésiastique :
Et là tu trouveras le tiltre r
Au trente -huictiesme chapitre.
Dieu la créa ; en terre est prise ;
L'homme prudent ne la desprise.
Il Ta mise dans mes secrets ,
Et la donne aux sages et discrets ;
Combien qu'ils sont maints orateurs
Et qui se cuident grands docteurs
En très - haute théologie ,
Sans la basse philosophie ,
Qui en font par tout leur risée.
Des médecins est desprisée ,
Qui se mocquent de l'Alchymie.
Las ! ils ne cognoissent mie ,
Et n'ont pas faict de l'art espreuve ,
Comme Àvicenne et Ville -neuve,
Et plusieurs grands physiciens ,
Bons médecins très -anciens.
Tel s'en moque qui n'est pas sage ,
«Contre les moqueurs de ceste science.
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Ml4., DE NATURE» 11$
Et qui n'a pas veu le passage
Que bons médecins ont passez.
Les moqueurs n'ont pas sceu assez
Pour cognoistre telle racine
Et tant louable médecine ,
Qui guarist toute maladie ; 1
Et qui Ta , jamais ne mendie.
Bien est heureuse la personne
A qui Dieu temps et vie donne
De parvenir à ce haut bien !
Et posé qu'il soit anciens :
Car Geber dict , que vieux estojent
Les philosophes qui l'avojent ;
Mais toutesfois en leurs vieux jours
Ils jouissojent de leurs amours.
Et qui la possède , largesse
De tous biens ha , et grand'richesse.
Seulement d'une once et d'un grain
Tousjours est riche , et tousjours sain*
Enfin se meurt la créature ,
De Dieu contente et de Nature.
C'est médecine cordiale ,
126 LES REMONTRANCES (?^,
Et teincteure plus qu'aureale :
C'est l'elixir , l'eau de vie ,
En qui toute œuvre est assouvie :
C'est l'argent vif, le soulphre et l'or,
Qui est caché en mon thresor :
C'est le bel huyle incombustible ,
Et le sel bianc , fix et fusible :
C'est la pierre des philosophes ,
Qui est faicte de mes estoffes ;
Nj par aucune geniture
Trouver se peut que par nature , 1
Et part de sçavoir humain ,
Qu'il administre de sa main.
Je le te dis , je le t'annonce ,
Et hardiment je le prononce ,
Que sans moy qui fournis matière ,
Tu ne feras onc œuvre entière ;
Et sans toj , qui sers et ministre f
Je ne peux seule l'œuvre tistre ;
Mais par toy et moy , je t'asseure
Que tu auras l'œuvre en peu d'heure.
Laisse soufleurs et sophistiques ,
1 La Pierre philosophale est faicte par nature et art.
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iy DENATURE. 127:
Et leurs œuvres diaboliques :
Laisse fourneaux , vaisseaux divers 1
De ces souffleurs faux et pervers :
Je te prie tout en premier,
Laisse leur chaleur de fumier.
Ce n'est profitable , ni bon ,
Non plus que leur feu de charbon.
Laisse métaux et atramens :
Transmue les quatre élemens
Sous une espèce transmuable ,
Qu'est la matière très-notable
Par philosophes des ignée ,
Et des ignares peu prisée.
Semblable à l'or est par substance ,
Et dissemblable par essence.
Les élemens convertiras ,
Et ce que tu quiers trouveras.
J'entens que les bas tu sublimes ,
Et que les haults tu fasse infimes.
Tu prendras donc ce vif argent ,
Mixte en son soulphre tresagent,
Et mettras tout en seul vaisseau ,
5 Mespris des errans Alchymisles.
laft REMONTRANCES DE NATURE. (T.9
Bien clos , dedans un seul fourneau »
Qui sera au tiers inhumé :
Garde qu'il ne soit enfumé
Sur un feu de philosophie.
Fais ainsi » et en moy te fie.
Laisse doncques toute autre espèce *
Je t'en supplie , mon fils , laisse »
Et ne prens fors celle matière
Dont se commence la minière.
Plus ne t'en dis ; mais je te jure
Mon Dieu , qu'il faut suivre Nature..
FIN.
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LA RESPONSK
DE L'ALCH YMISTE
A NATURE.
Comment l'artiste honteux et doulx
Est devant Nature à genouk ,
Demandant pardon humblement 9
Et la merciant grandement.
L'ALCH YMISTE.
Ma très-doulce mère Nature •
La plus parfaicte créature
Que Dieu créa après les auges ,
Je vous rends honneur et louanges.
Que vous estes mere et maistresse
Gouvernante du macrocosme ,
Qui fut crée pour microcosme.
4- i
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l3o LA RESPONSE (?iac
Le premier , le monde se nomme ; 1
Et microcosme en grec, c'est homme.
Vous fustes , tant estes habile,
Mise si hault premier mobile ,
Qu'avec le doigt vous remuez,
Et du pied à bas transmuez
Les elemens , soit paix ou guerre,
Jusques au centre de la terre;
Et le tout par commandement
De vostre maistre, incessamment
En faisant générations ,
Et si très -grandes actions ;
Par vos aultres intelligences,
Et non corruptibles substances,
Des cieulx, estoilles et planettes :
Dont se forment les choses nettes,
Que Ton doit par tout reclamer
Mere et maistresse , bien aymer.
Je confesse , ma chère dame,
Que rien vivant ne vit sans ame;
Et ce qui est et a essence,
Vient de vous et vostre puissance :
1 Des faicti de Nature.
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^ DE L*A LCHY MI9TE. l3l
JVntens sous lè pouvoir donné
De Dieu , qui vous fut ordonné.
Je cognois que vous gouvernez
Toute la masse , et démenez
La matière des élemens
Tous dessous voz commandemens.
Car d'eulx vous prenez la matière,
Et des cieulx la forme première;
Combien que premier soit confuse
Celle matière, non diffuse,
Tant qu'elle soit qualifiée,
Et puis par vous spécifiée:
Lors prend force substantiale ,
Et puis visible accidentale.
Dame, tant vous estes bien sage,
Que vous faictes tout cet ouvrage
Par vos vertus celestieles,
Et vos formes très-actueles,
En si parfaict et si bon ordre,
Que nul vivant n'y sçauroit mordre.
Je regarde, dame honorée,
Que Dieu vous a tant décorée ,
Qu il a mis pour tous les humains
l32 LA RKSPONSE (v.lt|7,)
Ce qu'il leur faut entre les mains.
Quatre degrez par vous fit naistre ; V
Dont le premier si n'a fors qu'estre ,
Qui sont les pierres et métaux :
Le second , sont les végétaux,
Qui ont estre, et végétative :
Le tiers , si est la sensitive ,
Comme bestes , oyseaulx, poissons.
Qui ont troys diverses façons :
Le quart fist en noble degré ,
Ainsi qu'il luy pleust , à son gré,
Plus parfaict de tous ; ce fust homme, 2
Qui trqys degrez en luj consomme.
Mais plus que vous, ma chère dame,
Fit lors quant il luj donna Famé, *
Pelle, et d'immortale substance,
Aornée d'intelligence,
Et sans nulles dimensions ,
N'estant su bjecte aux passions
De nostre corps , qu'est limité :
«Degrez des choses naturelles.
* L'homme. Voyez page 116.
3 L'ame humaine. /
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r
DE L* A L C H Y M ISTE. l33
Mais a faict sensualité 1
Tourner à mal et à peehé
Nostre corps, qui est entaché
De volupté desordonnée;
Dont bien souvent est condamnée,
Si grâce n'y est impartie,
Que de Dieu vient, plus en partie
Pour la noblesse de ceste ame ,
Que pour le corps. Or doncques, dame,
La grande perfection de l'homme
N'est pas de vous : mais, ainsi comme
L'avez dit à la vérité f
Vous ne forgez l'humanité :
Mais un vaisseau qui est humain ,
Aultre que vous n'y met la main,
Qui est la plus parfaicte essence
De vostre œuvre et grande puissance.
Sans mentir , c'est pour advouer ,
Quand on veut bien considérer
Comme noz corps sont divisez,
Et si très -bien organisez ,
Tellement que par un objet,
9 Sensualité.
l34 LA RESPONSB
Qui est le corps , tant est subject
A la volonté, que quand veut 1
Un chascun des membres s'esmeut.
Combien que voulenté n'est pas
De vous , ny de vostre compas f
Toutesfoys c'est grande merveille
Que ce corps pour l'ame travaille 2
Comme subject ; et tel deut estre :
Mais bien souvent il est le maistre;
Il ne Test pas par sa noblesse ,
Mais par péché que lame blesse.
Or donc ne vous esbahissez
Si ce que tant bien tapissez,
Et tenez plus parfaict , c'est l'homme,
Est contraire à si noble forme
Comme l'ame ; et qui tant varie
Contre rajson, Soyez marrie
Seulement devoz artifices, *
Et non de noz fautes et vices.
Vous-mesme n'avez -vous pensé,
Et bien souvent encommencé ,
1 La volonté. * Les monstres naturels.
* Le corps*
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DE L'A LCHt M I RTE. l3S
Cuidant vostre œuvre estre bien faicte,
Qu'en la fin estoit contrefaicte ?
Est-ce Faulte d'entendement,
Ou se ne pouvez aultrement ?
Dame , qu'il me soit pardonnez ,
Se je suis trop abandonné
De parler sur vostre science.
Je le prens en ma conscience ,
Que ce n'est pas pour vous blasmer ;
Mais ne douté qu'il m'est amer
De ce que m'avez tant repris ,
Où jamais n'avois rien appris.
Helas ! dame, je vous asseure
Que je ne suis jamais une heure
Sans penser à ce hautain bien,
Lequel par vous j'entens très -bien ,
Ou mieulx que ne faisois alors
Que vous me faisiez les records
Et les reprouches de mes faultes ,
En déclarant choses si haultes
De ce thresor digne et louable.
Soit en mon lit , soit en ma table ,
Incessamment devant mes jeux
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l36 I*À HESPONSB ir^tkj
Tay ce hault bien tant précieux ;
Et ne fais que penser en somme
Quelle matière, et quelle forme
Je dois prendre pour commencer.
Vous m'estes venuë tencer ,
Et reprendre fors aigrement >
Pource que ne fais nullement
Comme vous. Helas ! chère dame,
Vous sçavez que je n'ay ny ame,
Ne sçavoir en moj , pour ce foire ;
Je ne vous peux que contrefaire :
Et ne sçaurois pas bonnement
En ce noble art faire aultrement, 1
Si vous ne m'aidiez par puissance
De vostre sçavoir et science.
Mais vous dictes, et dictes voir,
Qu'à l'homme n'apartient sçavoir
Vos grans secrets et hault ai as faits :
Comme donc porteray le fais ,
Et comment me pourraj guider,
Si vous ne me voulez aider ?
1 La Pierre philosophale se par Paie t par nature et par
art.
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cr.iiS40 D* l'alchymisti, 137
Puis dictes que vous dois ensuyvre,
Je le veux bien : mais par quel livre ?
L'un dict, prens cecj et cela :
L'aultre dict, non, laisse -le là ;
Leurs mots sont divers et obliques,
Et sentences paraboliques.
En effect , par eulx je voy bien
Que jamais je n'en sçauraj rien.
Et pourtant à vous faj recours,
Vous priant me donner secours ,
Et conseiller que je dois faire
En ce très -grand et rare affaire.
Cy demande, ma chère dame,
Qui de bon cœur prie et reclame ,
Dictes par vostre conscience ,
En ensuivant vostre science,
Qui pourroit dévaler en terre ,
Et dedans la minière enquerre ,
Et chercher par subtile cure
De métaulx le parfaict mercure?
JVy trouvé, au moins cil de l'or ,
Garder se doit comme un thresor ;
Mais je doute quand on Tauroit,
l38 LA RESPONSE ffcl
Que jà métal ne s'en feroit :
Et croy qu'il n'est homme tant sage,
Qui de faire or sçache l'usage :
C'est à vous de faire telle œuvre ;
Experiment bien le décœuvre ,
Et vostre sçavoir excellent.
Selon vostre dict , en parlant
De la nativité de l'homme,
Nous vojons la manière comme
Le mercure froit et humide
Appette le soulphre en son aïde :
C'est une esperme homogenée ,
Duquel la créature est née ,
Après le labeur terminé.
Or doncques , tout examiné,
Vous prenez la propre matière ,
Propre vaisseau, propre minière,
Propre lieu et propre chaleur ,
Pour donner et forme et couleur ,
Pour pulluler et donner vie,
Dont toute chose est assouvie.
Vous connoissez, comme ouvrière,
Le mérite de la matière :
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^ dk l'alcbymistï. 189
Car agent ne prend action 1
Qu'en disposée passion.
Subtilement sçavez mesler
Chaud et froid f et puis démesler
Du sec Thumide , et du contraire
Sçavez la qualité attraire ;
Transmuant la première forme ,
Afin que la matière informe ,
Forme nouvelle : car Tobject
Est par la puissance subject,
Qui tousjours soustient la substance
En l'acte qui fut en puissance.
Or vous ajant ouy bien dire ;
Mais mon parler ne peut suffire
A bien réciter vos sentences :
Et si j'avois voz grands potences
Pour moj soustenir se u rement,
Je parlerois bien proprement.
Car j'ay entendu qu'avez dict ,
Que l'elixir , sans contredict f
Des quatre élemens se commence ;
Contraires puis font alliance ;
' AU N'a point d'action»
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140 LA RESPON3I (fil
Et dites qu'il faut convertir
Les élemens. Sans point mentir ,
Ce n'est point ouvrage de main,
Nj n'appartient à lait humain
De convertir les élemens.
Mais qui sçauroit par documens,
Comme la qualité terrestre
Peut avec l'air prendre son estre ,
Symboliser avec froideur,
Et se convertir en humeur,
Qui est à dire en son contraire :
Car l'humeur ne se veut distraire
De l'élément froid et humide,
Toutefois qu'elle a meilleure ajde
Du feu , par qui est annobly
Tout le compost. Et si n'oublj
Que c'est une œuvre naturel,
Qui se fait noir, blanc, puis vermeil,
Où trojs couleurs sont évidentes,
A troys élemens respondentes ,
C'est le feu , et l'eau, et la terre,
Et lair, qui bien les sçauroit querre.
t
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D'un seul vaisseau , d'une substance ;
Car quatre ne font qu'une essence :
Dedans , c'est un , est en effect
Ce qui commence et qui parfaict.
Rien ne défaut en sa valeur ,
Sinon un petit de chaleur ,
Que l'homme administre par cure»
Provoquant ce qu'elle procure,
Par vostre art et noble sçavoir :
Et tout ce qu'est besoin d'avoir,
En icelle seule matière
Est en perfection entière ,
Qui la commence , et qui la faicfc,
Qui la continue et parfaict.
C'est tout ainsi comme d'un homme,
D'un cheval, d'un grain, d'une pomme;
Car en l'esperme retenuë ,
Est forme d'homme contenuë:
Os, chair, sang, nerfs, poils sur la peau,
Sont tous en ce petit troupeau.
» L'œuvre de la Pierre philosophais
/Google
142 LA KESPONSË (f.lt4t)
Ainsi d'un grain, ou de semence
Chase un rapporte sa semblance :
D'homme vient homme, de fruict le fruict}
Et de beste , beste s'ensuit
C'est vostre ordre, qui point ne rompt >
Qui est en vostre vaisseau rond.
Vous voulez , par vouloir louable,
Que chascun face son semblable ;
Mai* tel sçavoir et grand science,
Procède de la sapience
De Dieu , qui veut qu'ainsi soit faict,
Et vous donna en main ce faict
Or sçaj - je bien que quand le sperme
Est clos dedans le vaisseau ferme
De la femme , mais qu'il ne s'ouvre ,
Que plus ne faut que l'homme y ouvre,
Ne qu'il adjouste ou diminué
Nj chose grosse , ny menuë ;
Plus il ne s'en faut approcher,
Pour ouvrir, ou clorre , ou toucher:
Car au vaisseau est enclos tout
Ce qui parfaict jusques au bout
Puis dictes que tout ainsi est
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^ DE l'ALCHYSIISTR l43
De la pierre , que tant me plaist ;
Et qu'il ne faut qu'une matière
Toute seule mise en pouldriere,
Laquelle contient l'air et Peau
Et la chaleur en son vaisseau »
Et tout ce qui est nécessaire
Pour parfournir ce noble affaire f
Nj jamais plus toucher n'y faut,
Ny aultre chose ny defFaut,
Fors seulement y adjouster
Un petit feu , pour exciter
La chaleur , qui est au compost :
Comme Penfant , qui est repost
En la matrice chauldement,
Ainsi est l'œuvre proprement.
Puis dictes et donnez entendre,
Au moins comme je peux comprendre *
Qu'en elle est sa perfection ;
Et si ne peut son action
Mettre fin à si noble forme ,
Si l'art humain ne s'y conforme : B
J'entens art humain par science
1 La Pierre philosophale te faict par nature et art.
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144 L ^ mspoNsi (Vtl9lM
De philosophie et prudence,
Qui vienne des mains préparer
La matière , puis séparer
Le superflu , et mettre en verre
La composée et simple terre ,
Qui n'est qu'un avecques son eau ;
Et puis bien clorre le vaisseau
Dessus un fourneau bien propice.
Voilà tout quant à l'artifice :
Aultre chose l'homme n'j peut ,
Et face et die ce qu'il veut.
Mais lors vous qu'en estes l'ouvrière
Entrés dedans la pouldriere,
Après la prparation,
Faictes la dissolution.
Et le sec en eau réduisez, '
Et jusques en l'air conduisez
Par sublimation céleste ;
Tant estes -vous sage et honneste :
Enfin, toute seule vous faictes
Ce que parfait choses imparfaites.
Et pourtant , madame Nature ,
1 AL Le froid en chaud convertissez.
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et.!».! l'alchymiste. 145
Vous estes prime geniture,
Quand vous faictes les meslemens
De tous voz quatre élemens,
Qui sont ensemble par essence ,
Dont nul homme n'a cognoîssance
Fors vous : ainsi Vay entendu ,
Et cela verray en temps deu ,
Si Dieu plaist, et vous chère dame*
Je laisse le temps et le terme :
Reste de la matière avoir,
Et de bien entendre et sçavoir
Comment est tant noble et si bonne,
Et comment telle vertu donne
Si grands thresors et si parfaicts,
Qu'elle parfaict les imparfaicts.
Madame , je sçaj bien que l'or f
Est dès minières le thresor;
Toutesfoys forme ny matière
N'a qui puissance ait si entière
De passer sa perfection :
Car il n'a si grande action
De pouvoir plus que soy parfaire,
'L'or.
4. k
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146 L A RESPONSE (,.,».,
Quelque art que l'homme y puisse faire.
Et qui me vouldroit opposer,
Qu'il fauldroit le descomposer ,
Et le réduire en vif argent,
Cil seroit fol et indigent
De bon sens , et de bon sçavoir :
Veu qu'il ne peut de l'or avoir ,
Luy estant en sa propre essence ,
Plus de vertu et grand'puissance.
Qui pense donc l'homme esprouver,
Au moins quand Ton ne peut trouver
Au tout, sinon ce qui y est ?
C'est abus. Mais voicy que c'est :
Pour leur fantaisie produire ,
Hz disent qu'il convient réduire
Par leur art et science arrière
Ce corps en première matière.
Mais certes , dame , je sçay bien ,
Car tant m'avez apprins de bien ,
Que réduction ne se faict
De choses que vous avez faict
En espèce , ou individu ë ,
S'elle n'est première corrompu ë :
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f*tt*.| DE Lf A ICHTMISTE, 147
Encore après corruption
Ne se faict génération
De semblable espèce , ou s'engendre,
S'il ne tourne en celuj genre.
Et si dj plus , que l'or destruire
N'est pas chemin de le construire ;
Ny jamais homme ne sçaura
Refaire or , quand deffaict l'aura :
J'entens deffaict présupposé,
C'est -à -dire décomposé,
Qui est chose très -difficile.
Science fauldroit très-subtile,
Posé qu'on le mist bien en pouldre.
Mais de cuider tant le dissoudre,
Qu'on separast les meslements
Que vous feistes des éléments
En sa première mixtion ,
Certes c'est une question
Que jamais homme ne soùldra ,
Et dise tout ce qu'il vouldra ;
Car il endure froid et chauld ,
Ny de gros feu il ne luy chault;
Mais tant plus s'amende et affine,
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| LA RESPONSE îv.hou*
Et bien affiné ne define ,
Tant est parfaict en sa nature:
Et si est une créature
Des élemens la plus prochaine,
Qui n'a semence , sperme ou graine ,
Où se face réduction
Après la putréfaction,
Pour revenir en son espèce :
Car sa matière est trop espèce.
Mais l'or mort, là est mort son estre ;
Ne de luy ne peut plus renaistre
N'aultre metail, ni vif argent. 1
Pource ne se vante la gent ,
Et dise soubz ce mot notable ,
Toute chose fait son semblable.
C'est mal dict , quant aux minéraux ;
Mais bien est vraj des végétaux ,
Et des sensitifs vrajement:
Car i\z prennent nourrissement,
Et ilz se sèment et se plantent :
JLes métaux jamais rien ne sentent i
Et sont aussi grands au premier
« Al. Que.
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,33., DE l'ALCH Y MIS TE. 1<
Comme ilz sont en leur au dernier.
Des élemens prennent leur estre
Par vous en l'élément terrestre ;
Cest sans semer et sans planter ,
Sans cultiver ne sans anter.
Je sçay par vostre enseignement,
Qu'on ne doibt practiealement
Suivant les dictz des anciens ,
Bon philosophes tresciens ;
Mais seulement la théorique
Et spéculative practique ,
Qui est vraye et essentiale,
Et qui est nature reale :
Car en ce gist toute l'essence,
Et la matière et la substance.
Bien me souvient qu'un me disoit,
Qui sophistement m'induisoit,
Qu'on tenoit pour grand philosophe,
Qu'il me falloit pour vraye estoffe
Lors prendre le bel vif argent
Tout crud , et estre diligent
De le mesler avecques l'or :
Car des deux se faict un thresor,
iSû LA RISPONSI fr-M||
Quand bien sont joincts et accouplez,
Très -bien unis et assemblez.
L'un par l'aultre se perfera :
Et disoit, qui ainsi fera,
Aura la pierre et Felixir.
Mais, premier, il falloit jssir
Et séparer les élemens
Et tous les quatre meslemens ;
Et pour les mieulx purifier,
Chascun à part rectifier
Il falloit; et puis les con joindre,
Et réunir le grand au moindre.
Et le subtil au gros remettre :
Ce faisant on serait bon maistre,
Ce disoit, de faire la pierre.
Mais maintenant je sçaj qu'il erre
En disant telles fantasies,
Ne parlant que par tromperies :
Dont les cerveaux de telles gens
Sont de bon sçavoir indigens.
Les gens trompent, et sont trompez:
Nul d'iceulx, tant sojpept-ilz huppez,
Soit philosophe ou médecin ,
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^, DE l'àLCBYMISTE. lSl
Rien n'y entend en tel brassin.
Bien me souvient, sans contredict,
Madame , que vous avez dict
Qu'à Dieu seulement appartient ,
Qui est le créateur , et tient
Toutes choses dessoubz sa main f
De créer , comme souverain f
Des élemens toute facture :
Car c'est luj qui produict nature.
Il sçait mesler par quantité
Des élemens , la qualité
Justement proportionner ,
Bien con joindre et mixtionner
Elemens et unir ensemble
Deuëment comme bon luj semble.
Et n'est homme qui ce peut faire ,
Ne qui sçeut dire le contraire.
Car il est luy seul créateur,
Et de tout bien le conducteur :
Du monde n'est chose pourtraicte 9
Que sans luy peut onc estre faicte.
Et se taisent tous les vanteurs
Sophistes investigateurs
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1$2 LÀ RESPONSE
De Talchymie , qui se vantent
Qu'ilz cueillirent et rien ne plantent ;
Qui font par calcinations
Et par leurs sublimations
Des distillations estranges ,
Voler en fumée les anges,
Coagulations iniques,
Congélations sophistiques ,
Croire au peuple et à eulx aussi,
Qu'ilz Tout faict, et qu'il est ainsi.
Que séparation est faicte
Des quatre élemens , et parfaicte
Du vif argent et de l'or fin :
Et tout n'est rien à la parfin.
Car il est vraj , que toutes choses
Qui sont dessous le ciel encloses,
Des quatre élemens faictes sont,
Et juste quantité ilz ont
En proportion , par nature,
Bien mixtes, selon leur facture:
Non pas tous unis proprement ,
Mais en vertu distinctement :
Principalement la matière
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C*.i5i3.) I>E L'A LGHTMISTE. l53
De la pierre vraye et entière.
J'entens , au vif argent vermeil ,
Et parfaict corps, qu'on dict soleil,
Sont quatre et chascun élément
Unis inséparablement ,
Et meslez par moyens notables ,
Non par art humain separables.
Car tous les bons physiciens
Et philosophes anciens
Qui ont escript, et il est tout cler,
Que l'élément de feu et d'air
Sont enclos et tenus en serre ,
L'un en l'eau , et l'autre en la terre.
Le feu est enclos bien et beau :
En la terre , et l'air dedans l'eau ;
Et ne peut chascun élément
Monstrer sa vertu nullement ,
Sinon en l'eauë, ou en la terre :
Là sont forts et font forte guerre
Ensemble inséparablement :
Nul ne les peut realement
Séparer de ceste closture ,
Fors Dieu, et vous dame Nature.
Digitized by
1^4 LJL R1SPONSK (?<l8
Hardiment le puis affermer ,
Et physiquement confirmer :
Car le feu nous est invisible ,
Aussi l'air est imperceptible.
Celuj qui dict qu'on les peut veoir
A part , tend à nous décevoir :
Car par arguments bien notables ,
Eléments sont inséparables.
Posé que les sophistes dient
Et afferment et certifient
Qu'ilz séparent du vif argent,
Et de l'or , qui est bel et gent ,
Les élemens , ilz sont menteurs,
Veu les rajsons des bons autheurs:
Car l'élément de feu et d'air ,
Si ainsi est , doit exalter.
Mais ilz dient qu'ilz les retiennent,
Et si ne sçavent qu'ilz deviennent ;
Puisque l'air ne veut estre veu ,
Ne le feu de nul apperceu.
Et s'ilz l'ont tiré, comme ilz dient,
Ce qu'ilz touchent ilz humifient,
Qui est chose contre nature
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de l'alchtmiste. iSS
De Pair et du feu par droicture.
Puis , madame , ainsi qu'avez dict,
Et que je vous cognois par escript ,
Il n'est nul, tant soit grand docteur,
Qui peut, fors Dieu le créateur ,
Sçavoir combien et justement
Il faut de chascun élément
En un chascun su ppost physique;
A vous Dieu donne la practique.
Ne philosophe n'est tant sage
Qui sçeut par practique et usage
Composer et mixtionner
Les élemens , ne ordonner
Combien il y faut de chascun
Elément , pour bien faire aucun
Suppost, ou chose naturelle,
Spirituelle ou corporelle.
Or donc s'il les veult séparer,
Comment pourra- il reparer
Et reunir celuy compost,
Pour en refaire un vraj suppost,
Puisque il ne sçait la quantité
Des éléments et qualité ,
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lS6 L A RBSPONSE fT
De la mode de l'union ,
Et parfaicte conjonction ?
Il ne faut donc rien séparer ,
Puisqu'on ne le sçait reparer.
Laisser vous faut faire, Nature,
Qui entendez l'art et facture ,
Et qui sçavez bien disposer,
Et celle pierre composer,
Et bien faire les meslemens
Sans séparer les élemens.
Assez l'avez -vous dict, madame :
Par voz dictz , j'entens bien la game.
De séparer il n'est besoin g
Les éléments , ne prendre soing
De les reunir et conjoindre ,
Puisqu'on ne peut tel art attaindre ,
Et que c'est un secret donné
A vous , et de Dieu ordonné*
La pierre ou l'elixir, sans doubte,
Se faict de vous et parfaict toute ,
Sans séparer les élemens ;
Mais non pas sans voz instrumens *
Ne sans l'aide de l'homme sage ,
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DE l'ALCHYMlSTE. 1J7
Et qui bien entend vostre ouvrage*
Mais pour bien dénoter la note >
Voyons ce que dict Aristote :
Où le physicien faict fin,
Là commence le médecin;
Supposant pour physicien
Le très-sçavant naturien.
Dont fart d'alchymie commence»
Suivant nature et sa science.
Et tout cecj est supposé
Et par Aristote posé
En ses dictz et vrayes escriptures >
Monstrans les secrets de nature ,
Qu'un philosophe doit comprendre*
Et le médecin bien entendre.
Et aultre chose icy n'entens
Pour parvenir là où prétends :
Car Fart d'alchymie bien duicte
Sera de nature produicte.
Et afin qu'on ne s'y abuse,
Tout cela dequoy nature use ,
Procrée, produit et engendre,
Est la matière et propre gendre
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l58 LA RESPONSÉ (v.
Qui appartient h Falchymie.
Mieulx le sçavez que moy , ma mie,
'Mon honorée et chère dame ,
Que veux servir de corps et d*ame.
Or sçavez que troys choses faict
L'art d'alchymie : c'est qu'il parfaict
Le métal , et le vivifie
Comme experiment vérifie , 1
Et digère son esperit :
En ce faisant, rien ne périt.
Secondement cuit la matière
Digérant en telle manière ,
Dedans quelque vaisseau petit,
Que le corps elle convertist
Avec Fesperit tout en un,
Sans j adjouster corps aulcun.
Par quoj en cest art tant notable ,
Rien de nouveau n'y est capable.
Aussi ne s'y faict mixtion,
Sinon administration
% Al. Le métal et le vérifie.
Le soulphre impur etcrassitie,
Tollit et digère l'esprit.
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lCO DE l'ALCHTMISTE. \Sg
Des beaulx principes de nature ,
Que pour tel besoin les procure ;
Car ce qu'elle engendre et nous laisse ,
C'est ce que l'art doibt prendre en laisse.
Tiercement et dernièrement
Se preuve , que realement
Séparation ne se faict
Des quatre élemens en effect
De l'argent vif et du soleil ,
Ou or qu'on appelle vermeil ,
Pour faire la pierre parfaicte.
Le penser est erreur infecte
Contre le noble art d'alchymie
Et profonde philosophie.
Il est tout vray et sans mentir,
Et sans vérité divertir,
Que toute chose alimentée
Est d'élemens alimentée.
Or donc s'ilz sont bien disposez ,
Et pour tel suppost composez,
Comme Nature l'a produict,
S'on les départ, lors est destruict
Celuy suppost et corrumpu,
l6o LA RESPON8E (
Qui lia tous les élemens,
Et n'y a plus de meslemens.
Mais pour séparer chose faicte,
Des quatre élemens est deffaicte ,
Certes il n'est pas nécessaire ;
Ne aussi ne^e doit- il faire
Que le pere qui filz engendre
Soit deffaict : pas ne veux entendre
Qu'en ce faisant il soit destruict ;
Mais suffise qu'isse l'esprit
Génitif avecques le sperme,
Que la matrice de la femme
Reçoit et garde chauldement :
Et tel esperit, vrayement
Est de l'enfant generatif ,
Et de ses membres formatif
Avicenne en faict mencion *
Parlant de génération.
Ainsi est -il semblablement
De l'or fin , qui est seurement
De la pierre la plus estoffe ,
Comme dit le vraj philosophe.
C'est le pere qui tout instruit :
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dé l'àlchVmiste. 161
Donc ne faut pas qu'il soit destruit ,
Ne corrompu ne séparé
De ses élemens bien paré ;
Mais suffit que le soleil pere ,
Inspirant son esprit prospère,
Et que force et vertu influé
Par l'esprit dont le filz afflué
En vertu, qui est vraje pierre
De tous philosophes en terre;
Et par l'esprit seul génitif
Est formé ce filz substantif.
Madame, par vous j'aj tant sçeu
Et de voz secrets apperceu ,
Que l'art d'alchjmie est notable f
Et science très -véritable :
Et si dis que cest or vermeil
Est le vraj pere du soleil ,
De la pierre et de l'elixir ,
Dont tant de thresor peut issir i
Car il eschauffe, incere et fixe ,
Digère et teint par artifice,
Sans nulle diminution ,
Ne quelconque corruption
4- *
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(J<62 I- A RI8PONSK c?.f
De celuy or , qui est le père
Dont le filz grandement prospère.
Or doncques ne nous est possible,
Ne nécessaire , ne loisible
De deffaire les meslements ,
Ne séparer les éléments
Que nature ha portionnez ,
Et si bien joinctz et ordonnez
£n juste et deuë quantité,
Complexion et qualité ,
Au vif argent, dans et dehors,
Semblablement au parfaict corps
Du soleil, comme ha esté dict,
Qui est sentence et vray edict ,
Si nous ignorons la science
De Nature , et la cognoissance
Des mixtions et meslemens
De ces quatre beaulx élemens ,
Semblablement nous ignorons
D'iceulx les séparations.
Par quojr il est très -nécessaire
D'ensuivre Nature , et de faire
Et user de ses instrumens
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tovHL) de l'alchtmistl 16S
Comme elle faict ès élemens :
Aultrement nous ne serions pas
Vrays imitateurs de ses pas
Sans celle administration f
En ceste mesme eduction
De la forme d'icelle pierre ,
Et des moyens qu'il y faut querre :
Par lesquels moyens on recouvre
L'instrument dequoy Nature ouvre f
En la manière par art gent,
Qui donne forme au vif argent.
Faire au contraire des auteurs f
Plustost nous serions destructeurs
De ce que Nature compose ,
Et qu'elle engendre et bien dispose :
En séparant les meslemens,
Cest contre voz commandement ,
Et chose par trop détestable
Envers vous , tant bonne et notable.
Mais bien doit-on, sans nulle doubte,
Faire ainsi que dict Aristôte :
Les élemens convertiras ,
Et ce que tu quiers trouveras.
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X A RESPONSE (f.l768
Ainsi , que nature ma maistresse ,•
Vous m'avez bien donné l'addresse
Pour me conduire sagement :
Si vous remercie humblement.
J'ay tant appris de vous de bien ,
Que tout ce qu'ay fait ne vaut rien.
Je cognois que c'est grand' folie ,
Enfin perte et melancholie
De s'amuser à ces fourneaux.
En vif argent, en fortes eaux,
En dissolutions vulgales ,
En toutes choses minérales,
En feu de fumier et charbon :
Car jamais n'j a rien de bon.
Pource , madame , je conclus
Que je seraj de plus en plus
Ententif , selon vostre livre ,
De tout mon pouvoir vous ensuivre;
Car c'est le chemin et la voye
La plus seure que l'homme voje %
Et est tout certain que cest art
Nous vient par vous; mais c'est à tard,
-Non sans cause, veu la noblesse.
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f.rm.) D i l'a ICHYMISTï. i65
Et le thresor, et la haultesse
De ce grand bien et hault oracle,
Qui est en vous quasi miracle.
Or, madame, comme j'entends,
Afin que je ne perde temps ,
Sous vostre baniere et enseigne,
Ainsi que vostre dict m'enseigne ,
Avant plustost huy que demain ,
Vais à l'œuvre mettre la main,
Suivant vostre commandement ;
Et prendray tout premièrement
La matière , avec son agent ,
Qui fera ce beau vif argent,
Et la mettray dans le vaisseau
Bien clos, nette sus un fourneau
Environné d'une closture :
Et puis vous , madame Nature ,
Ferez ce que sçavez bien faire,
Afin de vostre œuvre parfaire ,
Qui tant est occulte et profonde
Que de plus riche n'est au monde.
Si vous remercie , madame ,
Du corps, et du cœur, et de l'ame,
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l66 RESP0NSE DE l'aLCHYMISTE.
Quand tous ha pieu me visiter ,
Et d'un si grand bien m'heriter :
 laquelle toute ma vie
Sois tenu , et malgré envie
Je sujrveraj voz enseignemens9
Et feraj que des élemens
J'auray celle noble teincture,
Moyennant Dieu , et vous Nature.
Cjr finwt la Response toute,
Que l'Artiste fUt en grand* doute
Devant Nature sa maistresse,
Dont en a heu trèe-gnuxF richesse.
FIN.
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■
AVIS.
La conformité des Traités suivant avec celui qui précède , et
leur rareté, m'a engagé à les joindre à la fin de cette édi-
tion de Jean de Meung. Je les ai déjà trouvés unis en plu*
sieurs éditions, etfai cru qu'on ne serait pas fâché de les
revoir ici une dernière fois*
T E ST AM ENT
ATTRIBUÉ A ARNAULD
DE VILLENEUFVE.
La Pierre des Philosophes sourdant de terre , est
eslevée ou parfaicte au feu. Saoulée du breuvage
d'eau très-claire , au moins en douze heures , de
toutes parts s'enfle visiblement. Après mise en es-
tuve d'air moyennant chaud et sec , et purifiée d'es-
trange vapeur , acquiert solidité en ses parties ;
et exténuée d'humeur superflue , devient idoine à
se briser. Cela faict , de ses plus pures parties est
esprint le laict virginal : lequel incontinent mis en
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168 TESTl MIlSf T.
1 œuf des Philosophes, est si longuement eschauffé,
par continuelle et propre chaleur , comme pour
faire couver et esclorre poussins» que estant des-
îiuée de la variété de ses couleurs , s'esjouist avec
son pareil en blancheur de neige : et dès-lors sans
danger résiste aux forces du feu croissant , jusques
à ce qu'estant teincte en couleur de pourpre» elle
sort du monument avec royale puissance.
FIN DU TESTAMENT»
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PETIT TRAICTÉ
D' A L C H Y M I E,
INTITULE
LE SOMMAIRE
PHILOSOPHIQUE
de Nicolas Flamel
Qui veut avoir la cognoissance
Des métaux et vraje science ,
Comment il les faut transmuer,
Et de l'un à l'autre muer ,
Premier il convient qu'il cognoisse
Le chemin et entière addresse
Dequoj se doivent en minière
Terrestre former , et manière.
Ainsi ne faut- il point qu'on erre f
Regarder ès veines de terre
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PETIT TRlICTI f?;ll#J
Toutes les transmutations f «
Dont sont formez en nations ;
Par quoy transmuer ils se peuvent
Dehors la minière où se treuvent ,
Estant premiers en leurs esprits :
Assavoir pour n'estre repris
En leur soulphre et leur vif argent ,
Que nature a faict par art gent.
Car tous métaux; de soulphre sont
Formez et vif argent qu'ils ont*
Ce sont deux spermes des métaux ,
Quelz qu'ilz sojent , tant froids que chauds:
L un est masle , l'autre femelle ,
Et leur complexion est telle.
Mais les deux spermes dessusdicts
Sont composez , c'est sans dedicts ,
Des quatre élemens seurement ;
Cela j'afferme vrayement.
C'est à sçavoir le premier sperme
Masculin , pour sçavoir le terme È
Qu'en philosophie on appelle
Soulphre , par une façon telle ,
N'est autre chose qu'élément
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w d'alchymie. 171
De Pair et du feu seulement.
Et est le soulphre fix semblable
Au feu , sans estre variable ,
Et de nature métallique :
Non pas soulphre vulgal inique ;
Car le soulphre vulgal n'a nulle
Substance (qui bien le calcule)"
Métallique , à dire le vrajr,
Et ainsi je le prouveray.
L'autre sperme qu'est féminin ,
C'est celuj , pour sçavoir la fin ,
Qu'on a coustume de nommer
Argent vif ; et pour vous sommer ,
Ce n'est seulement qu'eau et terre ,
Qui s'en veut plus à plain enquerre.
Dont plusieurs hommes de science
Ces deux spermes -là , sans doutance ,
Ont figurez par deux dragons ,
Ou serpens pires , se dict-on :
L'un ayant des aisles terrible,
L'autre sans aisle , fort horrible.
Le dragon figuré sans aisle ,
Est le soulphre , la chose est telle ,
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172 PETIT TRAICTK (,
Lequel ne s'envolle jamais
Du feu ; voilà le premier mets.
L'autre serpent qui aisle porte ,
C'est argent vif , qui vous emporte ,
Qui est semence féminine ,
F aicte d'eau et terre pour mine :
Pourtant au feu point ne demeure ,
Ains s'envole quand voit son heure.
Mais quand ces deux spermes disjoincts
Sont assemblez et bien conjoincts,
Par une triomphant nature ,
Dedans le ventre du mercure ,
Qu'est le premier métal formé ,
Et est celuy qui est nommé
Mere de tous autres métaux.
Philosophes de monts et vaux
L'ont appellée dragon volant:
Pour ce qu'un dragon en allant ,
Qu'est enflambé avec son feu ,
Va par l'air jectant peu à peu
Feu et fumée venimeuse ,
Qu'est une chose fort hideuse ,
A regarder telle laideure.
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d'alchymie. 173
Ainsi pour vray faict le Mercure ,
Quand il est sur le feu commun ,
C'est-à-dire , en des lieux aucun >
En un vaisseau mis et posé ,
Et le feu commun disposé
Pour luy allumer promptement
Son feu de nature asprement ,
Qu'au profond de luy est caché.
Alors , si vous voulez tascher
Voir quelque chose véritable
Par feu commun dict vegetable ,
L'un enflambera par ardure ,
Du Mercure feu de nature.
Alors , si estes vigilant ,
Verrez par l'air jectant , courant
Une fumée venimeuse ,
Mal odorante et malignieuse ,
Trop pire , en flambée en poyson ,
Que n'est la teste d'un dragon ,
Sortant à coup de Babjlone ,
Qui deux ou troys lieues environne.
Autres philosophes sçavans
Ont voulu chercher tant avant ,
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174 PETIT TRAtCÎK (W#M
Qu ilz sont figurés en la forme
D'un lyon volant sans difforme ;
Et Font aussi nommé lyon t
Pource qu'en toute région
Le lyon dévore les bestes ,
Tant soyent jeunes et propretés ,
En les mangeant à son plaisir 9
Quand d'elles il se peut saisir ,
Sinon celles qui ont puissance
Contre luy se mettre en deffense ,
Et résister par grande force
A sa fureur , quand il les force ,
Ainsi que. le Mercure foict.
Et pour mieulx entendre Teffect,
Quelque métal que vous mettez
Avecques luy , ces motz notez ,
Soudain il le difformera ,
Dévorera et mangera
Le lyon faict en telle sorte.
Mais sur ce point, je vous enhorte
Qu'il y a deux metaulx de priz f
Qui sur luy emportent le priz
En totale perfection ;
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Cnttt) D'A LCHTMIE, 1J$
L'un qu'on nomme or sans fiction ,
L'autre argent , ce ne nie aucun i
Tant est -il notoire à chascun ,
Que si Mercure est en fureur f
Et son feu allumé d'ardeur ,
Il dévorera par ses faictz
Ces deux nobles metaulx parfaictz >
Et les mettra dedans son ventre :
Ce nonobostant , lequel qu'y entre *
Il ne le consumera point ;
Car pour bien entendre ce poinct ,
Hz sont plus que luj endurciz ,
Et parfaicts en nature aussi.
Mercure est me ta il imparfaict :
Non pourtant qu'en luy ajt de faict
Substance de perfection ;
Pour vraje déclaration ,
L'or commun si vient du mercure 9
Qu'est me ta il parfaict , je l'asseure»
De l'argent je dis tout ainsi ,
Sans alléguer ne cas ne si.
Et aussi les autres metaulx
Imparfaictz , cruissaus bas et haults f
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\j6 PETIT TRÀICÏÉ
Sont trestous engendrez de luj.
Et pource , il n'j a celluy
Des philosophes , qui ne dise
Que c'est la mere sans faintise
De tous metaulx certainement.
Parquoj convient asseurement
Que dès que mercure est formé ,
Qu'en luy soit sans plus informé
Double substance métallique ;
Cela clairement je réplique.
C'est tout premièrement pour Tune
La substance de basse lune ,
Et après celle du soleil ,
Qui est un metail nompareil.
Car le mercure sans doutances
Si est formé de deux substances $
Estans au ventre en esperit
Du mercure que j'aj descript.
Mais tantost après que Nature
Ha formé iceluy mercure
De ces deux espritz dessusdictz ,
Mercure , sans nul contreditz ,
Ne demande qu'à les former
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iv.^O d'àlchtmie. 177^
Tous parfaictz , sans rien difformer ,
Et corporellement les faire ,
Sans sqy d'iceux vouloir deffaire.
Puis quand tes deux esprits s'esveillent ,
Et les deux spermes se resveillent f
Qui veulent prendre propre corps f
Alors il faut estre records
Qu'il convient que leur mere meure ,
Nommé Mercure , sans demeure :
Puis le tout bien vérifié ,
Quand Mercure est mortifié
Par Nature , ne peut jamais
Se vivifier : je promets ,
Comme il estoit premièrement ,
Ainsi que dient certainement
Aucuns triomphans alchymistes ,
Affermants en paroles mistes
De mettre les corps imparfaictz *
Et aussi ceulx qui sont parfaictz »
Soudain en mercure courant.
Je ne ày pas qu'aucun d'eux ment ;
Mais «seulement , sauf leurs honneurs f
Pour certain ce sont vrajs jengleurs.
4. M
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I78 PETIT TRAICTJE (v.,<
Il est bien vray que le mercure
Mangera par sa grande cure
L'imparfaict métal , comme plomb ,
Ou estaing ; cela bien sçait-on :
Et pourra sans difficulté
Multiplier en quantité ;
Mais pourtant sa perfection
Amoindrira sans fiction ,
Et mercure ne sera plus
Parfaict , notez bien le surplus.
Mais si mortifié estoit
Par art , autre chose seroit ,
Comme au cynabre , ou sublimé ,
Je ne le veux pas animé f
Que revifier ne se peusse.
Telle vérité ne se musse ;
Car en le congelant par art ,
Les deux spermes , soit tost ou tard,
Du mercure point ne prendront
Corps fix , ny aussi retiendront
Comme ès veines ilz font de la terre ;
Ains pour garder que nulle n'erre *
Si peu congelé ne peut estre f
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u.*t.\ D'ALCHTïII.
Par Nature â dextre ou senestre ,
Dedans quelque terrestre veine ,
Que le grain fix soudain nj vienne ,
Qui produira des deux espermes
Du mercure , et puis du vray germes ;
Comme es mines de plomb voyez ,
Si vous y estes envoyez.
Car de plomb il n'est nulle mine
En lieu où elle se confine ,
Que le vrai grain du fix n'y soit ,
Ainsi que chascun l'apperçoit ,
C'est à sçavoir le grain de l'or
Et de l'argent , qu'est un thresor
En substance et en nourriture :
A chascun telle chose est seure.
La prime congélation
Du mercure , est mine de plomb f
Et aussi la plus convenable
A luy , la chose est véritable ,
Pour en perfection le mettre ,
Cela ne se doit point obmettre ,
Et pour tost le faire venir
Au grain fix , et tousjours tenir.
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l8o PETIT TRAICTÉ (r.nU
Car comme paravant est dict ,
Mine de plomb sans contredict
N'est point sans grain fix pour tout vrajr
D'or et d'argent , cela je sçaj ^
Lesquelz grains Nature y a mis ,
Ainsi comme Dieu l'a permis ;
Et est celui-là seurement ,
Qui multiplier vrayement
Se peut , sans contradiction ,
Pour venir en perfection ,
Et en toute entière puissance ,
Comme sçaj par l'expérience.
Et cela pour tout vraj j'asseure ,
Luj estant dedans son mercure ,
C'est-à-dire non séparé
De la mine , mais bien puré ;
Car tout métal en mine estant
Est mercure , j'en dis autant f
Et multiplier se pourra ,
Tant que la substance il aura
De son mercure en vérité.
Mais si le grain en est osté
Et séparé de son mercure ,
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..nu d'àlchymi i. 181
Qui est sa mine bien l'asseure ,
,11 sera ainsi que la pomme
Cueillië verde ; et voilà comme
Dessus l'arbre 9 c'est vérité ,
Avant qu'elle ait maturité ,
Quand vous voyez passer la fleur,
Le fruîct se forme , soyez seur ,
. Lequel après pomme est nommée
De toutes gens , et renommée*
Mais qui la pomme arracherait
Dessus l'arbre , tout gasteroit
A sa prime formation :
Car homme n a eu notion
Par art , ny aussi par science ,
Qu'il sçeusse donner la substance ,
Ne taudis la peusse parfaire
De meurir , comme pouvoit faire
Basse-Nature bonnement ,
Quand elle estoit premièrement
Dessus l'arbre , où sa nourriture
Et substance avoit par Nature*
Pendant doncques que l'on attend
La saison de la pomme , estant
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l82 PETIT TRÀICTï UlW
Sur son arbre , où elle s augmente
Et nourrist venant grosse et gente ,
EF prend agréable saveur >
Tirant tousjours à soj liqueur f
Jusques à ce qu'elle soit faicte
De verde bien meure et parfaicte*
Semblablement métal parfaict ,
Qu'est or , vient à un mesme effect ;
Car quand Nature a procréé
Ce beau grain parfaict et créé
Au mercure , soyez certain
Que tousjours tant soir que matin ,
Sans faillir il se nourrira ,
Augmentera et pariera
En son mercure luy estant ;
Et faut attendre jusqu'à tant
Qu'il y aura quelque substance
De son mercure sans doutanee ,
Comme faiet sur l'arbre la pomme :
Car je fais sçavoir à tout homme ,
Que le mercure en vérité
Est l'arbre , notez ce dicté 9
De tous metaulx , soyent parfaictz,
I
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d'alchymie. 1
Ou autres qu'on dict impârfaictz :
Pourtant ne peurent nourriture
Avoir, que de leur seul mercure.
Par quojr je dy , pour deviser
Sur ce pas , et vous adviser ,
Que si voulez cueillir le fruict
Du mercure , qu'est sol qui luist ,
Et lune aussi pareillement ,
Si qu'ils soient séparément
Loingtains en aucune manière
I/un de l'autre sans tarder guiere ,
Ne pensez pas les reconjoindre
Ensemble , n'aussi les rejoindre
Ainsi comme avoit faict Nature
Au premier, de ce vous asseure f
Pour iceux bien multiplier,
Augmenter sans point varier ;
Car quand metaulx sont séparez
De la mine , à part trouverez
Chacun comme pommes petites »
Cueiller trop verdes et subites
De l'arbre , lesquelles jamais
N'auront grosseur , je vous promets.
184 PETIT TRAICTE <T,
Le monde ha assez cognoissance >
Par nature et expérience f
Du fruict des arbres végétaux ;
Et ne sont point ces mots nouveaux,
Qui dès la pomme , ou bien la poire
Est arrachée , il est notoire f
De dessus Parbre , ce seroit
Folie qui la remettroit
Sur la branche pour r'engrossi
Et parfaire : folz font ainsi ,
Et gens aveuglez sans raison ,
Comme on voit en mainte maison ;
Car Ton sçait bien certainement 9
Et à parler communément f
Que tant plus elle est maniée ,
Tant plus tost elle est consommée.
C'est ainsi des metaulx vrajment ;
Car qui voudroit prendre l'argent
Commun et l'or , puis en mercure
Les remettre , seroit stulture ;
Car, quelque grand' subtilité
Qu'on aje , aussi habileté ,
Ou régime qu'on penserait f
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l} tf A l c h y m i t. i85
Abusé on s'y trouveroit ,
Tant soit par eau , ou par ciment ,
Ou autre sorte infiniment ,
Que Ton ne sçauroit racompter,
Tousjours ce seroit mescompter ,
Et de jour en jour à refaire ,
Comme aucuns folz sur cest affaire »
Qui veulent la pomme cueillée
Sur la branche estre rebaillée ,
Et retourner pour la parfaire f
Dont s'abusent à cela faire.
Nonobstant qu'aucuns gens sçavans,
Philosophes et bien parlans f
Ont très -bien parlé par leurs dicts»
Disans sans aucuns contredicts ,
Que le soleil avec la lune ,
Et mercure , qu'est opportune ,
Conjoints , tous metaulx imparfaictz
Rendront en œuvre bien parfaietz :
Où la plus grand part des gens erre $
N'ajant autre chose sur terre f
Soient végétaux , ou animaux ,
Ou pareillement minéraux »
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î86 PETIT TRAICTÉ ^
Que ces troys estant en un corps ;
Mais les lisans ne sont records
Qu'iceux philosophes entendus
N'ont pas telz mots dicts , ni rendus ,
Pour donner entendre à chascun
Que ce soit or , n'argent commun f
Ny le vulgal mercure aussi :
Hz ne l'entendent pas ainsi ;
Car ilz sçavent que telz metaulx
Sont tous morts , pour vraj , sans defaulx ,
Et que jamais plus ne prendront
Substance ; ainsi demeureront ,
Et Pun et l'autre n'aydera
Pour parfaire f ains demeurera ;
Car il est vraj certainement ,
Que ce sont les fruicts vrayment
Cueillis des arbres avant saison :
Les laissant -là pour tel' raison :
Car dessus iceux en cherchant ,
Ne trouvent ce qu'ilz vont querant
Ilz sçavent assez bien qu'iceux
N'ont autre chose que pour eux :
Par quqy s'en vont chercher le fruict
Digitized by
M d'ALCHYMIE. 187
Sur l'arbre qui à eux bien duict ,
Lequel s'engrosse et multiplie
De jour en jour , tant qu'arbre en plie.
Joje ont de veoir telle besongne ;
Par ce mojen l'arbre on empoigne ,
Sans cueillir le fruict nullement ,
Pour le replanter noblement
En autre terre plus fertille ,
Plus triumphante et plus gentille f
Et qui donnera nourriture
En un seul jour par adventure
Au fruict , qu'en cent ans il n'auroit ,
Si au premier terroir estoit
Par ce moyen donc faut entendre
Que le mercure il convient prendre ,
Qui est l'arbre tant estimé ,
Veneré , clamé et ajrmé,
Ayant avec luy le soleil
Et la lune d'un appareil ,
Lesquelz séparez point ne sont
L'un de l'aultre , mais ensemble ont
La vraye association :
Après sans prolongation
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l88 PETIT TRAICTE ^
Le replanter en aultre terre
Plus près du soleil, pour acquerre
D'iceluy merveilleux prouffit >
Où la rosée luj suffist;
Car là où planté il estoit
Le vent incessamment battoit 9
Et la froidure , en telle sorte
Que peu de fruict faut qu'il rapporte;
Et là demeure longuement ,
Portant petits fruictz seulement
Philosophes ont un jardin ,
Où le soleil soir et matin f
Et jour et nuict est à toute heure»
Et incessamment j demeure
Avec une doulce rosée ,
Par laquelle est bien arrosée
La terre , ajant arbres et fruictz
Qui là sont plantez et conduictz,
Et prennent d'eux nourriture,
Par une plaisante pasture ;
Ainsi de jour en jour s'amendent,
Recevans fort doulce prébende;
Et là demeurent plus puissans
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r#M| d'aLCHYMI!» 189
Et forts , sans estre languissans,
£11 moins d'un an , ou environ ,
Qu'en dix mil, cela nous diron,
N'eussent faict là où ilz estoyent
Plantez , où les vents les battoyent.
Et pour mieulx la matière entendre »
C'est-à-dire qu'il les faut prendre,
Et puis les mettre dans un four
Sur le feu où soyent nuict et jour.
• Mais le feu de bois ne doit estre ,
Ny de charbon ; mais pour cognoistre
Quel feu te sera bien duysant ,
Faut que soit feu clair et luysant,
Ny plus ny moins que le soleil.
De tel feu feras appareil ,
Lequel ne doit estre plus chaud ,
Ny plus ardent , sans nul défaut ;
Mais tousjours une chaleur mesme
Faut que soit , notez-bien ce thesme :
Car la vapeur est la rosée
Qui gardera d'estre altérée
La semence de tous métaux.
Tu vois que fruictz vegetauxf
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jgo PETIT TRAICTÉ {
S'ilz ont chaleur trop fort ardente ,
Sans rosée en petite attente,
Sec et transj demeurera
Le fruict, sur la branche mourra,
Ou en nulle perfection
Jïe viendra, pour conclusion.
Mais s'il est nourry en chaleur f
Avec une humide moisteur,
Il sera beau et triumphant
Sur l'arbre où prent nourrissement ;
Car chaleur et humidité
Est nourriture en vérité
De toutes choses de ce monde
Ayant vie, sur ce me fonde ,
Comme animaux et végétaux ,
Et pareillement minéraux.
Chaleur de bois et de charbon ,
Cela ne leur est pas trop bon :
Ce sont chaleurs fort violentes,
Et ne sont pas si nourrissantes
Que celle qui du soleil vient,
Laquelle chaleur entretient
Chascune chose corporelle ,
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D* A L C H Y M I E.
Pour autant qu'elle est naturelle ;
Parquoy philosophes sçavans,
Et la nature cognoissans ,
N'ont aultre feu voulu eslire
Pour eulx, à la vérité dire ,
Que de nature aulcunement,
Laquelle il survient mesmement :
Non pas que philosophe face
Ce que nature fait et trace;
Car nature a tousjours la chose
Créée comme icy je l'expose ,
Tant végétaux que minéraux,
Semblahlement les animaux ,
Chascun selon son vray degré,
Générante , où elle ha pris gré ,
Comme s'estend sa dominance :
Non pas que je donne sentence
Que les hommes par leurs arts font
Chose naturelle et parfont ;
Mais il est bien vray quand nature
A formé par sa grand' facture
Les choses devant dictes , l'homme
Luj peut ajder, et entent comme
19* PETIT TRAICTE (M.7.,
Après par art, à les parfaire
Plus que nature ne peut faire.
Par ce mojen les philosophes
Sçavans , et gens de grosse estoffe f
Pour du vray tous vous informer f
Aultrement n'ont voulu œuvrer
Qu'en nature avecques la lune ,
Au mercure mere oportune :
Duquel après en gênerai
Font mercure philosophai t
Lequel est plus puissant et fort $
Quant vient à faire son effort ,
Que n'est pas celuj de natures»
Cela sçavent les créatures ;
Car le mercure devant dit ,
De nature sans nul desdit,
N'est bon que pour simples metaulx
Parfaicts, imparfaicts, froids ou chauds.
Mais le mercure du sçavant
Philosophe, est si triumphant ,
Que pour metaulx plus que parfaicts
Est bon , et pour les imparfaicts.
A la fin pour tous les parfaire,
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, Df A I G H T M I E, 193
Et soudainement les refaire ,
Sans plus y rien diminuer,
Adjouster , mettre , nj muer :
Comme nature les a mis,
Les laisse sans rien estre obmis.
Non que je die toutesfoys ,
Que les philosophes tous trojs
Les joingnent ensemble pour faire
Leur mercure , et pour le parfaire ,
Comme font un tas d alchimistes ,
Qui en sçavoir ne sont trop mistes ;
Nj aussi beaucoup sage gent
Qui prennent For commun , l'argent
Avec le mercure vulgal :
Puis après leur font tant de mal ,
Les tourmentant de telle sorte ,
Qu'il semble que foudre les porte;
Et par leur folle fantaisie ,
Abusion et resverie ,
Le mercure ilz en cuident faire
Des philosophes et parfaire;
Mais jamais parvenir n j peuvent ;
Ainsi abusez ilz se treuvent ,
4. N
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194 PETIT TRAICTÉ (T.
Qui est la première matière
De la pierre , et vraye minière :
Mais jamais ilz n'y parviendront r
Ni aulcun bien n j trouveront,
S'ilz ne vont dessus la montaigne
Des sept , où ny ha nulle plaine,
Et par- dessus regarderont
Les six que de loing ilz verront ;
Et au-dessus de la plus baulte
Montaigne , cognoi&tront sans faulte
L'herbe triomphante royale ,
Laquelle ont nommé minérale
Aulcuns philosophes : herbale
Appellée est saturniale. 1
Mais laisser le marc il convient ,
Et prendre le jus qui en vient
Pur et net : de cecy t'advise ,
Pour mieulx entendre ceste guise ;
Car d'elle tu pourras bien faire
La plus grand' part de ton affaire.
C'est le vraj mercure gentil
Des philosophes très -subtil,
*Aliàs: Jectet.
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Tt.585.) d'ALCH YMIK, igS
Lequel lu mettras en ta manche ,
En premier toute Pœuvre blanche ,
Et la rouge semblablement.
Si mes dits entends bonnement,
Eslis celle que tu vouldras ,
Et soje seur que tu l'auras ;
Car des deux n'est qu'une practique
Qu'est souveraine et authentique :
Toutes deux se font par voje une ,
C'est à sçavoir, soleil et lune.
Ainsi leur practique rapporte
Du blanc et rouge , en telle sorte ,
Laquelle est tant simple aisée ,
Qu'une femme filant fuzée
En rien ne s'en destourbera ,
Quant telle besongne fera;
Non plus qu'à mettre elle feroit
Couver des œufs quand il fait froit,
Sous une poulie sans lavé ,
Ce que jamais ne fut trouvé ;
Car on ne lave point les œufs
Pour mettre vieils ou neufs ,
Mais tout ainsi comme ilz sont faict
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I96 PETIT TRÀICTÉ
Sous la poulie on les met de faict ;
Et ne faict -on que les tourner
Tous les jours et les contourner
Sous la mere , sans plus de plait >
Pour soudain avoir le poullet.
Le tout je Tay déclaré ample ,
Puis après se met un exemple :
Premièrement, ne laveras
Ton mercure ; mais le prendras
Et le mettras avec son pere,
Qui est le feu , ce mot t'appere,
Sus les cendres, qui est la paille;
Cest enseignement je te baille ,
En un verre seul qu'est le nid ,
Sans confiture ny avis ,
En seul vaisseau, comme dit est,
De Thabitacle entends que c'est ,
En un fournel faict par raison ,
Lequel est nommé sa maison ;
Et de luj poullet sortira ,
Qui de son sang te guérira
Premier de toute maladie ;
Et de sa chair, quoy que Ton die.
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cm*.» d'alchymii, 197
Te repaistra, pour ta viande ;
De ses plumes , afin qu'entende ,
Il te vestira noblement,
Te gardant de froid seuremcnt :
Dont prieray l'haut créateur,
Qu'il doint la grâce à tout bon cœur
D'alchymistes qui sont sur terre ,
Briefvement le poullet conquerre ,
Pour puis en estre alimenté ,
Nourry et très -bien substanté.
Comme ce peu qu'ici déclare
Me vient du hault Dieu nostre Pere ,
Qui pour sa bénigne bonté
Le m'a donné en charité :
Donc vous fais ce présent petit,
Afin que meilleur appétit
Ayez cherchans et suyvans train,
Qu'il vous monstre soir et matin :
Lequel j'ay mis sous un sommaire ,
Afin qu'entendiez mieulx l'affaire,
Selon des philosophes sages
Les dits , qu'entendez d'avantage.
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I98 PETIT TRÀICTE d'ALCHTMIE.
Je parle un peu ruralement :
Parquov je vous prie humblement
De m'excuser , et en gré prendre ,
Et à fort chercher tousjours tendre.
FIN,
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AUTRES VERS
TOUCHANT LE MESME ART,
JJAuiheur desquelz n'est pas nommé.
En mercure est ce que querons :
De luy esprit et corps tirons ,
Et ame aussi , cPoù sort taincture
Sur toutes aultres nette et pure.
C'est uue humeur très -précieuse,
Rendant la personne joyeuse.
Faicte est de terre , eau, air et feu :
Le corps purgé, l'esprit conceu ;
Après vient la fontaine claire,
Qui ne tient en soy chose amere.
Au font deP gist le verd serpent ,
Ou lyon verd , qui là s'espand :
Si on Tesveille, il monte en hault ;
Après chet quand le cœur lui fault :
Tant il se lave et tant s'y baigne ,
Que comme rouge appert sa troigne ;
Tant est lavé de Teau de vie ,
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200
AUTRES VERS.
<*.*.*
Qu'après on ne cognoist mie ;
Puis se tourne en pierre très -cligne,
Blanche premier, et puis citrine :
Tant amoureuse est à la voir ,
Qu'on ne peut priser sans avoir.
Mets donc ta cure En un fournel,
Au vray mercure,
Qu'a fakt Nature
Avec son pere
Fait son repaire
Où il prospère :
C'est pour parfaire
Les imparfaicts ,
Ords et infects.
Mais faut que face
Que le deface
De prime face :
Pour le refaire ,
Et satisfaire
A ton affaire ,
C'est le subject
Mis au vaissel ,
Qui se fait bel
De jour en jour
Par vraje amour
Sans nul secour ;
Et si se fixe
Tout est propice,
Sans nul espice ,
Et pour guérir
Tout les esprit
Sans nul péril.
S'ainsi le fais,
Tous les infects
Seront parfaicts.
Dieu te doint grâce,
En peu d'espace ,
Que le tout face*
FIN,
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LA FONTAINE
DE S AMOUREUX
DE SCIENCE,
Composée par Jean de là Fontaine, de
Valenciennes en la Comté de Henault.
Ce fut au tems du mois de may ,
Qu'on doit fouir dueil et esmay ,
Que j'entray dedans un vergier
Dont Zephirus fut jardinier.
Quand devant le jardin passoye ,
Je n'etois pas vestu de sqye ,
Mais de pauvres draps maintenu ,
Pour n'apparoir en public nu ,
Et m'esbattant avec désir
De chasser loing mon desplaisir.
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202 LA FONTAINE
Ouy un chant harmonieux
De plusieurs oyseaux gracieux.
Adonc je regarday l'entrée
Du jardin , qui estoit fermée ;
Mais comme ma veuë estima
. Zephirus , tost la defferma :
Puis se retira , par effect
Monstrant qu'il n'avoit cela faict ;
Et quand je vis celle manière ,
Je me tiraj un peu arrière,
Et en après entraj dedans.
Du jour n'avois mangé des dents ,
J'avoye grand soif et grand faim ;
Mais portois avec moy du pain
Qu'a vois gardé une sepmaine.
Lors apperçeu une fontaine
D'eauë très-clere > pure et fine ,
Qui estoit sous une aubespine :
Joyeusement emprès m'assis f
Et de mon pain soupes y fis ;
Puis m'endormis après manger
Dedans ce gracieux verger :
Et selon mon entendement ,
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Cv.34.j DES AMOUREUX. 2o3
Je dormis assez longuement ,
Pour la plaisance que prenoye
Estant au songe que songeoye.
Or pourrez sçavoir de mon songe ,
Et s'après le trouvay mensonge.
Il est vraj qu'il me fut advis
Que deux belles dames au eler vis ,
Semblables à filles de roy ,
Au regard de leur noble arroy :
Vers moy s'en vinrent doucement ;
Et je les saluë humblement ,
En leur disant : Illustres dames ,
Dieu vous sauf et de corps et d'ames !
Plaise -vous à moj voz noms dire ;
Ce ne me vueillez esconduire.
L'une respond par grand plaisance :
Amy, j'ay nom Cognoissance :
Voici Raison , que j'accompagne
Soit par monts , par vaux , par campagne ;
Elle te peult faire moult sage.
Alors entendant ce langage ,
Et cuidant estre resveillé ,
D'un cas fus fort esmerveillé ;
204 LA FONTAINE c
Car issir veis de la fontaine ,
Qui est tant aggreable et saine ,
Sept ruisseaux que veu je n'avoye ,
M'estant couché en celle voye ,
Lesquelz m'avqyent si fort mouillé ,
Que j'en estoye tout souillé.
Là s'espandit Féauë à foison ;
Adonc priay dame Raison ,
Qui estoit avec Cognoissance >
Me dire la signifiance
De la fontaine et des ruisseaux ,
Qui sont si plantureux et beaux 9
Et à qui estoit le pourpris ,
De tous costez bien entrepris
D'arbres et de fleurs odorantes *
Arrousez des eauës courantes ,
En sorte que pareils jamais
Ne me sembloit avoir veu. Mais
Elle me dict très -doucement :
Mon ami , tu sçauras comment
Va de ce qu'as si grand désir ;
Escoute-moy tout à loisir.
En la fontaine ha une chose
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€ w*>.> DES AMOUREUX. 20S
Qui est moult noblement enclose ;
Celuy qui bien la cognoistroit ,
Sur toutes autres Taymeroit
Qui la voudroit chercher et querre ;
Et puis trouvée mettre en la terre ,
Et sécher en menuë poudre ,
Puis arrière en son eauë résoudre ,
Mais que fussent avant parties ,
Puis assemblées les parties ;
Qui la terre mettroit pourrir
En Peaue que la doit nourrir ,
Il en naistroit une pucelle
Portant fruict à double mammelle »
Mais qu'en ostast la pourriture
Dont elle ne son fruit n'ha cure,
La pucelle dont je devise f
Si poingt et ard en mainte guise ;
Car en l'air monte , en haut volant ,
Puis descend bas , à val coulant ,
Et puis en descendant faonne
Faon que Nature luy donne.
C'est un dragon qui a troys goules
Femilleuses et jamais saoules ;
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306 Î-A ÏONTAINt (
Tout autour de luy chascun rue f
L environnant ainsi qu'en ruë ,
Et poursuivant par forte chasse r 1
Tant que gresse couvre sa face f
Qui le noircist et si l'englué T
Puis le compresse et le mengue »
Elle r'enfante mesmement î
Ce se fait amoureusement ,
Plus puissant que devant grand somme
Puis le boit comme jus de pomme.
Ainsi l'enfant à sa manière
Souvent boit et r'enfante arrière ,
Tant que plus cler est que christal i
Pour vraj le fait en est jtal ;
Et quand il est ainsi luisant
En eaue , moult fort et puissant
Il pense dévorer sa mere ,
Qui ha mangé son frère et pere.
Ainsi comme Falaitte et couve ,
Le dragon la fiert de sa couve.
1 Aliàs: Mais avant par chaleur on chasse
Gresse qui luy couvre la face.
Ou Mais dessus luy faut que Von chasse , etc»
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Cvatf.) DES AMOtREUt 207
Sa mere en deux parties part ,
Qui luy aide après ce départ,
Et puis la délivre à trois goules ,
Qui Font plus tost prins que gargoules.
Alors est le plus fort du monde ,
Jamais n'est rien qui le confonde :
Merveilleux il est et puissant ;
Une once en vaut cent d'or pesant.
C'est un feu de telle nature ,
Qu'il passe toute pourriture ,
Et transmué en autre substance ,
Quant qu'il attaint à sa semblance ;
Et guerist maladie toute ,
Apostume , aussi lèpre et goutte ;
Et es vieux corps donne jeunesse ,
Et ès jeunes sens et liesse.
C'est ainsi que de Dieu miracle
Ce ne peut faire le triacle,
Ne rien qui soit sous ciel trouvé ;
Fors ceci , qui est esprouvé
Par les prophètes anciens ,
Et par docteurs physiciens.
Mais on ne l'ose plus enquerre f
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fio8 LA FONTAINE (TèU
Pour peur des seigneurs de la terre :
Oncques mais n'advint tel meschié ,
Car se faire on peut sans peschié.
Moult de sages si l'ont ajmé ,
Maudit soit qui l'ha diffamé !
L'on ne le doit onc relever
Qu'à ceuix qui veulent Dieu ajmer;
Et qui bien aiment , ont victoire
Pour servir Dieu , ajmer ou croire :
Car cil à qui Dieu donne espace
De vivre tant que en quelque place
Il ait celle œuvre labourée ,
A de Dieu la grâce impetrée
En soj , saches certainement ;
Dont prier doit dévotement
Pour les saincts hommes qui l'ont mise
En escrit selon leur devise ,
Philosophes et saincts prud'hommes,
Dont je ne sçaj dire les sommes ;
Mais Dieu leur face à tous merci f
Qui ont ouvré jusques ici :
Et ceux qui ayment la science ,
Dieu leur doint bien et patience.
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4*^1 DES AMOUREUX. 209
Sçavoir dois que celuy serpent
Que je t'ai dit premièrement ,
Est gouverné des sept ruisseaux
Qui tant sont amoureux et beaux ;
Ainsi l'ay voulu figurer ,
Mais autrement le vueil nommer :
C'est une pierre noble et digne ,
Faicte par science divine ,
En laquelle vertu abonde
Plus qu'en nulle qui soit au monde :
Trouvée est par astronomie
Et par vraye philosophie.
Elle provient en la montaigne , 1
Où ne croist nulle chose estraigne.
Sachez de vérité prouvée ,
Plusieurs sages l'y ont trouvée :
Encores la peut- on trouver
Par peine de bien labourer
Des philosophes en la pierriere *
Que tant est amoureuse et cherç.
Aisément on la peut avoir ,
* Aliàs:On trouve qu'elle croist en haut,
Àvecque» tout ce qu'il luy faut.
4* Q
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lO U FONTAINE (1
Et si vaut mieulx que nul avoir ;
Mais peine auras moult endurée ,
Avant que tu Payes trouvée ;
L'ayant , n'auras faute de rien
Qu'on trouve en ce monde terrien.
Or revenons à la fontaine ,
Pour en sçavoir chose certaine.
Celle fontaine de valeur ,
Est à une dame d'honneur,
Laquelle est Nature appellée ;
Qui doit estre moult honorée :
Par elle toute chose est faicte ;
Et s'elle y faut f tost est deffaicte.
Long- temps ha que fust establie
Celle dame , je vous affie ;
Car aussi -tost que Dieu eut faits
Les élemens qui sont parfaits ,
L'eau et l'air , la terre et le feu ,
Nature en tout parfaicte fu.
Sans Nature , ne peut plus croistre
Dedans la mer la petite oistre.
Nature est la mere à la ronde
De toutes les choses du monde*
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DES AMOURIUi 2
Noble chose est que de Nature :
Moult bien y pert à la figure
De l'homme , que Nature ha faicte ;
En quory de rien ne s'est meffaicte.
Aussi fait -il en plusieurs choses
Qui par Nature sont descloses.
Oyseaux, arbres , bestes , fleurettes*
Du tout par Nature sont faictes ;
Et ainsi est-il des metaulx ,
Qui ne sont pareils nj esgaux >
Car par elle - mesme se font
Dedans la terre bien profond >
•Desquelz plus à plein conteray
Quand Nature te monstreray ;
Laquelle je veux que tu voye ,
Afin que mieulx sujve sa voje
Et son sentier en la tienne œuvrç ;
Car il faut que là te desœuvre.
Ainsi que telz propos tenoit ,
Je yeis Nature que venoit :
Et alors , sans faire delaj ,
Droîct encontre elle m'en allay ,
Pour la saluer humblement ;
212 LA FONTAINE fv.
Mais certes tout premièrement
Vers moj feit inclination ,
Me donnant salutation.
Lors Raison dict : Voici Nature ;
A Taymer mets toute ta cure :
C'est elle que te fera estre
De son ouvrage prudent maistre»
Je Fescoutaj diligemment;
Et elle se prit sagement
A me demander d'où j'estoje »
Et qu'en ce lieu - là je queroje ;
Car il estoit beaucoup sauvage ,
Et pour les non clers plein d'ombrage.
Dame , di- je , par Dieu des cieux.
Je suis venu ci , comme cieux , .
Qui ne sçait en quelle part aller
Pour bonne adventure trouver ;
Mais je vous diraj sans attente 9
Et en bref propos mon entente.
Un moult grand prélat vey jadis ,
Sçavant , clerc prudent et subtils »
Qui parloit en commun langage*
Ainsi que faict maint homme sage »
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(t.*) des Amoureux 21Î
Du sçavoir de la médecine ,
Qu'il faisoit très haute et très -digne , f
En demonstrant ses excellences
Par moult grandes expériences
Des philosophes et leur science
Devisoit en grand9 révérence ;
Bien avoit été k l'escolle ;
Alors fut mis en une colle
Ardente , d'apprendre et sçavoir
Chose meilleure que tout avoir :
Et de luj demander m' advint f
D'où premier la science vint ;
S'en escrit on la rencontra *
Et qui fut cil qui la monstfa»
Il me reâpondié sans delajr*
Par Ces propos que vous difay.
Science si est de Dieu don »
Qui vient par inspiration ;
Ainsi est science donnée
De Dieu , et en l'homme inspirée ;
Mais avec ce apprend - on bien
. A l'escolle par son engien.
^lais avant qu'one lettre fust veuë t
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214 LA PONf AlRI fr.lg
Si estoit la science sceuë
Par gens non clercs , mais inspirez »
Qui doivent bien estre honorez ;
Car plusieurs ont trouvé scienee f
Par la divine sapience :
Et encore est Dieu tout-puissant ,
Pour donner à s on vraj servant
Science telle qui luj plaist;
De quoy à plusieurs clercs desplaist ,
Disant qu'aucun n'est suffisant ,
S'il n'a esté étudiant.
Qui n'est maître ès arts , ou docteur »
Entre clercs reçoit peu d'honneur :
Et de ce les doit-on blasmer,
Quand autruj ne sçavent loiier-
Mais qui bien punir les voudroit ,
Les livres oster leur f audroit ;
Là seroit science faillie
En plusieurs clercs , n'en doutez mie ;
Et pas ne le seroit ès laiz
Qui font rondeaux et virelaiz ,
Et qui sçavent metrifier ,
Et plusieurs choses que mestier
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t***) des Amoureux. 21S
Font à maintes gens à délivre ,
Qu'ilz ne trouvent pas en leur livre.
Le charpentier et le masson
N'estudyent que bien peu , non ,
Et si font aussi belle usine
Qu'estudians en médecine ,
En loix et en théologie ,
Pour avoir pratiqué leur vie*
Dès lors fus grandement épris
D'employer du tout mes espris ,
Tant que par vraye expérience ,
Avoir peusses la cognoissance
De ce que maint homme désire ,
Par grâce du souverain sire.
Mon conte Raison et Nature
Bien escoutojent 9 je vous asseure ;
Puis à Nature dis : Madame ,
Helas ! tousjours de corps et d'ame
Suis en travail , voulant apprendre
Science où ne puisse mesprendre ,
Pour avoir honneur en ma vie ,
Sans ce que nul y ait envie ;
Car tout mon bien je vueil acquerre
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5i6 Ii A FONTAINE
Comme les laboureurs de terre »
La terre fouir et houër t
Et puis sa semence semer ,
Comme font les vrais laboureurs ,
Qui sont leurs biens et leurs honneurs :
Et pour cela prier vous vueil ,
Que vous me dictes de vos vueil ,
Comme on nomme celle fontaine
Qui tant est amoureuse et saine.
Elle respond : Amj, de voir.
Puisque desirez le sçavoir 9
Elle s'appelle , pour le mieux ,
La Fontaine des Amoureux.
Or te doit -il estre notoire ,
Que depuis Eve nostre mere ,
J'ay gouverné trestout le monde ,
Si grand comme il est & la ronde :
Sans moj ne peut chose régner,
Si Dieu ne la veut inspirer.
Moj qui suis Nature appellée f
J'aj donc la terre environnée
i Dehors , dedans et au milieu :
En toute chose prins mon lieu ,
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} DES AMOUREUX. il?
Par mandement de Dieu le Père :
De toutes choses je suis mère ,
A toutes je donne vertu ;
Sans moj n'est rien , ne oncques fu
Chose qui soit sous le ciel trouvée 9
Qui par moj ne soit gouvernée.
Mais puisque tu entends raison ,
Je te vueil donner un bel don ,
Par lequel , si tu veux bien faire ,
Tu pourras paradis acquerre ,
Et en ce monde grand9 richesse ,
Dont te pourra venir noblesse ,
Honneur et grande seigneurie ,
toute puissance en ta vie ;
Car en joye tu Fuseras »
Et moult de nobles faicts verras
Par celle fontaine et caverne f
Qui tous les sept metauhc gouverne.
Hz en viennent , c'est chose claire ;
Mais de la fontaine suis mere ,
Laquelle est douce comme miel ,
Et aux sept planettes du ciel
Comparée est ; sçavoir, Saturne »
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2l8 LA FONTAINE f*^j
Jupiter , et Mars et la Lune ,
Le Soleil , Mercure et Venus :
Entends - bien , tu y es tenus*
Lés sept planettes que j'ai dict f
Àccomparons sans contredict
Aux sept metaulx venans de terre *
Qui tous sont faits d'une matière..
L'or entendons par le soleil ,
Qui est un metail sans pareil ;
Et puis entendons par l'argent ,
Luna le metail noble et gent;
Venus pour le cuivre entendon ,
Et aussi c'est moult bien son nom. r
Mars pour le fer ; et pour l'estain.
Entendons Jupiter le sain ;
Et le plomb pour Saturne en bel ,
Que nous appelions or mesel.
Mercurius est vif argent ,
. Qui a tout le gouvernement
Des sept metaulx ; car c'est leur mere ,
Tout ainsi que si les compère :
Qui les imparfaits peut parfaire »
Après le te voudray retraire.
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,0 DES A M O Û R E U X. 21$
Or entends bien que je diray f
Et comme je declareray
La Fontaine à dame Nature ,
Que tu vois ci près en figure.
Si tu sçais bien mercure mettre
En œuvre , comme dit la lettre ,
Médecine tu en feras ,
Dont paradis puis acquerras.,
Avecques l'honneur de ce monde ,
Où grand' planté de bien abonde.
Sçavoir dois par astronomie ,
Et par vraje philosophie ,
Que mercure est des sept metaulx
La matière et le principaulx ;
Car par sa pesanteur plombasse , H
Se tient sous terre en une masse,
Nonobstant qu'elle est volative ,
Et ès autres moult conversive ;
Et est sous la terre trouvée ,
Tout ainsi comme est la rousée ;
Et puis en Tair du ciel s'en monte :
Moj Nature le te raconte.
Et si après peux concevoir %
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220 1-A FONTAINE
Qui en veut médecine avoir
Mercuriale , en son vessel
Le mettra dedans le fournel f
Pour faire sublimation ,
Qui est de Dieu un noble don ,
Laquelle je te veux monstrer
A mon pouvoir et figurër ;
Car si tu ne fais purs corps et ame ,
Jà ne feras bonne amalgame ,
N'aussi bon parachèvement :
Mets -y donc ton entendement.
Or entends si tu veux sçavoir;
Mieulx vaut bon sens que nul avoir :
Frens ton corps et en fais essai ,
Comme autres ont faict , bien le sçai :
Ton esprit te faut bien monder ,
Ains que puisses incorporer.
Si faire veux bonne bataille ,
Vingt contre sept convient sans faille ;
Et si ton corps ne peux détruire ,
Vingt à ce pas il faut qu'il muire. 1
Si est la bataille première ,
*AUà9; Vingt encontre convient, etc.*
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M DES AMOUREUX. 321.
De mercure très- forte et fiere »
Après rendre lui convient faire »
Ainçoys qu'on en puist rien attraire.
Quand à ton vouloir entrepris
Rendu seras , lors estant pris,
Si tu en yeux avoir raison ,
L'enfermeras dans la prison ,
D'où il ne se puisse bouger ;
Mais d'un don le dois soulager,
Ou pour toj rien ne voudra faire *
Tant que luj feras le contraire ;
Et si faire luj yeux plaisir ,
11 le te convient eslargir f
Et remettre en son premier est» %
Et pource seras - tu son maistre :
Autrement , sçavoir bien ne peux
Ce que tu quiers et que tu veux ;
Mais par ce point tu le sçauras ,
Et à tout ton plaisir viendras ,
Mais que tu faces de ton corps
Ce dont te fais ici le recors.
Faire dois donc , sans contredit.
Premier de ton corps un esprit f
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Et l'esprit reincorporer
En son corps sans point séparer ;
Et si tout ce tu ne sçais faire ,
Si ne commence point l'affaire.
Après ceste conjunction ,
Se commence opération ,
De laquelle , si tu poursieux ,
Tu auras la gloire des cieux.
Mais tu dois sçavoir par ce livre
Que moi Nature te délivre *
Que le mercure du soleil
N'est pas à la lune pareil ;
Car tousjours doit demeurer blanche ,
Pour faire chose à sa semblance ;
Et celuj qui au soleil sert ,
Le. doit ressembler en appert ,
Car on le doit rubifier :
Et c'est -là le labeur premier.
Et puis assembler les peut- on »
Comme j'aj dit , en ma maison ,
Çy- devant que tu as ouje ,
Qui se doit trouver en l'ouje.
Et si ce ne sçaurois entendre *
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L) DES AMOUREUX. 22$
En ton labeur pourrais mesprendre »
Et à Fadventure perdrais
Long temps , et en vain l'userais ;
Et s'a mon dit sçais labourer ,
Seurement y peux procéder.
Or as -tu un point de ceste œuvre
Que moi Nature te descueuvre?
Si te faut par bonne raison ,
Faire après congélation
De corps et de l'esprit ensemble »
Tant que l'un à l'autre ressemble ;
Et puis te convient par bon sens
Séparer les quatre élemens ,
Lesquelz tous nouveaux tu feras ,
Et puis en œuvre les mettras.
Premier tu dois le feu extraire f
Et l'air aussi pour cest affaire »
Et les composer en après.
Ce, te dis cj par mots exprès ,
Que la terre et l'eau d'autre part
Servent moult bien à celuj art ,
Et aussi fait la quinte-essence; 1
» Aliàs ; Et en faUant,
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234 L A FOWTAIKI
Car c'est de nostre fait la cence. 1
Quand tu as les quatre trouvez ,
Et l'un de l'autre séparez ,
Ainsi que j'ai dit par dessus ,
Ton faict sera demi conclus.
Or peux procéder , moyennant
Que tu faces ce que devant
Je t'ai en ce chapitre dit.
Tu le mettras au four petit :
Cela s'appelle mariage >
Quand il est fait par homme sage ;
Et aussi c'est moult bien son nom.
Or entendez bien la raison ;
Car masculin est fort liable
Avec féminin amiable ;
Et quand purs et netz sont trouvez »
Et l'un avec l'autre assemblez
Génération fort certaine ,
Si que c'est une œuvre hautaine,
Et qui est de grande substance.
Ainsi est» il d'autre semblance
De maint homme et de mainte femme >
'Aliàt: Science.
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t,j3k ) BIS AMOtJRllJt 225
Qui ont bon loz et bonne famé ,
Par leurs enfans qu'ilz sçavent faire,
Dont chascun doit priser l'affaire ,
D'oiseaux , de bestes et de fruicts.
Autrement prouver je le puis :
Mettez d'un arbre la semence
En terre pour bonne science ;
Après la putréfaction ,
En viendra génération.
Par le froment le peux sçavoir ,
Qui vaut mieulxque nul autre avoir :
Semant un grain , en auras mille ;
Là ne faut estre moult habile ;
Ne oncques ne fut créature
Qui dire peut à moj Nature , *
Naissance aj pris sans te chercher ,
Tu ne peux rien me reprocher.
Et ainsi des metaulx est -il,
Dont mercure est le plus subtil :
Dans le four est mis , ou son corps , a
* Aliàs: Comme.
• Aliàs: Quant il est mis dedans son corps,
11 le convient énamourer
De son pareil t puis labourer , etc.
4- *
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26 LA FONTAINE <
Que je t'ay dit en mes records ;
Et de ce faire il est moult prest ,
Ainsi que verras ci -après.
Là luy convient énamourer
Son pareil , et puis labourer ;
Mais ains qu'à fin puisse venir,
D'ensemble les faut despartir ;
Mais après celle despartie,
Se Rassemblent , je vous affie.
La fois première est fiançaille ,
Et la seconde Tespousaille ;
A la tierce fois par droicture ,
Assemblées en une nature ,
C'est le mariage parfaict ,
Auquel gist trestout nostre fait.
Or entens bien comme j'ay dict ,
Car pour vray en rien n'ay mesdit,
Quand tu les auras séparez ,
Et peu à peu bien reparez ,
En après les r'assemblerés ,
Et l'un avec l'autre mettrés.
Mais te souvienne en ta leçon ,
Du proverbe que dit Caton :
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DIS AttOtRKtll
L'homme qui lit et rien n'entend ,
Semble au chasseur qui rien ne prend*
Si apprens donc à bien entendre ,
Àffin que ne puisses reprendre
Les livres , ne les bons facteurs ,
Lesquelz sont parfaictz entendeurs ;
Car tous ceulx qui nostre œuvre blâment ,
Ne la cognoissent , ne l'entendent.
Celuy qui bien nous entendroit ,
Moult tost à nostre œuvre viendrait :
Plusieurs fois a esté ouvrée ,
Et par philosophes esprouvée f
Mais plusieurs gens tenus pour sages ,
La blasment , dont ilz sont folages ;
Et chascun les en doit blasmer ,
Qui a sens en foi sans amer.
Mais louer doit-on bien et bel ,
Tous ceux qui aiment tel joyel ,
Et qui le pensent à trouver
Par peine de bien labourer :
Et doit- on dire , c'est bien faict ,
Loz mérite leur bel effect.
Or avons -nous dict une chose
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228 I. A F O N T A I N ï (,.5,1».)
Qu'il faut que briesvement soit desclose ;
C'est que si bien procéder veulx ,
Tu faces l'union des deulx ,
Tant que fiancez puissent estre
Ou vaissel , qui en sçait bien l'estre ;
Et puis pour ton faict séparer ,
Le te convient bien ordonner.
Et pour t'en dire la façon ,
Ce n'est que résolution ,
Laquelle te faict grand mestier :
Se poursuivir veulx le mestier ,
Elle doit le compost deffaire ,.
Ainsi que tu en as affaire ,
Tant que chascun à part lui soit.
Et puis ayant la terre soif '
De l'eau du ciel par droicture ,
Car ilz sont tous d'une nature ,
C'est rayson que soit abreuvée ,
Et de mov sera gouvernée.
Or t'ai- je dit sans rien mesprendre ,
'Aliàs : Quand tu verras la terre seiche ,
De l'eau du ciel fais qu'elle leiche ;
Car ilz sont tous d'une nature:
Laboure doncques par droicture.
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t) DE S ÀMOURÏIfï. 229
Comme ton corps peut ame prendre »
Et comme les faut despartir f
Et l'un d'avec l'aultre partir ;
Mais la despartie , sans doute ,
Est la clef de nostre oeuvre toute.
Par le feu elle se parfaict ,
Sans lui l'art seroit imparfaict.
Aulcuns dyent , que feu n'engendre
De sa nature fors que cendre ;
Mais , leur révérence sauvée ,
Nature est dans le feu entée ;
Car si Nature n'j estoit ,
Jamais le feu chaleur n'auroit :
Et si prouver je le voulois f
Le ciel en te.smoing ye prendrais. 1
Mais quoj ! nous lairrons ce propos ,
Et aultre dire voulons loz.
Et quand ce parler entendis 9
Le mot en mon cœur escriyis ,
Et dis : Noble dame d'arroy ,
Vueillez un peu entendre à mojr ,
Et revenons à ces metaulx 2
1 AI. Sol • Al. Aux sept
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23o L A FONTAINE t
Dont mercure est le principaulx , ,
Et me faites , vous et RajsQn ,
Aucune déclaration ,
Ou de vostre fait suis abus ,
Pource que dit avez dessus :
Car vous voulez que je defface
Ce que j'ai fait de prime face ,
Et expressément vous le dites»
Je ne sçajr si ce sont redites ,
Ou si parlez par paraboles ;
Car je n'entens point vos escoles.
Amy , ce respondit Nature ,
Comment entends -tu le mercure
Que je t'ay cjr-devant nommé ?
Je te dis qu'il est enfermé »
Encores que souvent advient
Qu'en plusieurs mains il va et vient
Le mercure que je te lo f
Surnommé de mercurio >
C'est le mercure des mercures ;
Et maintes gens mettent leurs cures
De le trouver pour leur affaire :
Ce n'est le mercure vulgaire:
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n.) DES AMOUREUX.
Sans moy tu ne le peulx trouver ;
Mais quand tu en voudras ouvrer ,
Moult te faudra estre autentique ,
Pour parvenir à la pratique
Par laquelle pourras avoir
De noz faitz un très -grand sçavoir.
Les metaulx te faudra cognoistre ,
Ou ton faict ne vaudra une oistre.
Or , pour entendre mieulx la guise,
Je te diray où l'œuvre est mise ,
Mesmement où elle commence ,
Si tu es fils de la science ;
Et cil qui y veut parvenir ,
Faut qu'à ce point sache venir ,
Ou rien ne vaudra son affaire ,
Pour labeur qu'il y sache faire.
Pource nommé- je la Fontaine ,
Qui est tant amoureuse et saine ,
Mercure , celui vrai surgeon
Qui cause est de perfection.
Or entens bien que je diray ,
Car pour vray riens ne mesdiray.
Celuy mercure sans pareil ,
232 LA IONTAINI t
Peux-tu trouver ou le soleil f
Quand il est en sa grand9 chaleur*
Et qu'il fait venir mainte fleur ;
Car après fleurs viennent les fruits :
Par ce point prouver je le puis ,
Et encores par cent manières
Qui sont à ce fait moult legieres ;
Mais cestuy-cy est le principe»
Et pour cela le te recite*
Certes je ne t'ay abusé ,
Car pour voir il y est trouvé ;
Et s'en luna veux labourer ,
Autant bien Yy pourras trouver ,
En saturne et en jupiter ,
Et en mars , que je nomme fer.
Dedans venus et en mercure
On peut bien trouver la plus sure ;
Mais , quant à moj , je l'ay trouvé
Au soleil , et puis labouré ,
Et pource t'en ay faict ce livre f
Que tu m'entendes à délivre. 1
Dedans luna saches de voir 9
p JUàs : Afin que l'entende à délirr*
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DES AMOUREUX. «3£
Ay- je pris mon premier avoir ;
Encore dj-je aiïx entendeurs ,
Que c'est tout un des deux labeurs ,
Excepté rubifiement,
Qui sert au soleil noblement :
Et plus dire ne t'en sçauroje ,
Se la pratique ne monstroje :
Et celle ne te puis retraire ,
Sinon que tu le vqye faire.
Mais ajes bien en ta mémoire
Ce que je t'aj dit jusqu'à voire.
Estant à résolution 9
Faire dois inbibition :
Mais ne commence point à faire
Ce que t'ajr dit sur telle affaire ,
Si n'as probation du faict ,
D'avoir bien resoult l'imparfaict ;
Et si tu peux passer ce pas ,
Recorpore- le par compas ,
En revenant au fait premier :
L'autre ne fut que messagier :
Veoir tu le peux évidemment » •
Comme se fait Iegierement»
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34 t A F O N T A I * K - <
Par plus bref tu ne peux venir
Au plus fort de ton advenir ;
Et si tu Tentens pour certain f
Tu ne laboureras en vain.
Et après ce labeur cj fait ,
Te faut refaire le défiait :
Putréfaction est pour voir ,
Dont il doit naistre un noble avoir :
En ce point -là gist la mestrise ,
Auquel tout nostre fait s'attise ;
Et quoi que t'aye dit devant ,
Icj gist tout le convenant.
Dans le four est mis l'appareil ,
Tu en doibs avoir un pareil ;
Car germe fault premier pourrir,
Qu'il puisse dehors terre jssir :
Mes mes la semence de l'homme ,
Que pour probation te nomme ,
Se pourrit au corps de la femme ,
Et devient sang, et puis prent ame,
Mais en forme de créature.
Ce secret cjr te dit Nature.
Car une chose en devra naistre ,
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et.*.) DES AMOUREUX. 235
Que sçaura bien plus que son raaistre,
Pour aliaicter les quatre enfans ,
Qui sont desja venus tous grans ,
Lesquelz élemens sont nommez »
Et l'un de l'autre séparez.
Or as -tu cinq choses ensemble ,
Et Tune l'autre bien ressemble :
Aussi n'est-ce qu'une substance ,
Toute d'une mesme semblance.
Là doit l'enfant manger sa mere ,
Et après destruire son pere :
Fleur , et laîet , et fruict avec sang ,
Convient trouver en un estang.
Or regarde dont le laict vient ,
Et que là sang faire convient ;
Si ce ne sçez considérer ,
Tu pers ta peine à labourer :
Et si tu me sçez bien entendre ,
Si laboure sans plus attendre ;
Car tu as passé le passage
Où demeure maint fol et sage.
Là tu te peux un peu poser :
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536 LA FONTA lSï
Et poursui tant que face issir
Fruict parfaict, qu'on nomme elixir;
Car par œuvre sciencieuse ,
Se faict la pierre précieuse
Des philosophes de renom ,
Qui en sçavent bien la rayson :
Çt n'est jojel , ne mal avoir ,
Qui puisse cel pierre valoir :
Si ses effectz Veux que je die ,
Guérir peut toute maladie.
Aussi par se$ très -nobles faictz f
Parfaict les metaulx imparfaictz ,
Et ne faict plus chose du monde ,
Fors ceste où grand' vertu abonde.
À merveilleux faictz et encline ,
Pourtant la nommons médecine ;
Et de toutes les aultres pierres,
Que maints princes tiennent pour chères
Nulle peut tant resjouir l'homme ,
Que ceste -cy que je te nomme.
Et pource je t'en fais mémoire ,
Que tu le tiennes pour notoire ;
Car sur toutes pierres du monde ,
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0#, DES AMOUREUX. 2Z7
Vertu dedans la nostre abonde ;
Et pour ce doit faire devoir ,
De gaigner un si noble avoir :
Si tu me veulx bien ensuivir ,
A ce poinct pourras advenir.
Apprens bien , si feras que sage ;
Car je t'ajr jà dit tout l'usage
Au four , tu le pourras bien veoir ,
Auquel doit estre ton avoir ,
Faisant par un certain attour ,
De putréfaction le tour.
Plus , t'ay appris que de ces pars
Ton œuvre demeure en deux pars :
De ce rien plus ne te diraj ,
Jusques en toj veuë j'auray
Service , pourquoj te le die ;
Car aultrement ferois folie.
Mais quand tu l'auras desservy ,
En brefs mots je te l'auraj dy.
Pource ne m'en demande plus ;
Je n'ay que trop dit du surplus.
Et quand j'eus entendu Nature ,
Qui de parler plus n'avoit cure ,
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238 LA ÏONTAIRI tT-ft
Pour ses ouvrages déclarer,
Moult tendrement prins à plourer ,
Et dis : Noble dame d'arroy ,
Vueillez avoir pitié de moy ,
Ou jamais ne seray délivre
De ce qu'ay trouvé en un livre ;
Dites -moy, dame noble et bonne ,
L'avance , si ferez aumosne.
Lors respondit : Plus n'en sçauras >
Tant que desservy tu l'auras.
Helas ! dis -je lors , dame chère ,
Vueillez -moy dire la manière
Comment le pourray desservir ;
Car à tousjours veulx votis servir
Loyaulment sans ailleurs penser.
Je ne vous puis récompenser ,
Ne augmenter vostre richesse :
Service vous feray sans cesse ,
Si me donnez tant noble avoir.
Que des vostres me recevoir*
Adonc Nature me respondit :
Filz , tu sçais ce que je t'ay dict ;
Mais si me croy , d'ore- en -avant
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< r.Ml D » 8 AMOURÊUX.
Pourras bien estre plus sçavant.
Dame , dis- je , par Dieu des cieulx f
Je voudroye bien estre cieulx
Qui doit servir pour tel affaire ,
Tout son vivre sans rien meffaire :
Vueillez-moy donc voz plaisirs dire,
Car je ne veux rien contredire.
Lors dit Nature , sans mesprendre :
Beau filz , il te convient apprendre
A cognoistre les sept metaulx ,
Dont le mercure est principaulx ,
Leurs forces , leurs infirmitez
Et variables qualitez.
Après apprendre te convient
Dont soulphre , sel et huile vient ,
Dequoj nous te faisons mémoire ,
Qui te fera mestier encoire.
Moult est le soulphre nécessaire ,
Et si donnera prou à faire :
Sans sel ne peux mettre en effect
Utile chose pour ton faict.
D'huile tu as mestier moult grand ,
Sans luy ne feras faict dagrant ;
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,240 FONTAINI (T.m)
De ce te doit bien souvenir f
S'à nostre œuvre veulx parvenir*
Un mot te diray , or l'entend f
Dequoy tu seras bien content :
Un métal en un seul vaissel
Te convient mettre en un fournel ;
C'est mercure que je t'expose :
Et si n'y faut nulle aultre chose ;
Mais pour l'abrègement de l'œuvre ,
De poinct en poinct le te descueuvre.
Or tç vueil- je dire de For f
Qui des metaulx est le thresor :
Il est parfaict , nul ne l'est plus
De ceulx que j'ai nommés dessus.
La lune l'est , et ne l'est mie ,
De vray je le te certifie.
Il n'y a qu'un métal au monde
En qui nostre mercure abonde »
Et s'y est en tous sept trouvé ;
Moult bien ay cecy esprouvé.
L'or est chaud et sec par droicture ;
La lune est froide en sa nature ;
Saturnus est pesant et mol :
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tr.dp.) DES AMOUREUX. 24!
En ce peut-il ressembler Sol ?
- Plusieurs Clercs de parler ignel,
Le veulent nommer or mesel.
Venus bien la lune ressemble *
En paix et en forger ensemble»
Mercure froid et humide est ,
Tesmoîng est Jupin qui en naist.
Mars est dur et pesant et froit ;
Des autres tous c'est le conroit.
Soït leur nature dure ou tendre ,
Il les convient tous sept comprendre
Comme les aj nommez dessus ,
Et cognoistre bien leurs vertus ;
Et par ce point , après feras
De mercure ce que voudras.
Las ! dis- je , dame , il sera fait :
Dictes -moj l'avance du faict ,
Et comment pourray retraicter
Ce qu'ay veu en vostre verger :
Car oncques mais puis que fus né ,
Je ne fus tant énamouré
De chose nulle de ce monde :
Je crqy que vertu y abonde ,
4. Q
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I LA FONTAINE (?9li)
Je le tiens pour secret de Dieu ,
Qui révélé soit en ce lieu.
Lors dit Nature : Tu dis voir f
Et c'est du monde tout l'avoir :
Car de ma Fontaine provient
Grand' richesse , d'où l'honneur vient
Au monde en diverse manière :
A plusieurs suis comme minière*
Et pource que tu es venu
Icy sans aucun revenu ,
Et que tu as volonté bonne
De labourer comme personne ,
Désirant bon -heur rencontrer ,
L'avance je te vueil monstrer.
Dit t'ay au chapitre notoire ,
Je ne sçaj si en as mémoire ,
Qu'en deux parties gist ton œuvre ;
Mcjy Nature le te descœuvre.
Faiz ton soulphre penetratif ,
Par feu devenir attractif,
Et puis luj fais manger sa mere :
S'auras accomplj nostre affaire.
Metz la mere au ventre à l'enfant ,
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%) DES AMOUREUX. 24$
Qu'elle ha enfanté par devant :
Puis si sera et pere et fils 1
Tou parfaict de deux esperitz.
Pour vray il n'en est autre chose ,
Fors ce que cy je t'en expose ;
Et si tu y veux adjouster
Chose estrange , ou administrer
Soulphre , sel , huyle > n'autre riens »
Pour voir ton fais ne vaudra riens ;
Car terre si ne peut porter
Autre fruict qu'on y veut semer.
Créature faict créature ,
Et beste , beste a sa nature ;
Ainsi est de toutes semences :
Tiens ce propos de mes sciences.
Beau filz , ne àj que ce soit gale :
11 faut que tout monte et avale
Par un chemin moult gratieux ,
Moult plaisant et moult amoureux,
La vqye que j'ay préordonnée , 2
1 A lias, Poursuy-Ie à venir attractif.
• Aliàs. La nostre eaue pure ordonnée,
Tout ainsi va que la rosée.
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h LA FONTAINE (r.w
Tout ensement que de rosée ;
En l'air du ciel la faut monter :
Et puis doulcement avaler ,
Par un très-amoureulx sentier,
Lequel on doit bien retraictier :
En la descente qu'elle faict r
Enfante le soulfre parfaict ;
Et si à ce point peulx venir ,
Tu peulx bien dire sans mentir ,
Que d'or pourras avoir sur terre ,
Grande quantité sans meffaire ;
Car si toute la mer estoit
De métal , tel qu'on le voudrait ,
Cuvvre , argent vif, plomb ou estain ,
Et tu en misses un seul grain
Dessus , quand seroit eschauffée ,
31 en soudroit une fumée ,
Qui menroit merveilleux arroj :
Et après se tiendroit tout cqy ;
Et puis quand seroit appaisée
La fumée , et toute accoisée
La mer , trouveroit plus fin or
Que nul roy ayt en son thresor.
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€▼,581.) DES À M O UH E U X. 24-5
Or vueil au propos retourner ,
Que devant pour bien gouverner,
Quand ton soulfre sera mangé ,
Ton mercure mortifié ;
Tien -le en prison quarante jours ,
Et puis tu verras tes amours :
Et Dieu t'en laisse si bien faire ,
Que paradis puisses acquerre.
Tu vois ici bien ordonnée
La prison que je Vay nommée ,
Par foy la te baille en figure :
Or te souvienne de Nature ,
Qui t'a voulu administrer
Si noble don , et révéler
La science très - admirable ,
Et en ce monde vénérable ,
Aultrement ne peut estre faicte
La pierre que je t'aj retraicte.
Vois doncques bien les escriptures
De nos livres , où par figures
Demonstrée est ceste science ,
Qui est la fleur de sapience , *
1 Ceci est pris de Hermès.
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ï\6 LA FONTAINE t,
Vraye chose sans nulle fable ,
Très- certaine et très -véritable.
Le dessous si est tout semblable
A ce qui est dessus muable ,
Pour perpétrer à la fin close ,
Miracle d'une seule chose :
Comme de seule chose furent ,
Et par la pensée d'un creurent
Toutes les choses que sont nées ,
Si nos œuvres sont d'un créées.
Le beau soleil en est le pere ,
Et la lune la vraye mere :
Le vent en son ventre le serre :
Sa nourrisse si est la terre ,
Le pere est du thresor du monde ,
Et grand secret icy se fonde.
Sa force si est toute entière ,
Quand il retourne en terre arrière ,
Sépare la terre du feu ,
Par engin et en propre lieu ,
Et doulcement le gros despart
Du subtil , que tiendra à part.
Lors montera de terre ès cieulx ,
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5w) DES A M O U R E U X. 247:
Et descendra devant tes jeulx ,
Recevant vertu souveraine
Avec sa force terrienne ;
Ainsi parviendras à grand' gloire ,
Par tout le monde ayant victoire.
C'est des forces toute la force f
I<à où maint se peine et efforce.
Les subtiles choses vaincra ,
Et les dures transpercera.
Merveilles sont moult convenables ,
Dont avons les raysons notables.
Mon nom est Jean de la Fontaine i.
Travaillant n'ay perdu ma peine ;
Car par le monde multiplie
L'œuvre d'or que j'ay accomplie
En ma vie , par vérité ,
Grâces à saincte trinité ,
Qui de tous maulx est médecine
Vraye , et par effect la plus fine f
Qu'on peut en au le une part querre ,
Soit en mer, soit en toute terre : .
Et du metaîl impur , l'ordure
Chasse , tant qu'en matière pure
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2^8 X A FONTAINE fv.,
Le rend: c'est en metail très-gent*
De l'espèce d'or ou d'argent.
L'œuvre se faict par ce mojen ,
Et si n'j faut nul aultre engien 9
Selon mon petit sentiment ,
Le trouve véritablement.
Pource vueil- je nommer mon livre r
Que dit la matière , et délivre
L'artifice tant précieux >
La Fontaine des Amoureux
De la sciènce très -utile ,
Descripte par mon petit stile.
Faict fut par amoureulx servage »
Lorsque n'estqye jeune d aage ,
L'an mil quatre cens et treize 9
Que j'avqye d'ans deux fois seize;
Complj fut au mois de janvier,
En la ville de tyontpelier.
Quelqu'un adjouste :
Cj finist Jean de la Fontaine 9
Qui tenant icelle œuvre hautaine
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- fv.Mrf*) DES AMOUREUX. 249
Comme un don de Dieu très -secret ,
Doit faire tout homme discret.
Tout Fart qui est de si grand pris f
Peut estre en ces deux vers compris:
Sifixum solvas , faciasque volare solutum ,
Et volucrcmfigas , faciet te vivere tulunu
FIN.
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BALADE
DU SECRET
DES PHILOSOPHES.
C^ui les deux corps veulx animer,
Et leur mercure hors extraire ,
L'ardent d'iceulx bien sublimer,
L'ojsel volant après retraire :
L'eau te convient par art distraire 9
Des deux unis parfaictement ,
Puis le mettre en vas circulaire ,
Pour fruict avoir très -excellent.
Le pélican faut permuer :
De son vaissel ne me puis taire.
N'oublie pas le circulier ,
Par feu subtil de très -bon aire :
Luy fusant te fauldra fix faire,
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252 BALADE.
Et le fix encores volant.
Dont viendra , par temps luminaire ,
Pour fruict avoir très -excellent.
Pas ne fais ce sans altérer
Nature , par voje contraire :
Car aultrement ne peulx muer
La substance , et teincture faire.
Enfin luy faut electuaire ,
D'aultre corps noble et transparent:
Rature est commun exemplaire ,
Pour fruict avoir très -excellent.
Prince, cognois de quel agent
Et patient tu as affaire ,
Pour fruict avoir très -excellent.
F I N.
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GLOSSAIRE
o u
Explication des anciens mots du Roman de
la Rose , et autres Poésies de Jean de
Me un g.
A
-A, pour avec; c'est ainsi qu'il est pris vers 1 8,686 :
Si dit l'en que ce sont les Diables.
A tout leurs grantz croez et leurs diables ,
A leurs ongles , à leurs havetz;
Mais tel dit ne vault deux navetz,
Cest le sens qu'il a dans les autres endroits et
dans nos anciens poètes; mais ordinairement on
le joint avec le mot tout : à tout son chappeau
de soussie, est-il dit vers 22,694, pour, avec son
chappeau de Jleurs de soucy.
Aagiez, i35 cod. Je crois que c'est, débits y obli-
gations.
Abelly , plut, ne m'abelly, ne me plut , ne me
convint , 81 14: vient d'abel/ir , plaire.
Abriefve, pour abrège, accourcit, 20,579.
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2Ô4 GLOSSAIRE.
Abrivé, accoutumé , 1408 cod. ; maïs abrivez au
vers 12,64s veut dire, selon l'édition de Marot,
hastivez, c'est-à-dire s'étant rendus en diligence.
Abscondre, cacher i8,i56, vient du latin abscon-
dere.
Absconse, cache, obscurcit 1 8,08a, vient d'abs*
condre.
Acceptable, pour recevable, 1474; ce terme n'est
pas si déguisé , qu'il ne puisse encore être sup-
porté.
Accusement , accusation ou révélation 490.
Acertés , pour certaines, assurées 21,984, 2*,35o.
Achoison, a plusieurs significations; I.° occasion,
2409, 15,760, 20,269 ;II.° espérance ou espoir,
8412, et au Testam. 4Ôo; III.0 bonne occasion
ou bonne aventure, io,i38, 12,793 ; IV,0 motif,
18,896; V.° difficulté, 1107, Testam.
Achoisonné, soupçonné, accusé, 16,678.
Acointable, gracieux, acostable, 1244.
Acointance, amitié, ii29,3o52, 11,564, com-
pagnie , 3366.
Acointe , pour acointance , amitié , société, 4894*
Acointe, cherche compagnie , qui sy acointe dfoi*
seuse, qui cherche la compagnie d'oisiveté , 3o5i;
mais acointe > pour aborde , ne P acointe , ne
l'aborde pas , 4894 , m* acointe , m'aborde 87811
vient du verbe acointer.
Acointement , amitié , liaison , 36o3.
Acointer, aborder , entrer en liaison, faire ami-
tié, ^297, 3668.
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GLOSSAIRE.
*55
Acomter , compare, 10,371, riacompcr, je ne
compare.
Lors jouirez de l'amourette
A qui nulle autre n'acomper ,
Vout ne trouverez jà sonper.
Aconsuivant , accompagnant, 18,693, vient d'a-
consuivre, accompagner, suivre de près; mais
16,657, il parait signifier détruire; et 16,828
n'aconsuivra veut dire n'imitera point, ou ne
suivra point d'assez près; aussi-bien que 16,905,
n'aconsuivrçmt pour n'imiteront pas.
Acordance , accord, convention , 1 1,194.
Acoupis, signifie cocu en parlant du mari, 14911 ,
et pour la femme acoupie, 10,184; mais nous
n'avons pas de terme propre pour les femmes ,
qui néanmoins ne sont pas moins exposées à cet
accident que les maris.
Acqtjerre, voyez Conquerre.
Acqueurre, 1 6,583, TrCacqueurre, vienne sur moi
ou vienne me saisir; et i5,3io, y acqueurrent ,
y viennent ou s y rendent , vient $ acqueurre qui
veut dire accourir , venir en diligence ; il est en-
core d'usage en quelques provinces.
Acteur, pour auteur, vers 9 et ailleurs.
Acueurer, ôter le cœur hors du corps, 18,709;
mais au figuré veut dire décourager , comme
10,991 , ou s'acueura , pour se découragea de
tristesse et de chagrin.
A&És, à l'instant, au même moment , ^371 , et vien-
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*56
G L O S 8 A I K Ê.
drait peut-être de l'italien adesso ; mais, 926a,
17,662, au Cod. 204, et au Testam. 1443 et
1667 , il signifie toujours ; et au Roman , 13,499,
il est mis pour à présent , maintenant.
Adiré , maltraité , ou occasionné de faire maltrai-
ter, 3854.
Adoncques , alors, 700, terme qui a subsisté long-
temps dans notre langue.
Apvis, adverbe qui est toujours joint avec un autre
mot , advis m'estoit , 5o, pour me semblait, me
paraissait; vousfusl advis , 785, pour il vous
sembla; je m'est advis , il me semble, ç56. Ce
terme, qui a duré long temps, subsiste encore
en quelques Provinces.
Adune , unit , assemble , arrange , 556 r , 19,001 ;
vient du verbe aduner} qui est tiré du latin adu-
nare , qui veut dire unir, assembler.
Affaitelr, un flatteur affecté, 15,194.
Affaictier, s'habiller, se parer avec' affectation,
1022.
Affecté, 1591 , sage , prudent.
Affiche, assure, 22,268, 22,584; h ^affiche ^ je
t'assure, 5283, vient d'afficher, assurer.
AFFiE,/e vous affie , je vous certifie , je vous as-
sure , 36ç6, vient d'affier, assurer , certifier; doà
vient affient 15,827 pour s'assurent, se certifient,
se donnent la foi l'un à l'autre ; de là vient aussi
affiéesy engagées par leur foi ou par contrat,
14,566.
Affierra , conviendra , 7466 ; au même sens est mis
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GLOSSAIRE.
le terme qffiert, pour convient; n'ajffiert, ne con-
vient pas, ne sied pas, 3781, il vous ajjiert , il
vous convient, 8166, et ainsi ailleurs. Ce terme
est encore d'usage dans la Flandre Wallone.
Affondre, enfoncer , 654 Test, d'où vient ajfonda*
absorba; oh maint Amant y aJjFonda, où beau-
coup d'Amans ont été absorbés, ou bien, où ils se
sont enfoncés et précipités, 8181. au même sens
ajfonde est mis 63oo, et 12,334 pour absorbe ,
engloutit , précipite.
Affoybloyer, 18,075. affbiblir, et 1 5,288 ajfoy-
blojé 9 pour affbibly.
Affublé , coiffé, 412. Terme encore usité en quel-
ques provinces.
Agait, attention pour surprendre, 14,054, 14,874;
mais ailleurs il est verbe, et veut dire examine
avec attention, et vient iVagaiter^ d'où nous avons
tiré guetter , que nous employons quelquefois \
de là vient: Agaitance, au mêmevsens qa'agait
attention à surprendre; mais 22,293 et 22,348,
s'écrit aguets , et signifie surprise, piège.
Agenouillons, prosternés à deux genoux, comme
des supplians , 18,396,22,059.
Aggréant, consentant, 2048. je suis aggréant , je
suis consentant, je consens volontiers.
Ahehdre , s'attacher , 858 2, io,iÔ2; mais n,263
et 20,474. il veut dire se prendre à quelque
chose, et 14,100 il signifie attacher; de là vien
nent s'aherdent 9 21,507. pour s'attachent , et
yous haherdez , vous attachez r vous arrêtez.
4. R
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G L O S S A I R E.
Terme encore usité en Picardie pour prendre ,
empoigner; si je t'ahersj si je te prens, si je t'em-
poigne.
Ahontagiez, mis à honte, 9444 par qui suis si
ahontagici j c'est à dire qui cherche à me faire
honte, à me faire tort.
Awçois , mais , auparavant, avant que, 38 1 , 1000 ,
3142 et ailleurs.
Ains , mais, 11 93; ailleurs il signifie avant ou au*
paravant.
AisiER, faire ou causer du plaisir; c'est le sens qull
a, 2602, 4488. d'où vient aisiez, satisfait, ou
comblé de plaisir , 41 15.
Alangourée, languissante, 210.
Alenée, alaine, respiration , 22,455 pour avoir
s7 alenée , pour reprendre haleine.
Alegéance , soulagement , 1848.
Alignée, 10 19. droite , bien prise dans sa taille.
Alis, 1018, uni, poli.
Allégement, soulagement, i865.
Alleure, se joint toujours avec le terme de grand
ou de bonne; grant alleure, à grands pas ou en
diligence, 5a5, 3i65.
Aloez, ceux qui méritent des louanges, ou ceux
qui sont estimés , 1059.
Aloser , louer, vanter, faire Péloge, 5487, 17,981,
* d'où vient a/osa , loua , en parla bien , 1 9,907 plus
le prisa , plus Valosa } et s9 alose , 1 9399. pour se
: vante ; qui de gentillesse s9 alose, qui se vante de
sa noblesse.
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GLOSSAIRE. 25£
Alluché , allume , 1724. Cod. vient tialucher, al*
lumez y de là vient aluchez , allumez, 79 Test.
Amande , correction , repréhension , 2625.
Ambedeux, tous deux t l'un et l'autre, 6986, 17,669,
22,167. vient du latin ambo et duo , qui signifient
tous deux la même chose.
Ambezas , 10,862 deux as, ou deux unités; mot tiré
du jeu de trictrac.
Amenceux, 720 Cod. avare, ménager,
Amentevant, instruisant, enseignant , 1 100. Test.
Amenuyser , diminuer la grosseur ou épaisseur de
quelque corps, 286, 10696. Terme encore d'u-
sage dans le bas peuple de la Picardie.
Amerative, amère, pleine d'amertume, 421. Test.
Amesurer, 3388. rendre plus discret, moins rude.
Amiabieté, amitié, étroite liaison , 5075.
Amolier, adoucir, 346, 3 193. d'où vient amolie ,
adoucit , 3353 : moult a dur cueurqui n'amolie;
c'est-à-dire, il faudrait avoir le cœur bien dur
pour n'être pas adouci , quand, etc.
Amolyer , adoucir, 16,134.
Amoncelé, amassé, mis ensemble, 634. Cod.
Amort, attache, applique; m'amort , 43 10. m'at-
tache; s'amort, 4984, 81 \6. s'attache , s'applique,
vient d'amordre > s'attacher, s'appliquer.
Amplus, plus, davantage, 10,282. vient du latin
ampli us j amplus que s9 il lenoil en seine , pas
plus que s'il tenait en seine.
An celle, servante, vient du latin ancilla, 19,915.
et se prend ordinairement pour la sainte Vierge,
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GLOSSAIRE.
Ancisa , coupa , 1 7,833. vient d'anciser , tiré du la-
. tin incidere.
Annexe , liée , 4483.
Aorer , adorer, 22,421. d'où vient aorasses , pour
„ adorasses , 22,o5ç. se dit quelquefois aourer ,
comme aouré , adoré , 2 Cod. et aourasseSj pour
adorasses, 7387.
Aornée, ornée, 149,583 et ailleurs.
Aornement , ornement 588. s'écrit aussi aourne-
menSj 14,800.
Aourne, orne, pare; s'aourne j s'orne , se pare,
s'accommode, 12,674.
Aoursé, i6,o83. méchant, traître.
Aoursée, 8644 avides, avares.
Apais, 733o. adoucir, vient d'apaiser.
Aparçoivement, vue clairvoyante , 16,191.
Apense, dispose, prépare; s'apense, se dispose, se
prépare, est résolu , 1 8,225.
Apensement, pensée, réflexion, 5862, 1 8,566.
Appensez, réfléchissant, ou qui réfléchit, qui pen-
se, 2431.
Apere, apparaît, 6845.
Aplané, aplani , 927. d'où on a retenuplané, terme
d'art, pour dire poli.
Apl anos , sans erreur , 1 7,602. Terme tiré du grec;
c'est le mot de la maison de Montmorency.
Aplany, poli, 1104.
Apostole, le Pape, 11,751. souverain Apostolt,
souverain , Pontife 1481 Cod.
Appareiller; disposer 2534. ma*8 1 6*883 veut dire
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GLOSSAIRE. tôt
accomoder, approprier; il a encore d'autres si-
gnifications , comme s'appareille , 2461. se com-
pare ; a pparei* le veut dire aussi fournît, donne ;
et 9793 appareille signifie prépare; de là vient
aussi appareillié , accoutumée, 38oô. et appa*
reillé , 22,21 1. pour donné, fait présent.
Apparissant, 2679. de ce ne sont apparissantj pour
rien dé tel ne parait sur ceux. .
Appayer, appâter, 1648 Test, de là vient appajé ,
pour appaisé, 19,988. et appaycz j pour faites
votre paix, i656 Test.
Appensée, 4482 ; se bien suis appensée , pour si j'y
fais bien réflexion.
Apperra .apparaîtra , 2067 , 18,702. et apperront y
apparaîtront , 8472. se prononce encore ainsi en
quelques provinces; de là vient aussi appert , pa-
raît , 1662. qui est encore quelquefois d'usage en
j urisprudence , comme il appert } comme il paraît.
Appert, découvert, connu 3744. et au féminin
apperte , connue , découverte , 2to3.
Appertement, à découvert, ou clairement, 23.
Appeticier, diminuer, accourcir, 2i,oo3. se dit en-
core quelquefois par le peuple.
ArpLANOYER, applanir; mais 7708 il est pis au
figuré, et signifie adoucir; de là vient applanye
qui a le même sens , 17,1 72. l'accolle , l'applanit %
l'adoucit , la flatte.
Appressa , approcha, 1249 Test, et appresse > pour
approche, 19352.
Aprime, approche ou apprivoise, 17,369, 22,33i.
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GLOSSAIRE.
Afrivoy » i 2,606» pour apprivoise , te rend familier.
Archée, environ une centaine de pas, ou l'espace
qu'un Archer peut tirer d'une flèche» comme
nous dirions une portée de fusil, 8188.
Archieres, tentes ou passages étroits qu'on laissait
aux murailles des places de guerre f par où l'on
pouvait tirer de Tare, 3949, 21,660 > 22,010*
22,180.
Mais s'en entrent par les fendaces f
Par archieres et par crevace*.
est-il dit, 19,216 ; mais 22,060 il est pris an figuré
pour le sanctuaire de Vénus.
Arder , brûler, 3825. vient du latin arderej deJà
sont formés arde, brûle, 7779- ardent, brûlent,
18,948 , 20,655. ardissent, brulasssnt , 6712. ar-
dray, brûleray, 21 ,540. ardait , brûlait , s'enflam-
mait, 297.
Ardoir, la même chose qu 'arder, brûler, 6718,
13,908, et au Test. 1701.
Ardre , 675 2. la même chose qu'arder, brûler.
Ardure , brûlure ; mais se prend toujours au figuré
dans ce Roman , 189. signifie désir , cupidité, et
2445 est pris pour chaleur; mais 2618 et 53os.
se prend pour tourment.
AreR» labourer, 13,757, 2o,36o; mais 20454t
20,514. il se prend au figuré pour un labourage»
qui se fait en terre vivante et animée ; vient du
latin arare j de là sont formés ara , laboura.
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GLOSSAIRE.
ào953çi.~aPen£9 labourent, 20,487. arcs > labourez,
20,514.
Arerez , 20,539. labourerez ; aréj labouré , 20,53o,
26,940. Mais tout cela presque toujours au figuté
pour parler du labourage qui se fait en terre vi-
vante.
Arée, labourée, 8674.
Arrabler, 190. assembler ou prendre, selon Tex-
pli cation de Clément Marot.
Arraisonner, parler, entretenir, 2895, 2421 ; d'où
vient arraisonne , 1 1,606, pour entretient.
Arraser, raser, démolir, 21,549,
Arrasé, 8708. uni, applani.
Arroy , ordre, quelquefois équipage, 1225.
Arsure , brûl ure , ardeur, 1 5 1 8. Test, mais au figuré
comme 1 4,433 signifie peine.
Artilleux, artificieux, u56o.
Ascendis, montât, pris du latin asceniere> 65*,
Test.
Ascondre, cacher, 3636, 9235. vient du latin abs-
conse re.
Aspectjon, vue, 1178. Test.
Aspresse , âpreté , rigueur, 349. Test.
Assauldroit , attaquerait, 7708. vient d'assaillir,
d'où se fait encore assault , attaqua , assaillit ,
10,172.
Assener , 1364', 8207, arriver, atteindre , et au Test.
827.
Assena, introduisit, 2972
Assenez, favorisé, 21,713.
GLOSSAIRE.
Asseur, certain, assuré, 1092. et au Test i335.
d ou vientau féminin asseure, pour assurée ; mais
1519 asseur est adverbe, et veut 4ire ea sûreté.
Asseukist, assurât, io53. Test
Assorbissent, absorbent, 63o2.
Assorte , pour assorti , 1080.
Assoté , épris d'amours , 4244.
Assou'agier , Asssouager, soulager, 2767; d'où
vient assouage , soulage , 2697 ; assouagea ,
soulagea, 1892; assouage, soulagé, 2o,865.
Assouvi , 1423. plein de contentement et de délices;
vient d'assouvir, contenter.
Ataine, chagrin, peine, 145,2760, 7828, 9936,
19,187.
Ataine, chagrine, 7329, 9163. vient d'afainer;
d'où on a retenu laitier > chagriner, faire de la
peine , qui est encore d'usage en Picardie et dans
la Flandre Walonne.
Atalente , fait plaisir, 179S, 20S0 ; riatalentc, ne
plaît pas.
Aticié, attaqué, assailli, 10,168.
Atise, excite, anime, i85, 984 , 6654 ; mais 3875.
embrase, et 14,946. pour attire, vient d* Miser,
exciter, qui est encore d'usage en quelques pro-
vinces, pour dire Miser le feu , le faire brûler.
Atour , parure, ornement, 822; mais 1 6,5 18. veut
dire les biens et les facultés.
Atour , pour atour ne , dispose , 1 1,016 , 13,746.
qui vient iïatourner.
Atourner, disposer, préparer, 588, 12,639, ï^4»
1
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GLOSSAIRE.
*65
d'où vient atourne , qui i3,2io et 21,892 se
dispose, se prépare; mais 21,892 signifie orne',
décore; de là se fait aussi a tournée , 149, 8711
pour parée, ornée, ajustée proprement.
Àttaigne, l'approche, ou lui soit proche 264.
vient à'attaindre , qui se dit encore, et signifie
courir après f marcher après quelqu'un et le join-
dre.
Attermoyeurs , usuriers qui prêtent à tant d'in-
térêt par terme, 12,161.
Attisoit, pour atisait , animait , excitait, 15269.
Voyez alise ci-dessus.
Attraire, attirer, 3297. d'où nous avons pris les
attraits, comme sont ceux d'une belle personne,
ou tout ce qui peut nous séduire agréablement;
et c'est en ce sens qu'est mis attrait , 3592.
Attrempance, tempérance, 455 1 ; mais i6,833
veut dire température , proportion dans la nature
des choses , et 17,746 signifie tempérament ,
voies de conciliation ou d'union.
Attremper, tempérer, 6333 , 19,884; de là vient
attrempe , qui signifie ajuster, accorder % 3989.
etattrempée, qui veut dire tempérée, 21,400.
Aval, en bas, en descendant, 1391, 1547; mais
il se joint ordinairement avec amont. Voyez ci-
dessus amont.
Avale, descend, 385. vient d'avaler, descendre,
ou même faire descendre : on s'en sert encore
en quelques provinces ; mais 6427. avale signifie
fibaissç. Ç'ebt delà que vient £avalast% 13,171.
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&66
GLOSSAIRE.
se descendît, se laissa glisser, et 17,541 . ava-
lèrent, descendirent, tombèrent.
AvEAUX,divertissemens, bombances, bonne chère,
1 5,202; mais au Cod. 770. il est, écrit aviaux,
toujours cependant au même sens.
Aver, Avers, pour avares, 1161,2239, 6022;
17,208 et ailleurs.
Avesprement, soir, le temps qui approche la nuit;
mais 20,81 3. il signifie nuit ou obscurité.
Aufferant, 6916. oxxferant, frappant, deferirc,
latin.
Avila, pour avilit , méprisa , ou même renditmé-
prisable , 3362. et s'avilast , 2 1 ,685. pour s'avilit,
s'abaissa , vient dW//er, qui est la même chose
qu'avilir ; de là vient avilie , abaisse , avilit,
1 5,333.
Avillement, avilissement , 2969.
Avillenez, méprisés, traités d'une manière in-
digne , 333o. vient ftavillener.
Aumosniere , bourse pendue à la ceinture, dans
laquelle on mettait de l'argent pour faire l'au-
mône , 14,236 , 15,098, 21,818; mais 20,476 il
se prend au figuré pour une autre sorte de bourses
desquelles on tire de quoi faire les aumônes d'A-
mours»
Aumuce , ornement de tête , qui était de peliceoa
pelleterie. Cet ornement est relégué chez les cha-
noines qui le portent sur le bras en été , comme
* «'il ne faisait pas assez chaud ; quelques-uns dartre
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GLOSSAIRE. %&J
- - le* chanoines réguliers le mettent à l'église autour
du col.
Avoir , argent , biens» richesses, 187, 1 1 66, 1664,
493 1, 8769.
-Autel , pour tel ou telle, 14,460 , ai ,633.
Autentiques , 68. c'est-à-dire magnifiques , écla-
tantes, brillantes.
Autieulx , autels, 536. Cod.
Auxentit, 379. Test. Je crois que c'est, qui éteignît
ou qui dissipa.
Ayal, ayeul, 12,612. ayaulx, ayeux, 11,390.
Aye, pour aide , 2891 , 573o.
Ayrer, prendre Pair, 14,597. se dit encore quel-
quefois.
B.
Bachelïïr , 8835. signifie un jeune homme.
Bachelette , jeune fille , jeune demoiselle, 14,008.
Bachelier , jeune gentilhomme , 923 , 14,444,
16,817. Ce mot est relégué aux écoles , où il
signifie celui qui fait ses exercices pour arriver au
doctorat.
Baillfe , soin , 396. a en baillie , a soin , est char-
gé, défense, 1 2,632 ; mais 12,890 il signifie un
poste que Ton garde, et 19,849 veut dire pou-
voir, autorité; mais il est quelquefois adjectif,
mai baillie , 9837 , 1 1 ,657 » 1 1 . pour mal ac-
compagnée , mal protégée. C'est au même sens
. que 8525, i5,2i8, 2i9666. mal bailli est mis
pour mal accommodé , mal partagé*
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268
GLOSSAIRE.
Bailli , est le chef de la jurisdiction "d'un bailliage ;
et quelquefois un juge de police , 8524.
Balé , galerie,
Baler, se divertir dans les bals, les danses, les
grandes compagnies, 779 ; mais a3ao signifie re-
muer.
BaLEZ, 10,521.
Balu ries, divertissements , bals, danser , 19164.
Baloy , 20,734. C'est ce que nous appellerions rubis
balai.
Ban , annonce publique, cri public, 20,902.
Bandon , à son bandon, 1 i5i. à sa disposition, à
sa suite; à bandon, 1827, 2254. à ma discré-
tion , à ma disposition ; à leur bandon , 9604. à
leur discrétion ; mais 6o58 bandon , pour désir,
en vieet, 12,778 à bandon , pour librement.
Bannière , bannale, commune , 21. Cod.
Baptoyé , baptisé, 287, Test.
Bar at, tromperie, fourberie , 2273, 7655 , 5372,
1 i5o \. ailleurs et i5o5. Test.
Baraié, baratées, trompé, trompées, 1989,22,282*
Barater, tromper, 191 ,7666^642 du Test.
Barateresse s , trompeuses, 22,292.
Bar bac anes, 21,554. terme de fortification, qui
est le parapet d'un mur , ou la partie la plus
élevée.
Barbelée , c'est ce qu'il appelle ailleurs empen-
née, pour marquer les barbes de plumes ou
autres matières qui sont à l'extrémité des/flèches,
pour les faire aller droit, 16,564. .
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GLOSSAIRE»
269
Barbelottes, espèce d'insectes qui se trouvent
clans les eaux dormantes, i386.
Baretiere , trompeur, 20,951 et 929 du Cod.
Barons, ancien terme d'honneur qui convenait
même à toute la haute noblesse : il signifiait les
seigneurs; et quand les rois leur parlaient, ils
disaient mes barons , pour dire mes compagnons ,
15,786, 15,790 f 15,908, 20,298.
Baronnie, compagnie, assemblée de seigneurs,
20,139.
Barrés, c'est le premier nom qu'eurent les Carmes
à Paris.
Bastille, 137 , fortifié à la manière antique avec
tours et créneaux.
Baulde, joyeuse, enjouée, et quelquefois un peu
trop hardie en paroles , 6471 , 7201 , 7244, 8756,
( 9640, 1 5,883.
Bauldrier, ornement d'homme, mais qui servait
à porter l'épée , 836.
Baulievres, les lèvres, io,553.
Baulles , 3993. Je crois que ce sont des bals, ou
des assemblées de danse.
Bault, 20,620, fier, hautain.
Baulx , joyeux , adonné au plaisir et quelquefois
à la crapule, 5265, 55i7, 8863, ii,45i.
Bayez, regardez, songez,' 2498. vient de bayer,
regarder , qui est encore en usageau même sens
dans le peuple de Picardie.
Beance, occasion, ou envie de regarder, ou de
penser, 12,959»
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*7° QLOSSAIRE.
Béant, regardant, songeant, 1469. vient de béer,
regarder, songer; d'où est tiré bée, regarde,
voit, pense , 5706. et au Test. 1549. béent, re*
gardent, pensent, 12,266.
Bée, a encore un autre sens dans cette phrase,
gueule bée, i3,i2i. bouche ouverte, comme
ceux qui sont dans un grand étonnement ou une
grande admiration , se dit encore quelquefois.
Beguynes, sortes de religieuses, 12,674.
Bel , pour beau , 679 et ailleurs ; ainsi le disait-
on communément alors : nous ne l'avons plus
retenu que quand le mot qui suit, et auquel il se
rapporte, commence par une voyelle, comme
un bel arbre , un bel homme.
Belin, bélier ou mouton franc, 12,645.
Belloces , sortes de prunes nommées encore ainsi,
8509.
Bellongues , longues ou berlongues f 18,956.
Benoistre , bénir , 1 13. Cod.
Beneuré, bienheureux, 17,294. et beneurée, bien-
heureuse , 8290 ; d'où vient beneureté , bonheur,
béatitude, 5076.
Beneyr, 7311. bénir.
Benivolence, bienveillance, 4899.
Benoist, sot, benêt, 15429.
Bericle , 20,367. Je crois que c'est un diamant.
Berh, , c'est la même chose que bericle , 16,262.
Bers, berceau d'enfant, 19477.
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GLOSSAIRE.
Bersault, i837,une bute, qui sert d'objet ou de
point fixe pour tirer.
Bersé , amuse , 17 13. se dit encore de même dans
le style familier.
Besans , sorte de poids , 1098 ; mais 8641,8821. c'est
une espèce de monnaie forte. Ce terme est resté
<Jans le blason des armoiries, où le besant doit
toujours être de métal.
Bestourner, renverser, 297. Cod. d'où vient bes-
. tournant , 29,467. tournant de travers ou à re-
bours; bestourne , 1 5,340. nous démonte , nous
renverse ; bestourneront , renverseront , 6799,
bes tourné 9 io,656, 19,228, 1 9,255. renversé;
maïs 19,267. insensé, esprit renversé, ou de tra-
vers.
Bestourneys, 17,666. mauvais plis.
Betez , io,52o. Je crois que c'est hébété.
Betif, io,52i. de même.
Beue, 239. Test, boue, se dit encore bauë par le
1 peuple de Picardie.
Blandir , flatter, 7677 , 10,218. d'où vient blan-
dist , 32o5. fia ta.
Bobans, divertissement, 6814. bobant, 8804. et
boubans , 19,606. signifient la même chose.
Bobancier, un homme de joie, 7844. et boban-
cière, 8893. une femme qui se divertit.
Boe, boue, 4082. se prononce encore ainsi par le
peuple de quelques provinces.
Boille , i3,o45. Je Crois que c'est une cour ou ua
jardin.
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- S.J1
Û L Ô S S A I R e.
Bonde, ôôy. Test, pour abonde, et vers iify.
pour abondance.
Bovelle, 1226. Cod.
Boujon , espèce de flèche, 16,406.
Bouhourder , ancien terme de la vie joyeuse,
22,448.
Bouller , gronder, tromper, 7632 et 2i,566
veut dire chagriner, d'où vient boulez, 8i56;
mais 17,223. boulez signifie grondez; de là vient
aussi boulé , 4781. pour trompé.
Boulieres, trompeur, 7634.
Bouller, attirer, allécher, faire plaisir, 6*36;
d'où vient boulle , 6236. l'attire, lui fait plaisir.
Bourdes , 4673. railleries , sornettes.
Bourras, espèce d'étoffe grossière , 1201 ; et an
Cod. i25o*
Bourreau lx , 13,968. Je crois que c'est de la
bourre, ou filace de chanvre.
Boursées, bourses pleines d'argent , 8645.
Bouter^ mettre, 2093, est encore d'usage en
quelques provinces.
Brandit, remue, branle, 16,218.
Brandon, flambeau, 35oo, ,3549, 22,062, etc.
mais 13,417 et 16,521. brandon est particulière-
ment pris au figuré pour l'ardeur de l'amour.
Brandye, mue, émue, branlée, 16,221.
Bray, 2o,3 i3. appel que l'on fait pour attrapper
les oiseaux.
Brehains, stérile, 6212. etbrehaigne, 6x9a. pour
stérile, qui ne porte pas.
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GLOSSAIRE*
Breteschb, a 1,479, parapet ou créneaux, ou les
lieux les plus élevés d'une fortification.
Bricons, 548% coquins, fripons , selon Borel en
son Trésor.
Briser , plier, 788.
Broce, 10,5^9. pour broussailles.
Broyne,33i. Test.
Brunette , sorte d'étoffe fine et délicate , 222 ,
2 i ,764 et 4489 : elle est opposée à bureau ,
étoffe grossière ; mais , 9804. elle est jointe au
camelot , qui est une étoffe assez fine.
Bruyant, fanfaron , qui fait beaucoup de
bruit , 3840.
Bubette , espèce de petite cloche ou ciron qui
s'élève sur la peau, 3997, M»001-
Bugle, espèce de bœuf sauvage, 10,074. et
au 70a du Cod.
Buissi ne, espèce de trompette ou de flûte, 11, 3*7,
11,345, 12,917.
Buissiner , sonner de la trompette, ou jouer de
la flûte, 11,329,11,332.
Bure aulx, bure , étoffe grossière, 4487, 4489,
9399-
Businans , sonnant de la trompette , i35. Test.
Busine, pour buisaine j sonne de la trompette
18,591.
Busine, trompette, 184 et i38i. Test.
Buysart , 3789. espèce d'oiseaux.
4. S
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*74
ÇLOSSAIRE.
C.
Caillouel, 12,370. espèce de poîrc.
Calendres, 82 , 667. espèce de grosse alouette.
Calengier , louer, faire honnêteté, 1048, 1908;
d'où vient calengié , fait honnêteté, 3421.
Cameline, 12,673, 14,089. Je crois que c'est la
couleur brune.
Caritative , 420. Test, pleine de charité.
Carolle, divertissemens accompagnés de danses
et de bals, 748, 760, 767, 1002, i23o, 1297,
19,164, 21,094.
Caroller , jolier , se divertir dans les danses,
bals et festins, 345, 750, 792 , 20,2 36 ; d'où vient
carole , se divertit, danse, mène la vie joyeuse,
2 1 ,094-95 ; carollanl et carollans , se divertissant,
menant la vie joyeuse, 2i,i52, 21,472. caiol-
loyent j se divertissaient, 1279. carollerojcnt,
18,472. se divertiraient.
Carolleurs , gens qui se divertissent, qui mènent
la vie joyeuse, 21,194.
Carrel , 42. Test, carreau , espèce de gros trait
d'arbalète ; mais ici c'est le carreau du tonnerre.
Cas, pour chat, 11,589.
Case, maison, i6,5i6.
Cavillations , mauvaise dispute , tergiversations,
tromperies dans le discours , 18,895.
Caute, 93o. Test, prudente, sage.
Cauteleur, rusé , trompeur, fin et avisé, 22,3*1.
Celée, cachette, ou même déguisement, 11 ,534.
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GLOSSAIRE,
Celéement, secrètement, 374, i3,i3a.
Cerant, très-petite monnoie, 15,214.
Cerculier, pour circulaire, 19,929.
Cerfouyr, labourer légèrement la terre à la main,
ao,36o; d'où vient cerfouj , 20,935. labouré
légèrement.
Cernast, regarda, 5357. vient de cerner, tiré du
latin cernere , regarder ; de-là vient encore cerne,
1574. Pour regarde.
Césariens, pour Césars, les premiers empereurs
de Rome, 6715.
Chaitiré, empiré, 1404. Cod.
Chalemast , cria , publia , 7643. pris de cha-
lemer , qui peut signifier au figuré publier : de-
là vient chalemoit , publiait , 1 5,258 : de-là vient
aussi chalemele , qui est pris en son sens propre
pour jouer de la flûte, 21,867.
Chalemeaulx , flûtes , 21,867. vient de chalemele \
une flûte.
Chaloir , mettre en peine , i3,75i. d'où vient
chaille , ne vous chai lie i 7480, 8258. ne vous
mettez pas en peine; ne lui chaille , 14,290.
qu'il ne se mette pas en peine: on s'en sert en-
core dans le burlesque en ces deux manières ;
de-là vient chault > que me chault 9 3261. que
m'importe ; il ne lui chault, 5234. il ne lui im-
porte pas; ne m'en chault , 12,542. je ne m'en
embarrasse pas ; de-là vient aussi chalu , mis en
peine , embarrassé, 56 1. Test, ne lui chalu ,
1 1,329, il ne s'en mit pas en peine ; ne lui chaus-
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GLOSSAIRE.
sist 9 ne lui importa point, 1 2,387 » chauldroil ,
ne lui chauldroil , ne lui importerait pas, 1 3,265;
Chanes , i5,23o. c'est ou les rides, ou les cheveux
bJancs. 1
Chante-pleure, i3So. Test, douleur, affliction.
Chapperons, ornement de tête, 14,842.
Chappleys, i6,35o. combat.
Chapuys, i6i5. Test, charpentier.
Char, chair, 14,078, 17,201. se prononce encore
ainsi en quelques provinces.
Charmoye, charme, enchantement, i5,o83.
Charpissant, 18,776. écharpissant.
Ch arrière, chemin de charroy , 2î,o33.
Charruyer , chartier , 19,374.
Chartre , prison , 2643, 12,126. et au Test. 557.
Chartre, lettre faite par autorité publique, 2o,3oo,
21,491.
Chastelain , gouverneur ou seigneur d'un châ-
teau , 11,717; d'où vient chaslelaine , 353 1.
femme d'un gouverneur ou du seigneur d'un
château ; mais au Test. 976. veut dire dame d'un
château ou d'une seigneurie.
Ch astier , remontrer , 908 1 .
Chastieux, chasteaux, 534. Cod.
Chastoy, châtiment , correction , 16,472.
Chastoyer , châtier , corriger , 17,147. d'où vient
chastoy e 9 10,354. corrige, châtie, reprend;
chastoy , 7264. te chastoy, te corrige , te reprend.
Çhasty', pour chastoy , châtiment , correction ,
. 10,337, 12,323, 16,472.
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GLOSSAIRE. 277
Chasse , cherche , 4847.
Chasse, 6759. poursuite; sans chasse , sans être
poursuivi.
Chaté, 11,272, 13,487. prix d'une chose achetée.
Chaulsjst, voyez chaloir.
Chaussemente , 21,820. chaussure.
Chayere, chaire, 17,491.
Çheance, accident, 6832, 7235.
Cheante, tombante, qui tombe , 5169. vient de
cheoir, tomber; de là est tiré chée, tombe ,
14,091 , 16,159; chéez , tombez ou tombiez,
8496; chey , tomba , 6742, 16,099.
Chenins, 17,779, 20,868. satyriques.
Chenus, 1480. Test, blancde vieillesse; de là vient
chenue, chauve , abattue , cassée, 356, 4742.
Chevance, richesse, biens, facultés, 6823, 18,868.
Chevauchent , vont à cheval, montent sur uu
cheval ; mais 5439. il est au figuré pour courent
après, et 6184. veut dire marchent.
Chevecel, 3759. oreiller ou chevet.
Cheveischaille, 21,802. couvrechef , coëffure.
Chevir, sortir d'une affaire , 5233,7704, 11,091 *
11,802, 12,633; d'où sont formés cheviroient 9
18,595. se soutiendraient, subsisteraient ; chéri-
ront , 11,690. sortiront ; chérisse , sortisse ,
. i5,765 , 20,1 16 : mais se chérissent , 6o63. se dé-
barrassent , mettent bas ; et chéri , 22,577. sorti
d'affaires; chérit , vient à bout, finit, 5 12. du
Testam. chérirent, i3,020. sortir d'avec.
Chevissance, expédient pour sortir, 1649, 3i53.
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«tyfl GLOSS AIRE.
issue de quelqu'affaire , 6403, 7706, 14,440;
mais au Cod. 253. chevissance > pour chevanee ,
biens , richesses.
Chevrie ,21,958. musette ou cornemuse.
Chief , tête ; mais au figuré pour fin , issue bonne
ou mauvaise, à chirf , à la fin , 2665, 4297,
7005, 7Ô36, 9173, 22,o65. mais 2681. à chief
de pièce , fin d'une affaire ; à chief trairt ,
mettre à fin, 5909, 16,871.
Chiere, tête ou visage , 12,450.
Chieke , mine, visage, air, 8i3; belle chiere, bon
visage, bonne réception, 12,937.
Chiere, 326. précieuse.
Chive , 208. civot , cive ou civette, espèce de petite
ciboule.
Chuer, 398. Cod. Je crois que c'est parler mal.
Cil , celui , 179 , 882. et ailleurs; cilz , ceux , izço.
Cire, faire de cire, 866. faire à plaisir; c'est au
figuré.
Citolles, instrument de musique, 19,165, 21,870,
22,2o5.
Cive, 5557. civette ou petite ciboule. Voyez cA/W.
Clamant, nommant, appelant, 5i35, 15,09s,
viejit de clamer , appeler, nommer; d'où sont
formés clame , se clame , 8558. s'appelle ; se
clamoit > 16,909 , s'appelait ; clamoyent ,
1 3,5 18, appelaient; ne m'en clamerai , 21,596.
ne m'en aiderai; clameroU, 17,955, appelerait;
clamez, 11,768. déclarez; clamé, 12,932. et ail-
leurs , appelé, nommé ; et clamez , 8482, 9800.
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GLOSSAIRE.
*79
appelés, nommés; clamée f nommée, appelée,
49 , 9815, io,3a5.
Clamouks , plaintes, doléances, 3i64 , 5780,
9893, 1 1,399 , 20,1 65.
Claré, 8672. Je crois que c'est du vin clairet ,
comme pigment est du vin rouge ou rosé.
•Claver , 705 1. Voyez havre.
Clerc , homme savant , homme d'étude , 38o.
Clofichée, 63ç. Test, attachée avec des clous.
Closier, portier ou gardien d'une enceinte, 2865.
Coche, entaillure qui est au bout d'une flèche
pour y mettre la corde de l'arc, 942 , 21,607.
Coiche , encochure ou entaillure d'un arc.
Coint, aimable, joli, agréable, 2169 et ailleurs?
cointe y propre , gentille , bien faite , 66, 540 ,
567 , 604 , 614 , 936 , io3i , 1216, 2179. et
ailleurs.
Cointait, s'ajuste; se pare, s'accommode, 13,954.
vient de cointoyer , parer, ajuster.
Cointance, pour acointance , compagnie, 6657.
Cointement , agréablement, 588 , 781,2168;
mais 35i4, veut dire proprement.
Cointerie, vie joyeuse , divertissement, 8607,
9160.
Cointeuse , belle et bien faite , 91 61.
Cointins, m'ycointins, m'y conduisis , 22,5o2.
Cointir, se divertir , se réjouir, 18,797.
Cointoye, te cointoye , te pare , t'ajuste , 2186
► et 9368, affecte de se faire voir; viept de coi n-
loyer , parer, ajuster.
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GLOSSAIRE.
Cointise, ajustement, 2261 ; par cointise , 841.
d'une façon propre et ajustée.
Colée, 13,739. coup.
Colire , remède pour les yeux, 8334.
Collées, flatteries affectées, ou tromperies affec-
tées , 1 1,428.
Commande, en sa commande, 2022. en sa dispo-
sition.
Commans, 41. pour commence, de commencer.
Gommant, pour commande , ordonne , 2111,
10,776; te commant , 81 5i. je te recommande,
je t'ordonne.
Commant , ou commans, commandemens , loîx,
7573, io,3 12 , 10,775.
Compaings, compagnon, anxi»3i83, j56z9 8102,
8iÔ2, 8.58, 8168.
Comparoir, acheter, acquérir, payer, i6,3m;
que le comparoisse , 3176. que le payerait;
comparoir > comparer , 1 6,323.
Compas, mesure, justesse, proportion, 21,621.
Compasser, mesurer, proportionner, 19,950. d'où
viennent compassé , proportionné avec justesse,
SxSyCompassa j 9872. fit avec justesse et pro-
portion.
Compasseur , justesse, proportion , mesure, 1329.
Comperre, acquérir, 268 et 262*8. compère > ac-
quiert ; mais au figuré il a d'autres significa-
tions ; ainsi , 7395. que je le compère, que je le
déguise, et 11, 235. ne le compère, ne le paye,
ou n'en soit puni; lui chier compère , 14,959%
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GLOSSAIRE.
lui coûte cher; d'où \\ex\tcomperra y lui coûtera
cher, i36ç2 ; comperray , 4867. que j'acquerrai;
comperassent , 1 3,568. me payassent ; compère ,
s'y compère, s'y compare, ou b'égale , 6o5a. et
au Test. i83, 684, 141 2.
Compoing , pour compaing , 9043. compagnon ,
ami.
Compost , pour composé , qui est opposé à simple,
18,969.
Compresse, chagrin , affliction, 10,567; mais,
20,079. compresse veut dire l'afflige, et vient de
compresser j affliger,
Conchier, salir, gâter, couvrir d'immondices j
mais au figuré conchier, 276. Cod. mépriser; et
au roman, 20,6i5. signifie mocquer, tromper ;
d'où vient conchie ^ 1 1,600. se moque ou trompe;
conciliez , 7781, 11,841. moquez, trompez; et
conchia, au Test. 248. souilla , remplit d'ordures,
c'est-à-dire , de péchés.
Conchimens, i4,o53. moqueries, tromperies.
CoNcirER, concevoir, i6966ç. vient du latin.
Concluise, pour conclue, 4180.
Concluse, enfermée, vient du latin.
Confais ou confez, faire confais , 43 14. faire sa
confession ou confesser ; faire ou être confez ,
pour se confesser, 7291, 10,795, 1 1 ,y53 , 12,985,
Confort, soutien, consolation, i5io, 2647,
2724.
Congnoissieres , connoisseur, 1 6,863.
Connestable, lieutenant, 17,559. car il ne signifie
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GLOSSAIRE.
pas là ce que nous avons connu dans ces der-
niers siècles, sous le nom de connétable.
Connestablie , compagnie de gens armés, 3971.
Conque, 11,602. pour quelconque.
Conquerre, 1161. acquérir , amasser.
Consaulx, conseils, i33i. Cod. se dit encore ainsi
dans la Flandre Walonne.
Consuyvra , 16,761. pour dire poursuivra, ou ne
l'attrapera.
Contemps , contention , dispute , 2446 , 8878 ,
9934, 1 3,453, 13,459.
Contendra , se contendra , se conduira , 10,206,
vient de contendre, conduire ; d'où sont formés, te
contendras > 262g. te conduiras ; et me conttn-
dray, ou me maintiendray, me conduirai f 3a39.
Contendy , 680. Test, disputa , s'y opiniâtra.
Contenement , le contenu , 733; mais 33o6. veut
dire contenance, et 10,772. conduite.
Contenir , contenance ou conduite , 729.
Contraire , partie adverse , 1748 ; mais ailleurs il
veut dire ennui, chagrin , peine , 2401 , 3298,
3373, 4192, 1 5,i 83, 15,807, 20,008. et au Test.
857. il veut dire maux , adversités ; mais 17,267.
il signifie mauvaise action.
Contremont, en haut, 13,874.
Contrester, résister, ou tenir contre quelqu'un ,
93 13. et au Test. 640; mais 17,626. il veut dire
réfléchir , renvoyer la lumière; de -là vient
contres las sent y 18,619. pour résistassent.
Cqntretaille, ton de musique, 3391.
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GLOSSAIRE. 283
Contreval, en descendant ou allant en bas, i33,
10,395.
Contkeuve , inventé à plaisir, con trouve', 1 2,858.
Convant ou con vent , convention , promesse ,
3aoi , 7488 , 2o,o5i , 22,53o.
Convenance, promesse, 124,609, 14,719 , 16,546.
Conven ancer , promettre , 1 i,ô85; delà vient con-
venance y 12,609. je promets.
Convenant, promesse, convention, 1997: si
m'appelle-l- il deconvenant , pour me rappel le-
t-il ma promesse.
Converse, contraire, opposé, 1025. Cod.
Convîne , pratique, intrigue , 971 1 , i5,o55 ; et au
Cod. 778. il veut dire conduite.
Convoyer , convier , 2333; d'où vient convoya ,
2857. pour convia.
Cop , pour coup , 3490.
Corn ar die, folie, 5028.
Cor rom table , corruptible, sujet à corruption ,
4617.
Cosme, chevelure, 21,978. vient du latin.
Cotei.les, jupes ou jupons , 9250, 10,154.
Cotissent, Penvelopent , l'environnent, 6170.
Cotres , 8699. Villon met coiires , c'est-à-dire ,
matelas, en latin culcitra.
Cottes , cottes d'armes , arme défensive qui cou-
vroit le corps , 18,6 1 1 .
Couarder , craindre , avoir peur , comme une
personne lâche, 1527.
Couardie, lâcheté, 16,29*.
284 GLOSSAIRE.
Couart, lâche, poltron, 16,29t. de là vient
couarde , femme lâche et poltronne, 16,344,
16,291.
Coulans , 3921. ce sont de doubles portes des villes
ou châteaux , qui coulaient le long d'une cou-
lisse , que Ton descendait quand la première
porte étoit forcée.
Coulons, pigeons, 1198, 8818. et ailleurs.
Collpe, faute, 2i582.
Coulpe , accuse de quelque faute , 21, 583. vient de
coulper , accuser ou reprendre d'une faute.
Coupe, ce que nous dirions cocue, en parlant des
femmes, si cela se disait, 14,904.
Colraille , 52o5. les entrailles.
Courcier , pour courroucer, mettre en colère,
884. Test.
Course, courrouce, met en colère, 3274.
Coutepoint , 8723. contrariétés, obstacles. .
Cou vin e, 3589. sentiment, pensée.
Coux , cocu, 9453.
Coyement, tranquillement, doucement , 738.
Coytive, 423. Test, tranquillise.
Craintise, crainte, 2816.
Creancent , promettent , 856. Cod.
Créant, pour créante, j'assure ou assure , cer-
tifie, 3964. vient de creanier, assurer, certifier;
créante > 3238. assure , certifie,
Ckemut, craignit , 7iÔ2, 12,746.
Crenu , qui a un beau crin, i8,583.
CrespinEi bord, bordure, 21,790.
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GLOSSAIRE.
285
Crétines, 18,71s, 18,738.
Crevée, fatiguée, 6355.
Croison , créature , 445 ; Test.
Crosler, remuer, a3i8, 8 191 , 32,545; d'où vient
crosle , branle , remue , 23 18 , 2990 ,21,671.
Croulle, remue, branle, 16,112 et 6392. croul-
lantj pour tremblante.
Crueulx, 1384. Test, cruel, d'où vient crueuse ,
cruelle, 17,096.
Cude, pour cuyde, croit , pense, 277,5488.
Cui, 8o5. Test, à qui ; il cui Dieu donna son pou-
voir j celui à qui Dieu donna son pouvoir.
Cura , eut soin , 465. du Test, vient de curer, avoir
soin.
Curatour, 464 et io5i. du Test, curateur , qui
a soin.
Cure, soin, souci, attention, 1Ô62.
Curées, 10,984.
Curez, nettoyez, purs, 8741.
Cuyder, penser, croire; d'où vient cuyde, croit,
pense , i3 , 2652 ; cuydoit , 3 16. croyait ; cuyda ,
1 497. il crut ; cuyderas, 2425. croiras ; cuydasse ,
1639. crusse; cuydoye > croyais, 649, 4046,
cuydé , 171 9. ay cuydé , ai cru; eusù cuydé,
1 126. eut crû ; cnider , pensée , croyance, 398 ,
etc. et au Cod. 88.
Cuydance, soupçon ou présomption, 1 2,858.
Cymbales, espèces de tambour, 2i,865.
Cuyries, 1 6,633. cuirasses.
Cyroyne, 333. Test, cérat, onguent.
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286
GLOSSAIRE.
Cyve, 17,641. ciboule, sorte de légume.
D.
Damoiseaulx, jeune galant, ou jouvenceau , 835,
1448 , i9,65i , 20,968 ; mais 1602. signifie sim-
plement un jeune homme.
Dangereux, fâcheux , mauvais, 2702, 9421 ; dan-
gereuse, fâcheuse., rebutante, dédaigneuse, 096.
Dangier, 1047. protection; mais 1904 est rais
pour crainte , et 1908. pour chagrin, traverses;
c'est même ce qu'il signifie le plus communé-
ment , et quelquefois il signifie résistance, dif-
ficulté ; mais assez souvent dans ce poète et le$
autres, Dangier > 3287. est pris pour une per-
sonne fâcheuse qui trouble et traverse les amans
dans leurs amours.
Débonnaire, affable, 4166, 4803 ; mais 2564,
i4,55o. signifie une dame qui aime la vie joyeuse.
Débriser , pour plier le corps en dansant, l'avoir
souple et agile , 759.
Decevable , facile à être trompé, 4601.
Déclarences, explications , 7458.
Decoste , de côté, 2 1,61 3.
Decrevée , fatiguée , 6392.
Déduyre, faire plaisir ou prendre son plaisir, se
divertir, se réjouir, 11 1, 3540; d'où vient dé-
duysent , prennent leur plaisir, 21,198; dé-
duysant , 2764. faisant plaisir.
Déduyt, plaisir, sur-tout ceux de la vie joyeuse,
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GLOSSAIRE* 287
487, 70S , 778 ; 2217 etc. ; mais 787, 748. etc.
il est regardé comme personne qui contribue à
la vie agréable.
Deffassa, abolit, 6724.
Deffauldroit, manquerait , 5^23. vient de def-
faillir y manquer.
Deffermée , ouvert, 707. vient de deffermer y
ouvrir.
Deffinée, pour manquée, finie, 6722. deffinera,
5238. pour finira , mourra.
Deffinement, fin d'une chose ou d'une affaire ,
10,680.
Deffinir , définir, expliquer, 4478*
Deffinissement , définition, explication, 6006.
Deffruytte, quitte son fruit, 1229. Test.
Defores, dehors, 19,042.
Défoulé, pour idiot, simple , 4780.
Degoise, 6246. déclare par paroles.
Delaté, 85 1. Cod.
Delectableté, plaisir, joie, 701 , 1418.
Delez, à côté, 921 , 33o3.
Délicable , agréable, ou délicieux, i35a.
Délictable, la même chose que délicable , i35i.
Délicter , 281 . Test, se réjouir , se divertir ,
prendre plaisir ; de-là vient délicle, prend plaisir,
4491, 13,598; délie loi t , 11 23, 21 32. prenait
plaisir; délie loy en t , 914. se divertissaient; dé-
licté , 6. Cod* ont pris plaisir.
Déliter , la même chose que délicter , 7440; d'où
vient déliteras , prendras plaisir , 7443 délitant j
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GLOSSAIRE.
7540. prenant plaisir ; délit , 4625. prenne plaisir;
se délitent , 6y5. se divertissent ; déliter j plaisir,
joie, 4491 , 4760.
Délicteux, agréables, délicieux, 21,733.
Délictz, 32.6. Test, plaisirs; et délit , plaisir,
i83o , 4602 , 4624 , 4679 , etc.
Délivre, libre, délivré, 5o2 , 2648,4833, 13,829,
22,122. et au Test. i32 ; mais i325 veut dire en
liberté , et 10*127 est 111,8 Pour volontiers ; à dé-
livre , 3584. Pour librement ; et délivres, 22,220.
pour délivres , privé.
Demaiene , Cod. 65i. pour domaine.
Demaine, ioi. Test, domaine.
Demainement, état, condition, situation, 1991.
Cod.
Demant, 5698, pour demande.
Démenez, pour conduisez, 15,227.
Demenras , 2367. démèneras , auras, fera paraître
ou ressentiras.
Dementans, plaignans, lamentans , 9154. vient
de dementer, plaindre , lamenter ; d'où sort dé-
mente y lamente, ou plains, 2i9ço^.dementoje,
3042, 4320. lamentais, plaignais j mais, 255c.
veut dire prépare , dispose.
Demeure , retardement ou légère résistance ,
14,333.
Demonstrance, 1579. représentation.
Demonstresse , qui montre, qui enseigne, 842.
Test.
Défaut, distribue, 882, 5046. vient de départir.
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GLOSSAIRE»
Déport, plaisir, joie, 15,989.
Députaire , méchant , adonné au vice, 1427. Test.
Derrién , 243. Cod. les dernières années , la
vieillesse.
Dësaloez, blâmez, to6o.
Desassoter, ôter de folie, 10,675.
Des a tour né, défiguré, ou qui est privé d'orne-
ment, 19,254.
Desattrlmpée , excessive , qui n'est pas tempérée ,
63 19.
De->avancer, empêcher ou retarder l'avancement,
Desaxenant, inconvénient, mauvaise aventure,
22,571.
Desclot, ouvert; mais 13,229. veut dire ôté, et
13,296. desclot , pour découvre , vient de
desclore.
Desclose , découverte, connue , 7435.
Descombrer, débarrasser, 5o85.
Desconfiture, déroute, malheur, accident, 248.
Desconfort, désespoir , désolation , affliction, 41 33.
desconforte , se désole , s'afflige , 6i5i. vient de
desconforter , désoler, affliger.
Desdouloir , réjouir , rendre la joie , ôter de peine,
4188. et au Test. 388.
Désespérance, désespoir, 985.
Desglavier , 12,475. faire mourir par le glaive,
Dlsgouroelis, actif , agile, 266. Cod.
Desguysée, bien faite, bien ajustée , 567, 839.
Descutseure, ornements, habillements, 11,728,
4. T
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fiÇO GLOSSAIRE.
Desloent, blâment , io5$; mais , 6419. desloent,
pour font mépriser.
Desordonnance , désordre, mauvaise action , 6547.
Desfendre, dépenser, 1189, i5,2o8;d'où viennent
despendy , dépensai , consumai ; despendus ,
dépensés , consumés, 5391 , 21, 455.
Despens , dépenses, 11 32.
Despire , à despire , 6600. d'une façon mauvaise
et méprisable; mais 8874, 12,578, 13,482,
18,117. veut dire mépriser.
Despit aire, 3385. colère, ou de mauvaise humeur.
Despite , mauvaise , 7650. et au Cod. 1590.
Despiteux, méchant, mauvais, 6731, 11,649.
Desriver, déborder, sortir hors des rives ou bords,
18,712^*011 vient desrivent, 18,720. débordent,
sortent des bords.
Desrobb, se déshabille, ôte sa robe, 6398.
Desroux , rompus , brisez , 33i , i3,963.
Desroy , désastre, infortune, 6777, 8965.
Desservance , mérité , 19,671.
Dessertes , récompenses, 25o3 , 22,35 1 f et au
Test. 290; mais 4801 , 8412, 17,971. signifie
mérites, soit en bien , soit en mal.
Desservir, mériter, 4286, 8861 , 13,948; d'où
viennent desservirent, méritèrent , 20,677; Res-
sert, 19,602. mérite; desservy , mérité , 688a ,
8332, 12,3 16, 1 5,788 \ desservie, méritée, 12,973,
17,249; et desservis ,481. du Test, méritas.
Desseure , dessus, pour dire supérieur, 3352.
Desseurées , 21,206. pour sevrées.
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GLOSSAIRE»
Destourber , empêcher , détourner , 3247 ; d'où
vient de s tourbe y 18,488. empêche, détourne;
destourbè > empêché , 22,074.
Destourbier, empêchement, 13,628.
Pestourra , 20,43 1. pour détournera.
Destraindre, resserrer; mais au figuré, 144.5.
affliger ; d'où vient destraint, afflige, blesse,
t 1793, 16,921.
Destre , droite , 1080. Test.
Destremtance, température , ordre, 18,487.
Destriers , cheval de monture ou de belle , 1 4,744 ,
16,690, 1 8,583.
Destrois, 19,562. qui est en détresse, dans la peine.
Destruysement , destruction, 7719.
Desver, 8049. se chagriner, et 18,786. desvant ,
se chagrinant.
Desvée , démontée d'esprit, ou de chagrin , 36io.
Desverie , chagrin , ou peut-être jalousie exces-
sive , 8980*
Desvoyant, détournant, 6309.
Detortant, 9177. vous démenant du corps.
Detortez, 9429. vous démenez, vous marchez
d'une manière affectée.
Detrenche, fend en deux, 273.
Dévaler , descendre ; 2044. de là vient dévalée ,
descendue, 3o22. terme encore d'usage en quel-
ques provinces.
Devée , 5984. la même chose que desvée ci-dessus.
Dévier , égarer du chemin ; mais 12,4.76. il est au
figuré pour périr.
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GLOSSAIRE.
Deulle , afflige , vient de douloir , 18,498.
Devis , plaisir , 669 , 3867.
DEVise , parle, 677. vipnt de deviser , parler.
Devise, 1941. plaisir, ou volontiers.
Deulent , affligent , vient de douloir j mais 2$6.
ne se deulent > ne se mettent pas en peine.
Devlt , afflige, 2779. vient de douloir.
Dextre , droite, c'est-à-dire, la main droite,
170, 734.
Dieu , 4899. pour divine , ou de Dieu.
Discorde, colère, 2.62. Cod.
Dispire, n3i.Test. mépriser.
Pistincter, distinguer, donner explication, n,585,
terme de logique.
Dit , traité , 5. Cod.
Ditié , traité sur quelque science, 4966.
Ditté, traité de morale , 8. Test.
Divers, fâcheux, contraire, 456; mais 3848. pour
9 rude , fâcheux dans la société , et 9846, 11,744.
contraire.
Divinité, théologie, 70. Cod.
Doint , donne , 7. Cod.
Doler, polir, 19,31 5. d'où vient dolé ,$33. poli;
mais 2 2,2 12. doler, pour perfection d'un ouvrage.
Dolons , pleurons , 93. Cod. et doly , m'affligeai,
2812. vient de douloir.
Domesches, domestiques, 16,810.
Dont , pour d'où, 4291.
.Dormant, sommeil, 29 et 92.
Dortoyer , dortoire, 267. Cod.
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GLOSSAIRE.
298
Doubtables , redoutables , qui sont à craindre ,
5568, 7876.
Doubtance, crainte, 986, 2788, 11,466.
Doubter, craindre, redouter, 180*, 55oo, 22,127
et 6i3. du Test, delà viennent double > craint,
redoute, 1 2,534 et 1578. du Test, doublent >
5337. craignent ; doubloit , 66yy. craignait ;
double raient y 55 10. craindraient; doublez j
craignez, appréhendez, 7951.
Doubteur , redoutable, à craindrë , 760. Cod. *
doubteuse j craintive, timide, 636.
Douloir , attrister, affliger, plaindre, 1944 , 2936,
4242 , 12,243, 17,066, 17,789; de là vient dou-
loit , 9041. s'affligeait, s'attristait ; doulans , 3922.
s'affligeant, tristes; doutent ^ ou doutant, triste 9
s'affligeant ; doulut , affligeât , 6093.
Doulousbr, 2553. plaindre, lamenter.
Drapeaulx, habits, hardes, i3,35o; ainsi, 11,616.
draps , pour habits.
Droicture*, équité , justice ; mais 3544. il veut
dire avec justice , avec équité ; et 546 ; à droic-
ture , pour bien proportionné ; à sa droicture >
très- justement , 164.
Droicturiere, juste, équitable, 21,427.
Droit, juste, équitable, 3889, 7177; mais 1992^ #
à mon droit , pour à ma bienséance.
Drue, 10,097. m*>tresse ou concubine.
Drurie,9279. la vie joyeuse.
Druge, i3,8i8. c'est ou maîtresse , ou une souris.
Dryades, 18,744. nymphes ou déesses des forêts.
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,294
GLOSSAIRE.
Dubitation, 1029. Test, doute.
Duys, propre à faire une chose , 2764. Huit ,
propre à une chose; 1248. duyle, 11 38. propre
à quelque chose vient de duire , convenir.
Dyafrez, 21,772. étoffe ouvragée , comme seroit
le damas,
E.
E ff a s s A , abolit , 6726.
Egaument, également, 1292, i665. Test.
Embarbelées , qui ont des barbes ou plumes i
leurs extrémités , 960.
Embatre , se divertir ; mais le plus souvent dans
la vie joyeuse , et quelquefois d'une manière très-
vive , 7920 , 12,192 , i5,i8i , 2o,38o , 21,288;
mais 10,110. se réjouir , se délecter, et 12 5j5.
pour s'attacher ; mais au Test. 769. signifie s'ar-
rêter avec plaisir , avec satisfaction ; de là vient
em bâtant j 8894. se divertissant ; embatu , 22499*
diverti , réjoui ; mais 8046. embatus , pour sur-
venus , à ce que je crois ; et 11,517. embatus,
pour venus , ou rendus.
Embelly , 1 5,200. m*embelly, me parut beau.
Embesongne , travaille ; mais 4933. £ embesongne ,
se met en peine, vient d'embesongnerj travailler,
embesongnée , occupée, 58 1.
Embler , prendre , ôter , enlever, 2818, 5277,
1 1 ,009 , de là vient emble, prend , enlève , 2726;
2893 , 4523; mais 373. emble , pour se retire j
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GLOSSAIRE.
emblent , prennent , enlèvent , 4o36, 7648; emr
blant y prenant , volant , 10,616.
Embordée, bordée , environnée , 22,442*
Embousé , 342. Test, gâté, sali , souillé.
Embouffissément, 16,249. orgueil.
Emmy , au milieu, parmi , 626, 21,804. vient da
latin in medio.
Emparlé , qui sait parler ; le bien emparlés , le
beaq parleur, bon orateur , 2o,i3o; bien empar-
lée , 3397. qui parle bien.
Empennez, qui a des plumes, 745, 11,087: em-
penné se dit aussi des flèches, à l'extrémité des-
quelles il y a des plumes, ou autre chose d équi-
valent pour les faire aller droit, 9Ô8, 1728, i6565.
Emperent, 14,104. pour en paraissent.
Emperere , empereur , 6668. 19,868; emperiere >
impératrice, 9140, i2,52i.
Emple , pour empli , rempli , 4854 , 9602 , 9785;
m'emple , m'empli, me comble, 21,911.
Emport , pour m'emporte f 2905.
Empraintures , peintures , tableaux , représenta-
tions , 139.
Emprendre, entreprendre, 4238, 4372 ; de là vient
emprent , pour entreprent , 3oi6 , 4Ô3o. empris,
46 , 1 1,344. l'entrepris ; mais 2397. empris , tout
étourdi , tout entrepris ; emprise j entreprise ,
3i 1 1 , 3343.
Enamouré , pris d'amour, 3454.
Enchambader ,819. Cod. Je crois que c'est se dé-
mener, se rerouer. -
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*ç6 GLOSSAIRE.
Enchappes , fourre , précipite , 4887.
Encharné , pour incarné , pris chair, 19,950.
Enchée t 10,1 83. tombe , en, vient d'encheoir.
Enciser , couper , ç5y%.
Encline, salue respectueusement, ia, 166 , 17,061;
Encoche t met la corde dans la fente de la flèche,
a 1,606 ; encoche z , au figuré arrêtés , pris ,
i7,3B5.
Encombre, malheur, accident, i366. etc.
Encombre, embarrasse, 1600, 13,689, ,4»*3o«
m'encombre j 4194. m'accable , vient A' encore
brer, embarrasser; de là se fait encombré, 893,
14,582 , embarrassé.
Encombrement, malheur, accident , 6759 ,
1 1,100.
Encombkeuse , malheureuse , fatale , 6171,
Encontre , rencontre , aventuie, ^55.
Encoulpfes , coupables, 18,920.
Encra vante, enfonce , 654. Test.
Encurent , 324. Cod. Je crois que c'est prennent
soin , s'inquiètent.
Endables, 5366, 11,660.
Endementieks , à présent , à ce moment , à ce
même temps , 5753 , i5,33i , 16,370 , £0,127 %
$2,171.
Endroit , à l'égard de , en ce qui regarde, 18,
499.
Enfanges , embourbés, 144. Test.
Enferge , s'enferre , se perce lui-même , 10,0291
Enformoy, j'enfermai, je pris, 8709.
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GLOSSAIRE.
297
Enfourra , enfouira , vous tuera , 20,711.
Enfume , 20,449,
Engaigne, 38o3. trompe.
Eng aignes , tromperie , 88 1 3.
Eng a me, excite , engdge , 1604, Test.
Engarbardez , entachés , 1735. Cod.
Engygnée , trompée , 7339.
Engignier , tromper , 4017.
Engin, esprit ; c'est sa première signification prise
du latin ingenium , io,338 , 12,385 , 14,346 ,
19583, 21594, 21643; mais5n il est mis pour
industrie , et 1264 pour pensée ; engin , 1602.
instrument , quelquefois instruments de guerre.
Voyez 18,620 ; engin pour engigne j trompe,
21,595.
Engoissoient , 104, prenaient peine , s'appli-
quaient , vient d'angoisse , peine , chagrin , fa-
tigue.
Engouller , avaler , 6238. d'où vient engoulle >
avale, 6237, i6>7a3.
Engrietiés, 19,605.
Engueigne, tromperie, 11,147.
Enherbe , tue, 17,367.
Enhortement, exhortation, 1 3,387.
Enlangagiez , éloquent , i33. Cod.
Ennoye, ennuie, 10,894.
Ennuyst, aujourd'hui, 641.
Enormale , 20,460. pour énormes.
Enosse, 11,879, i3o2i. tuer.
Enquerre , demander , informer , 5s53.
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GLOSSAIRE.
Ens , dedans , dans , 645 , 6394. et au Test. 826.
ënsement, toujours , continuellement , 8714 ,
12,395 , 15,091, 2o3a8. et au Test. 143. ensemenij
ensemble.
Enserrez , prisonniers , 4564.
Entachié, 2162. noté.
Entaillé, i38, pour sculpté.
Entailliere, 2i,638. sculpteur.
Entalenté , résolu , 2044 , 11,524; mais 10,081.
disposé, et 1764, i5,oo6. pour amoureux, dési-
reux; 19,625. appliqué.
Entalentement, désir , volonté , 20,285.
Entende , attention , 2090.
Entendivement , attentivement , avec attention ,
442. Test.
Entente , intention , 2o53. et i5,3o5. pour soin,
attention ; entente, 824. intelligence, industrie.
Ententif , attentif, 2365.
Ententis, attentif, 693, et au Test. 1602.
Ententive , appliquée , 438 , 1144; mais 339. au
due il ententive , pénétrée de tristesse; et 14,78a.
ententive cure, pour soin assidu.
Ententivement, avec soin, 14,622.
Enterin, entier, 2252, io,85i , 12,797, 14*989,
22,177; mais 22Ô2. veut dire entièrement ; en-
térine, 7875. entière.
Entériner , 17682. remettre en entier.
Entesa, enfonça, 1705.
Entoise , couche en joue , 21,609.
Entreclos , entre-ouvert , 1 5,41 6*
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GLOSSAIRE. 299
Entreguetteurs ,619. Cod. espions , qui examinent
et blâment la conduite des autres.
Eni reguignent , s'entre-regardent , 20,304.
Entreseulent, sont accoutumés réciproquement,
9808.
Entules , 5637- insensé.
Envaye , charge que des troupes font les unes sur
les autres en se battant, 16,200.
Envers, à l'égard , ioi3; mais 1584. ^ l'envers,
ou renversé.
Envis , à peine , 62Ô2. ou même malgré , 7926.
envis à temps y viendriez > malgré vous enfin
vous y viendriez ; et ainsi 9836. envis y ne fussent
déchanter; envis y 669. c'est-à-dire paresseux.
Envoiseure , 55o. Cod. plaisir , divertishemens ,
bombances. C'est en ce sens que ce mot est pris
dans Olivier de la Marche , liv. j. de ses Mé-
moires, chap. i3. D'autre part j (Philippe) duc
de Bourgogne , fut de son temps un prince le
plus dameret et le plus envois eux que l'on s f eu t,
et avoit des bas tards et bas tardes une moult belle
compagnie s et au chap. 26 : Si recommença- t-on
à faire chères etfestimensj car le bon duc ( Phi-
lippe ) fut prince joyeux et envoysé plus qu'un
autre.
Equipolences, équivalens, égalité dans les choses,
1 2,404.
Equipolens , égaux, 8483.
Ere , 237. Cod.
Errament, 2i,i85. présentement.
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Soo
GLOSSAIRE.
Erre , chemin , route , 6274 , 1 9,226.
Erré , marché , 16,399.
E sb a mit, étonne , 1495. vient iïesbahir, éton-
ner.
EsBANOYER,se récréer, 617, 14,680, 23*240; ffou
vient esbanoye , 14,681. se récrée ; esbanoyanl,
i33. me récréant, me divertissant.
EhBAs, plaisir, divertissement, 726.
Esbàttojt, se divertissait, 740. vient à'esbattre,$t
divertir.
Esbaudit , étonna , 2707.
Esbonnes , bonifie , 8. Test.
Escarmye, Escremye, Escrimée, exçrcée, escar-
mouche, petite bataille , 16,278.
Eschar el Eschars , avare , avares , ou gens trop
ménagers, 14,079, 17,208.
Escharder, épargner, 818. Cod.
Escharmr , 18,474. oflPenser.
Eslharny, i5,i39, 22,073. méprisé.
EtCHARviR , 11,675. Je crois qtfil faut escharnir ,
offenser, maltraiter, mépriser.
Eschauguetter , guetter, examiner , écouter,
15,784.
Es chérie, petite ou ménagée, bien choisie,
20,750. .
Esc he ver, éviter , 4456 , 6964, 8260 , etc. de là
vient eschevant; 10,408. évitant,
Eschié , i5i6. Cod.
Eschiver, 617. Test, éviter ; d'où vient esckive,
évite, 4983; eschivent, évitent, 5975, 78^.
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GLOSSAIRE.
Sot
12,1 53, 16,701. C'est de là que nous ayons tiré
le terme familier d'esquiver.
Esclissettes , 7714. petits bâtons plats qui servent
à faire des couronnes de fleurs, et autres choses
de cette nature.
Escondire , éconduire 9 refuser , 1467 , 3a5p 9
, 12,016; d'où vient esconditz, refusés, 8a5a ; es-
condit et esconditz , refus , 4987 , 825a.
Escondre, cacher , 6689, 13,378.
Escout, secoue, 16,491.
JEscouvoiR , secouer , 22544.
Escroix , 595. Test. On dit que c'est un instrument
propre à fendre les pierres ; mais j'en doute.
Esgarde , 13741 , 20597. regarde f considère.
Esjoye, 90. pour s'éjouisse, prenne plaisir.
Eslecture , élection , choix , 865. Test, que Dieu
a eslecture , que Dieu a élu ou choisi.
Eslessié, 5o6. Cod. élancé, courent avec précipi-
tation.
Eslochier , secouer , 22,542.
Esma , 16,086. Clément Marot , au lieu de ce mot,
met leva.
Esma y , chagrin , 586 , 3o45 , i32i2.
Esmayer, chagriner, lamenter, affliger, 6292 ; d elà
viennent es moyen t , 19,780. se chagrinent, s'af-
fligent ; m'esmay, me chagrine, m'afflige, i3,2 1 2 j
esmayé , affligé , chagriné , 970, 23i8 , 3i84 f
4145,11,422, i3,234.
Esme , 2345, 12,281 , 16,2744 et au Test. 255.
Esmeré , émaillé 92o32,
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3o2
GLOSSAIRE*
Esmoy , chagrin , peine , 32,86; esmoy j 11,587.
chagrine , émeut.
Esne , 3492 , 8668. outre à mettre du vin.
Espanye , épanouie , entièrement fleurie , 3446;
esbanyr, épanouir, fleurir , i653.
Esparpille , disperse , 556 1. vient d^esparpillery
disperser , jette au vent ; encore d'usage en quel-
ques provinces.
Espère, épaissit , 17,724. on le met aussi épaisseur.
Espice , sucrerie, dragée, 1346, i35o.
Espié , gros bâton qu'on nomme encore espieu en
terme de chasse , 383o.
Espingue, se divertit, se réjouit; 11,876; et«-
pringuez, 8773. vous vous divertissez.
Espirant , goûtant , savourant , 160. Test.
Espire, inspire, 16,407. et au Test. 1126.
Espiritable , spirituel, 1467- Te8t.
Espiritieulx , spirituel, i545. Test.
Espirituel, spirituel, 670.
Espondre , expliquer, 6774, 12,461 , i5,866,
i8,5.i2. vient du latin exponere.
Espoir , pour espère, 4149.
Esprent , pour saisit , séduit, 453i. vient dVi*
prendre.
Essient , avec connaissance , 1 1,288 , 13,149.
Essoine , peine , chagrin , 226. Test.
Estableté, fermeté, stabilité, 1 o,668«
Estancher, 18,654.'
Estalles , 20,476. . -i
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GLOSSAIRE.
3o3
Estellée , ëtoilée , remplie d'étoiles , 8728 ; mais
i6,53o. est mis au figuré pour garni , rempli.
Ester , reposer, 17,484.
Estondit, 756. Cod. cache. Je crois qu'il faut lire
estcondit y qui signifie aussi caché, du latin abs-
conderc.
Estort , tourne de travers , 20,069.
Estoupper, boucher, remplir un trou, 3846,
7662.
Estour, 15,841, i6,3oi, 13,349. couP de lance
en un tournoi.
Estrangier , éloigner, écarter, 10,070 , 11,808 ,
et 1 1 ,7 1 2. veut dire quitter , abandonner , laisser ;
d'où vient estrangc , éloigne , écarte , 4528 ,
14,901 ; estrangié , écarté , éloigné , 16,607 »
20,oi3; es t ranges > éloignés , 1062; mais 4629.
veut dire ennemi.
Estrangne , 3804. pour étrangère , barbare.
Estre, a des significations fort vagues : 4613. estre
divin veut dire œuvre divin ; mais 173, 6188,
16,746. veut dire nature , et 6591. substance ;
estre j pour le contenu , 1422 , 1570; mais 14,971,
18,461. il veut dire habitation , demeure.
EsTRIES , 19,207.
Estrif , dispute , 21,754.
Estriver , disputer ; mais 18,713. il est au figuré
pour dire , faire des efforts contre ; dè là vient
estrive , dispute , 3640, 21,744; mais 20,619.
estrive , pour fait des efforts contre , résiste j
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304 GLOSSAIRE.
es trident y 18,073. disputent, se révoltent
i rivant , disputant, 16,587*
Estudie , étude , soin , application , 7o5o.
Estu vier , étuvistes , gens qui tiennent des étuves,
i5,o58.
Estu y , 958. Cod. me tais , se passe sous silence.
Estuyde , étude , soin , etc. 7048.
Estuyent , 19,309. cachent, font disparaître ; et
au Cod. 187, 823. vient ftestuyer.
Eur , pour heur , hazard , 8 2.33, 10,029.
Excessa , excéda , passa les bornes de la modéra*
tion , 1257. Test.
Exil , 5241.
Expedience , expédition , 820. Test#
Expira , inspira , 1 139. Test.
Exploiteras, travailleras, 2069.
Extense , étendue , 1283. Test.
F.
Fable, fausseté; et 141 3. discours*
Fabloyer , discourir , 18,074.
Faconde , éloquence , io3o.
Facture , façon > 10,1 56.
Faée, inventée, fabuleuse, i3,i22»
Fafelues, 2 1,1 65, bagatelles.
Faictiz , bien faits , faits à plaisir , 862, 1 191, 7717.
Faille , manque ; sans faille , sans manque ,
i2ô3 , 3674 , 6809. se dit encore dans la Flandre
jalonne.
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GLOSSAIRE*
Faillir , manquer , 1546. d'où viennent f aillant ,
manquant, 41 ôç; failli ', manqué, 14,703 ; failli,
découragé , sans force ni vigueur. Cest ainsi
que 36 18. on met cueur failli , et se dit encore
dans la Flandre Walonne.
Faintiz , faints , trompeurs , 5796.
Fallaces f tromperies , 12,400.
Familleux , pour familier, 14,739.
Farfelues, minuties, bagatelles, 9646.
F aonnent, pullulent, engendrent, 19786.
Fauldroit, manquerait, 4907, 5482, 17951. vient
de faillir ci-dessus; faillir, manque, 275 , 45Ô7,
11,364. vient aussi défaillir.
Faulture , trous, fentes, crevaces, 2648.
Fauvel , Fauvelle , 14,751 , 14*767. de couleur
fauve , tirant sur le jaune.
Feaulté, fidélité , constance en amour, 2064.
Fée , sorte de nymphes ou demi-déesses qui doivent
leur origine à nos derniers romanciers , 35o4,
iot3a6, 18736.
Fel , rebelle , traître , infidèle ,2118, 3075.
Félon, la même chose que fel, 1463, 1988*
Felonnement, infidèlement, traîtreusement, 166.
Félon nye , trahison , rébellion , 162 , 168, 980.
Fend aces , fentes, 7608.
Ferir , frapper , 53i , 760 , 1428, i6,258; doù
viennent ferra, 11,167. frappera ; fery , 535#
frappay ; fera , frappé , 383 1.
Fermail et fermaux , boucles f agrafes, 35i 1.
Peste, 961.
4- V
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3o6
GLOSSAIRE*
Fetarde, paresseuse , 10,584.
Fetis, 21 83. la même chose quefaicliz ci -dessus»
Feve Frasée , 21 3. Cod.
Fiance, confiance, 18. fidélité, 16547,
Fianceroye , assurerais comme chose seure et
fidèle, affirmerais, i6a33.
Ficher , placer ou fixer , 13,941. fichier, 18,757.
delà vient fichent j i3y2.3ç. s'attachent.
Fiens, fumier, boue, fanges, 1829, i33o. Test.
Fiere , frappe , 3g20. fierl, 16,086; mais 638i./r
affiere , s'humilie , Fièrent , frappent , 21271.
vient de Je ri r.
Filatieres, 12249. Cest ce que l'écriture appelle
Jimbria , ou bandelettes sur lesquelles les Pha-
risiens écrivaient des sentences.
Fimbries, c'est la même chose quefilatieres.
Finer, cesser, d'où viennent fine / cesse , 377,
17587 ; finastes , cessâtes , 5592.
Flacargne , 4002. satyre.
Flajolez , riez , 8840.
Flaons , tourtes, 1^367 ; se nomment encore flans,
en quelques provinces.
Flatissent , 63o3. enfoncent, font entrer.
Flaty, fit entrer, enfonça, 16,492
Flavelles , flateries , 193 , 4141 , 22,292 , s2,3o5,
et tromperies , 7759 ; mais 661 . il paraît que c'est
abondance ou compagnie,
Fleon , 228. Test, ruisseau , fontaine.
Flestre , flétrie , i6,i5i.
Fleurettes, 8^5. espèce d'étoffe.
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GLOSSAIRE. 3l>7
Floes , 1497. Test, flots de la mer, comme je crois.
Florette pour fleurette, 10,869.
Fol âge , action foie , 3x 10.
Folleur , folie, 3092, 10,758.
Foloyer , faire quelque folie , 6066; d'où vient
foloit, fait ou fasse folie , 3i22 ; fotoje , 3o65.
fait folie \foloyant, 6359- faisant folie.
Fondjerre , fondateur , 2o,558.
Fontenelle, en italien fontanella , fontaine ou
petite fontaine, 21,707.
Forains , foraines, qui vient de dehors, et même
étranger et étrangères , 5554.
F orcen able , qui a perdu la raison , qui est comme
en fureur , 4404.
Forcenée, i5i. furieuse.
Forcenerie, fureur, 405, 9930; mais i2,55i veut
dire folie , extravagance.
Forclose, 21,717. éloignée , interdite.
Forclost , 22,589. interdit , vient de forclore ,
chasser, interdire.
Forestier , maître ou grand maître des bois et
forêts, 11,717. C'était autrefois une charge très-
considérablé.
Formant, fortement, 28, 5io, 3i37, 4037.
Fors, hormis, excepté, à l'exception, 1267; mais
au Test. ^%6,fors pour dehors.
Fortraite, enlevée, ôtée, 3367.
Franc , libre , 7028 , 14,702. franche , libre ,
5423, 14,552; mais 1 96 x. frans pour affables f
d'un air ouvert.
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3o8 GLOSSAIRE.
Franchise , liberté, 4654, 4666, 7129, 14,554,
14,707/
Frestel , 21,47.3, Fresteaulx, 21866. espèce
d'instrument.
Fretellées, bordées , 1 2,565.
Fjusque, gentille, agréable, io3i.
Fri volle , tromperie , raillerie , 747 , 17,467,
2i,i65.
Fueillir, 16,809. prendre des feuilles.
Fust, bois, 948, 975, 1728, 12,388, 1 6,568, 16,814.
quelquefois il veut dire un bateau ou vaisseau fait
de bois.
Fuster, 20,494. battre à coups de bâton ; delà
vient fustent , frappent avec un bâton , i5,79+
G.
G abbe, moque, 81 55. vient de galber, moquer,
railler; de là vient gabbenl, se moquent, raillent,
4498-
Gaigne, pour gain, 5273.
Galentine , 22,386. ragoût, sauce.
Garnement, ornement, ajustement de femmes,
2588, 5544, i3,o85, 13,748.
Gars, garçon , 36 18.
Gastel, gâteau, 10,418.
Gaudines, lieux de divertissemens, 14,182, 18,739*
Gayeries, joyeusetés, plaisirs, io,265.
Gebecier, 198. Cod.
Gehy, 808. Test, demeura, fut en quelque lieu.
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GLOSSAIRE.
309
Genchir, voyez guenchir.
Gent , gente , agréable , gracieuse , bien fait ,
mignon , 97, 299, 478, 63 j , 823, io32, 1244.
etc.
Gent, monde ou personnes, 299, 638, 1245, etc.
.Gentillesse , noblesse , 19,399 , 19,411 , 19,464 ,
19,468.
Gerra , couchera , i5,o6i. vient de gekir , qui
veut dire rester, demeurer ; gerront , resteront ,
demeureront, 1 5,83ç ; grulj demeura, resta,
a883 ; geurent , couchèrent , 18,843.
Gésir, coucher , habiter , 9354, 13,577, 22,007;
mais 11,522. veut dire rester, demeurer.
Geste , action , 339. Test.
Getz, filets, 3346, 8375.
Giboer i chasser , aller à la chasse , 645. Test.
Glacier , glisser, couler , 12,723.
Glacoyant, en glissant de biais , en biaisant ,
i6,33&
Glatir , glapir, parlant des chiens, 1 5,858.
Glout, gourmant,7544; mais 3604. voudrait dire
ivrogne \gloute, avide, 7784, 8575.
Gobe , 64. c'est-à-dire vaine , pleine de vanité.
Gomer , 14,293.
Gonfanon , enseigne , 1968; mais au figure veut
dire ce qui est plus excellent , li8i.
Gorgovant , 69151 '
Gors, gorgées, à pteines gorges, 14,120.
Graindre, plus grande, meilleure, 5i65,65i3,
*i,3o5. et au Test. 427, 1461.
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3io
GLOSSAIRE
Gramment, pour grandement, beaucoup, 8890.
Gravelle, 126. petit gravier.
Gravir, monter, se dit des choses très-roidesà
monter, 11,676, 20,945. est encore d'usage.
Gregoys ou Grégeois , grec, 17,604, 20,980.
Greigneur , plus grand ou très-grand , 4872, 604S,
6794. etc. et au Cod. 817. au Test. 267, 36i.
Grésilles , gril.
Gresle, délié, délicat, io3a.
Gre vaine, triste, afligeante , 8876, 917a , 17,801,
20,170.
Grevance, peine , chagrin , affliction , tort, 104a*
3342 , 1 1,992. et au Test. 950.
Grever , chagriner , affliger , 1776 , 2240 , 44S7*
6965, 8261; de là vient grevant 3 chagrinant,
affligeant , 966; grevez , chagrinés , affligés,
3363, 3579; 8rever°ît* chagrinerait, i3â3 ,
2485.
Griefve , chagrine , afflige , 2487 , 3258. grief ,
chagrin , peine ; mais 2632. à grief j avec jtfine,
avec chagrin.
Griesté, chagrin , affliction , 3357 * 65 16.
Grieux , 1237/ Test. Je crois que c'est peine,
affliction.
Griffaigne, i3354. méchante , de mauvaise hu-
meur.
Grive, 3639- C'est je crois un terme burlesque,
pour dire une méchante femme.
Groucer, gronder , murmurer, n835 , ia,iat »
17,146; mais 711 3. le groucer j pour gronderie:
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GLOSSAIRE. 3ll
♦
de groucerj vient grouce, gronde, 6167, ç8529
12,1 21 ; groucent y 7560. grondent ; groucez >
grondez , 7985 ; groucé , grondé , 10,1 3a.
Guenchit, va de côté , comme nous dirions gau-
chit , 20,059.
Guerdon, récompense, 358j, 7564 , 16,567. et
au Test. 1687; ma,s a*88, 11 255. veut dire re-
connaissance ; et 1828. bien , ou bien fait.
Guerdonné, récompensé, i5o2;guerdonn€ej ré-
compensée, 2293.
Guermenter, affliger, lamenter, 5 10. delà viennent
guermente , s'afflige, se lamente, 22i5, 2488,
6217 ; guer m entent , s'affligent, guermentez ,
affligés, lamentés , 7821.
Guerpirent , abandonnèrent , 8325. et au Test.
873. vient de guerpir 3 abandonner , quitter ;
d'où nous avons retenu déguerpir j abandonner,
délaisser.
Guerroyer , faire la guerre; d'où viént guerroyé,
201 5. qui fait la guerre , et guerroyent , com-
battent ou veulent prendre , 8910. Se dit encore
au familier.
Guignier, regarder avec attention, épier, 4018; delà
vient guigne , 2200. regarde trop attentivement.
Guille, tromperie, 5097, 53i6 , 6901, 11,492,
12,443. et au Test. i5o5.
G u 1 l l e r , tromper , 2o,585 ; delà vient guille ,
trompe , i3,iÔ7 ; gui lia > trompa, 22,148.
Guimple , habillement de tête pour femmes , 3646,
8817, 9250, 13,047.
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GLOSSAIRE*
Guindés, 21,786.
Guise , 1Ô9. façon , manière.
Guischet, petite porte , 538.
Guygnons , accident, malheur, 12,218.
Guysarmes , espèce de sabre ou d'épée, 10,016*
11,367.
Guyse, manière, façon, iôç, 678, 903, 1707.
GtÉs, 14,517* Je crois qu'il veut dire liens.
H.
Habandon 1 à discrétion , à volonté , 4726,
22,063.
H ABONDE, 19,208, 19269.
Hachée, 1640. Cod. tourment, douleur, comme
je crois.
H aire, 10,734. Je crois que c'est haine. ,
Haitié ou Haité , joyeux , gai , 335.
Hanaf, tasse, gobelet, 1409, 14,1 15.
Hanepel, 1253. Cod. Je crois que c'est le derrière
de la tête , ou ornement de tête.
Hantin, tante, 436. Cod.
Happée, prise, attrapée, 10,286.
Hardement , hardiesse , courage, 1809 , 2923 ,
16,240, 16,261, 1.6,266.
Haribouras, 1249. Cod. fatras.
Haterel, 14,261. C'est le derrière de la tête, le
chignon, ou la nuque du col.
Haubers , espèce de jacquette ou de pourpoint
de mailles de fer, 14,493, 18,607.
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GLOSSAIRE.
* 3i3
Have ou Hâves , 6939 , 6947, 17,71a, maigre,
décharné. ,
Haultesse , élévation , grandeur de dignités , no-
blesse, 65 1 5.
Haultisme , 836. Test, -hautain , fier.
Haye , haïsse , 3780. hayoit , haïssait , 848. t
Heaulme, 18,607. casque ou armure de'tête.
Hebergier, loger, recevoir chez soi, 490, 2i,o52,
2I,2l5.
Hée, haïsse, 5971, i5,o88;Aee/i/, haïssent, 12,265 ;
héez j haïssez , 1 1 ,438.
Herdent , s'attachent , ou prennent, 1 1,616.
Herese, erreur, hérésie, 140. Test.
Héritez , héritage , succession , 195.
Hesart, 16,739.
Heuse, 14,119, tonneau , à ce que je crois.
Hochier , secouer , 22,543.
Honntr , diffamer, rendre méprisable, 2940, 3714;
d'où vient honnisse j maudisse , 4012 , 8107.
honny, diffamé, 5372. honnys , diffamez, 8o35,
17,959 , 18,870. honny , mépris, 21 553.
Hoqueleur , trompeur , 14,321
Hostelaine, 975. Test, qui exerce l'hospitalité.
Hosteller, loger, retirer quelqu'un , n,533.
Hostellas , reçus, logea, 4820; habita, 19,930*
Hostieulx , hostels , 535. Cod.
Hourdées , 1207. Cod. fourrées.
Housé , gâté, sali , 341. Test.
HouzÉ , guêtré , qui a des houzeaux ou guêtres
aux jambes , 1 6, 1 33.
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3l4 GLOSSAIRE.
Houzeaulx , guêtres , 21 8 1 , 9663 ,21,817.
Huer , 7671. crier après quelqu'un.
Hue, moque , insulte de parole r 4075.
Hure, tête.
Hurtebiller , terme de la vie joueuse , 9458.
Huy , jour , 565j.
Huys , porte , 5a3.
Huyssier , 13,499. seu*' de 'a porte.
I.
Jachieres, terres labourables qu'on laisse re-
poser, 19,161, 20,558, 20,382.
Jaçoit, quoique, 6430.
Jagonces, 1107. sorte de pierre précieuse.
Jambet, coup sur la jambe ou le jarret pour faire
tomber , 6i3a.
Jangler , tromper , moquer ; mais 7784. veut dire
jouer; delà viennent /angle > trompe, i3,no,
14,127. janglent , jouent , i3,o32. jongleras,
tromperas, 8126; mais i3,i23. jangleras pour
railleras ; janglast , 7660. raillât.
Jangle , raillerie , 7655 , i2,o53, et 15,271. veut
dire tromperie.
Jangleresses , criardes , se répandant en mauvais
discours ,148; mais 17,159. veut dire femme
trompeuse.
Janglerie , tromperie , 3797, 1 5,255.
Jangleurs, trompeurs, 2Ô83, 36o8, 9848, i3io5.
Jausse, 14,089. jaune.
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G L O S S A I R E.
3l5
Illec et Illecques , là , en cet endroit , 110,619,
737, 1 441, etc. /
Incisée , découpée , taillée , 840.
Inclinement, inclination, instinct, 6007.
Inde, 799, 18,794. bleu foncé.
Informe , instruise , 8607.
Inition, commencement, 1089. Test.
Intense, forte, grande, 1282. Test.
Joyeuseté, joie, plaisir, 3677.
Jolier, se réjouir, 345. - /
Jolive , enjouée , agréable , 437.
Joli veté , joie , plaisir ,1121. \ \ ^ , ) ;
Jongleurs, joueurs, 772.
Jorroises , 8509.
Jouel , joyaux , bijoux, 10,1 56, 12,369.
Jouellez, joyaux, bijoux, ornemens, i3,o83.
Jouvencel , jeune homme , jeune galant, 1120,
1222 , 1243.
Jouvente, jeunesse, 13,496, i3,557, aif8ai.
Ire, voyez Yre.
Itel et Itieux , voyez Y tel et Ftieux.
Jugeur , juge , 18,820.
Ivire* ivoire , est mis ainsi pour la rime , 21,645;
Jus , en bas , 3oi4 , 4329, 6i3i.
Justise , justifie , 14,846; mais au Test. 3oj fjus-
tise pour justicie , fait justice.
L.
Laboureux , 77S0. Je crois que c'est trompeur.
Lachief, pour l'achiefve, ou l'achève, 4299.
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3i6
GLOSSAIRE,
Lacrime , larme , 835. Test. T
Lai dure, tort , honte, déshonneur , mépris , 5400 ,
15,724, 22,109. et au Test. 404; mais 7296,
12,897, i5,636. il veut dire injures ou paroles
insultantes et désagréables.
Laidoye , insulte, injurie, 3763, vient de lai-
doyer , insulter.
Lain , gracieux , agréable , 6942, 7379, i3,4o3
opposé à vilain.
Laimt, 15,087. Pour l'aime. .
Lairron , pour laisserons , 6487.
Lait , 7927. laisse , abandonne.
Laiz, chant, 721. chanson , 7185, 10,797.
Lame , 375 Test, a diverses significations, mais ici
veqt dire corps.
Lancmes, ii,583.
Landit, 870. Cod. divertissement, plaisir.
Langes, habits d'étoffes de laine, 21,137. et au
Cod. ioi3.
Laniers , 86o3. avare.
Larmer, pleurer, 1099. Cod.
Larras pour Lairras , laisseras , quitteras , 608*.
Las , lacs ou lassets , 843. las ,. infortuné , malheu-
reux, 20,054. lasse, désolée ,.442 ; mais 11, 832,
20,634. infortunée, malheureuse.
Lassesse , lassitude , 1482.
Leans, en cet endroit, en ce lieu-là, 5o3, 5o5,
537 , etc.
Lecherie , friandise , bonne chère , 3685 , 3996,
6340,4451.
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GLOSSAIRE» 3l?
Lecheur, friand , qui aime la bonne chère, 20,977
Lectre , lecture, ou à lire, pour dire aux écoles,
- 22, 21 3.
Led angier ou Ledengier , maltraiter , 3 1 72 , 1 5,645.
. injurier, 3si2, 3408, 6025. blâmer, 3652.
gronder, 3753, 7547 ; de là viennent ledenge,
maltraite , 3735 , 9731 , 10,1 17 , 16,095. injurie ^
7334. blâme, 8267. ledengent, blâment; leden-
géant 9 injuriant, 7810. ledengié, blâmé, 20,012.
ledengée maltraitée, 1 5,026.
Lé, lez et lée , large , i36, 910, 1782, 3909. et
au Test. iÔ23.
Lez, à côté, 3910, i3,5i5.
Legier, facile, 125. Cod.
Liart, liarde, 14,752, 14,760. couleur parti-
culière.
Lices, espaces, chemin, 3941, 3942, 3954.
Liesse, 108, plaisir, joie.
Liez, joyeux, réjouis , 4363, 15,273 ; lie, joyeuse,
4416.
Lierres, larron , voleur, 4863, 55o5, 7635,
11,809, 20,016.
Lige, soumis , homme lige, vassal, obligé d'obéir,
4378, 13,078.
Linge, simple, 16,789*
Linsselet, mouchoir, i5,io3.
Lités , 10,022' Je crois que c'est mortifiés , bien
fermés.
LivROisoN, 448. Test, bien, domaine, présent;
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3i8
GLOSSAIRE.
Loe , 7028. loué , fasse l'éloge.
Lober, tromper , 3248, 14,3 16, 1 5,574; d'où vien-
nent lobe, trompe, 12,175, 12,62,3. lobant ,
trompant, 8904. lobez y trompés, 12,175. lobée*
trompée, i3,ço3. lobe, fable, fausseté, trom-
perie, 10, 12,412, 1 5,382. lobeurs* trompeurs,
12,175.
Loeset , 469. Test, avait coutume , ou était ac-
coutumé.
Loyaulté, fidélité, 2o65.
Loignet, un peu plus loin, un peu éloigné, 463.
Loist, convient, 4976.
Lorains ,5555. espèce de petite monnoie, comme
je crois.
Losenges , paroles ou discours en bonne ou eo
mauvaise part , 1061 , 8858. belles paroles ; mais
12,294, louanges, et 16,102, flatteries.
Losengeur, médisant, 1061, 1064,4137.
Losengier , louer, 2Ô8l.
Losengiers pour losengeurs , flatteurs, babillards,
3621 , 365 1.
Loyrre , leurre , 21,964.
Loz, pour je Pose, 4839.
Loz, louange, réputation , 448, io58t 1 149, aaaa,
4839 , etc.
Luiste et luitte , combat, 1224. Test.
Luitte, se bat, 6i25, 16,391. vient de luitter.
Lye , gaie, joyeuse , 12,940. lyée , joyeuse, i3,a3i.
Lyéçment, gaiement, joyeusement, 8294, i3,ao3.
L y erre, 13,929. la même chose que lierre, ci-dessus.
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GLOSSAIRE.
M.
Mace , massue , 4536 , 9299.
M aigresse , maigreur , 307,
Maille, frappe de marteau ou de maillet , 9735.
Maindrai , demeurerai , 1 1,553.
Main, pour matin, 6992 , 7798, 20,967.
Mains, demeure, ii,53i ; et maint, demeure, au
Test. 1548, i55i, 1577.
Maint, mène, conduise, 1682. Test.
Maint, mainte, plusieurs, i345, 1347, etc.
Maintenir, soutenir, n32.
Mais , jamais , 6761 , 16,923.
Mais, dorénavant , ci-aprps, 13,408. et 3776. si-
gnifie rien ; mes rien pouvons , je n'y puis rien,
je n'en suis pas cause ; se dit encore quelque-
fois au familier.
Maistre , docteur , savant , 406.
M aistrie, maîtrise, commande , gouverne, 1 1,202.
et au Test. 995. mais trie , autorité, puissance,
n,2o3. enseignement, 15,227. soin, 16,654.
connoissance , 18,823.
Maistrise, intelligence, 1437; soin, travail, 1673;
autorité, force, 4959.
Malan , 555. espèce de tache à la peau.
Male, mauvaise, méchante, 175, 23io, 2773,
3573.
Male-advanture , mauvais dessein, 426.
Maledictes, maudites, i2,56o.
Male gent, mauvaise gent, 3087.
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3lO GLOSSAIRE.
Malement , méchamment, i323.
Malengrongnié, toujours de mauvaise humeur,
Maleureté, malheur, infortune , 5127.
Maley i maudite , 475. Test.
Maltalent chagrin , 33a , 9627; importunité *
32Ô4 ; mauvais dessein , 7619 , 7620.
Manaye, 14,326. puissance, pouvoir en sa ma*
naye , en sa puissance, soumis à quelqu'un*
Mangonnel, m angon naulx, instrumens de
guerre dont on se servait pour jeler de grosses
pierres ou autres choses pesantes , 3947 , 1 1 ,865,
12,399.
M an tin, n,320. pour Matante, comme si
Ton disait ma anlin , [ou ma ante ; anlt ,
pour lanie , se dit encore dans la Flandre Wal-
lone.
Marmiteux, piteux, dolent , triste, 423,
Marrimens, chagrins, i4,o52<
Marrissement , chagrins, tristesse , 6645.
Masse, i632. quantité, ou grand nombre»
Mat , triste , abattu , 2995 , 8384.
Mater, vaincre, dompter, 5992; d'où vient
12,922. vainquit , dompta; et maté > 3oi8.
vaincu , dompté.
Matire, matière, 8684. et au Test. i3io.
Mattir , dompter , abattre, 11,548.
Mauffez, malfaisant, méchant, scélérat, 6466,
9416 , 19,929 , 22,096; mais 6746. cette épithète
est attribuée au diable , toujours appliqué à mal
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GLOSSAIRE,
3ll
faire ; et 1 5,584, 16,179, 20,071 , mauffé > est
mis pour le diable.
Maulvaistié , méchanceté , malice , 3358 , 65i7 ;
mais ao56. il veut dire mauvais conseil.
May , 585. bon may > bon temps.
Megroys, amaigris, 4817.
Meïsmes, même, 6668.
M'eist , m'aide, me secoure , 4126.
Meffait, méchanceté, 3773.
Mehaignez, fatigués, lassés, 11,989. et au Çod.
343. mehaigné , est en peine, est travaillé.
Meh a ignie , accompagnée , 1706. Cod.
Membre , pour remembre , souvienne , 8463,
1 4,930.
Mendre, moindre, 972,2036,2802.
Mendresse, moindre, plus petite, 913. Test.
Mengue, mange, 6022.
Mensongier , plein de mensonges , 6.
Mentierres, menteur , 11,910.
Mercier, remercier, rendre grâces, 10,006. et
au Test. 608.
Mercy , grâce, faveur en amour, 1906, etc.; mais,
i23i. la sienne mercy , pour de sa grâce.
Meris, méritoire, 4. Cod. et meriesj méritoires,
I7'97a'
Merir, mériter, 10,492; mais i52o, 5343. pour ré-
compenser ; d'où vient mery, 7463. récompensé.
Merrien, bois, i322 et i565. Test, on dit en-
core merrain , bois détaillé pour faire futaille et
raccommoder bateaux.
4^ x
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32%
G L O 8 S A I R T.
Merveillable, étonnante, admirable, 65a. vient
de merveilles, étonner , 2622 , 3799.
Mes ad vint» arriva mal, 1Ô26. de mesadvenir,
arriver mal.
Mesaise , chagrin , peine , affliction , 2Z2 , 3i33.
Meschance , méchanceté, péché, 1268. Test.
Mescheance , malheur, accident , 4127, 6190, 91 13,
Mescheoir , arriver mal , 2760. d'où vient mes-
cheu , 7519. arrivé mal; meschey , arriva mal,
467. Test.
Meschief , malheur, accident fâcheux , î&kj,
235o , 2666 , 4048.
Meschine, servante, 7093.
Mescroit, accuse, 3736.
Mesgnée ou mesgnie, compagnie, 1281, 1 6,355;
mais I2,2i3, 16,526, 171407. pour famille oa
domestique.
Meshaing , peine , travail , 4990.
Meslées, batteries, tumultes, 10,018, 13,449.
Mesprendre, faire tort ou dommage, 3475. dfoà
vient mesprens , mal faire, 7332. mesprennent,
font mal, 5790. mesprenoiù > méconnaissait,
maltraitait , 12,134. mesprenez > êtes ingrats
ou maltraités, i5i8 , 15,761. mespris , mal-
traité, 3332, 15,766. mespriru , fit mal ou
désobéit , 83 16. mesprenisles > maltraitâtes ,
12,834. ne mesprendraj , ne serai pas ingrat
ou désobéissant, 3240.
Mesprison, honte , blâme, 1975, 12,435, 1 3,227;
mais 4122, 4220 et 5884. mauvaise action.
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GLOSSAIRE.
Mèsrien , 15,178. et au Cocî. 242.
Messieres, messie, 19,943.
Mbstier , besoin, nécessaire , 102 1, i3<\6 , 2641 ,
etc. et au Test. 2j5, 276.
Meureté, maturité, 12. Cod.
Meurté, maturité, 12. Cod.
Mie, point, pas, 6. cette particule négative s'est
conservée dans fa franche Picardie.
MiGNOT, mignote , joli , jolie , mignon ou mî-
gnone , 97 , 565 , 604 , $36, 5o8 , 775, 868 , etc.
Mignotise , gentillesse , 84a.
Mignottement, joliment, gentiment, 754.
Mire , médecin et même chirurgien , i586, 1788,
43^5. mire j regarde , 21 23 , mirens > regardans f
1 8,832. vient de mirer , regarder.
Mise, pouvoir, autorité, puissance, i5,73o, 18,187.
Miséricorde , sorte de poignard, 16,119.
Moleste, affliction , 4957 , 6336 , 8a5o.
Moleste , afflige , 8833. vient de molester.
Moncel , monceau , amas , 3760.
Môndans, purifiant, 1 122. Test.
Montance, espace , et même valeur ou prix d'une
chose, 369, 9304.
MoNTJOE , amas , 655. Cod.
Mordans, 1089. agrafFe.
Morel, morelle, 14,750, 14,758, 14,765. sorte
de couleur de cheval.
Morie , 358. perte par mort ou par mortalité.
M'oT, m'eut, 646. est mis ainsi pour la rime.
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3^4 GLOSSAIRE.
Moillier, femme épousée ou épouse, 4788/
9023, 91 83, 10,097, etc.
Moult, beaucoup r 270 , 428, 434, etc.
Moureur , qui meure , qui va mourant, 1339.
Test.
Mournes, morne , triste , 2352 , 4077 , etc.
Moussues, velues , ou pleines de mousse, 365 >
20,376.
Moye , mienne, 1983, 5539, 583o , i5,3iâ,
21,838, etc.
Moyson , 553. bonne moi$on% bonne manière ou
façon.
»
Muance, changement, 6534, 10,289.
Muce, cache , 38 18.
Muer, changer, 1928, 2422. et au Test. 5o3.
mue , change, 390, 14,666. et au Test. 5o4
mué, change , 700. muée , changée , 22,028.
Mue , muette , 2140 ,2317.
Muire ou muyre, meure , 1864, 43i^, est mis
ainsi pour la rime.
Munda, purifia, 898. Test, munde j pur, n5a.
Test.
Musaige, vie joyeuse, agrément, 8951. .
Mus A r die , chose vaine, amusement inutile t
fantaisie, ou imagination , 14, 728 , 2495, 17,021.
Musard , musarde , qui s'amuse et s'occupe de
bagatelles, 2385, 3790, 12,876, 15,129, l5>74*>
14,468 , 17,020.
Muser, s'amuser, passer le temps en bagatelles.
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GLOSSAIRE.
i>94° , 747^* muser, au Cod. 268. penser ; de
muser j viennent muse , s'amuse , s'arrête ,
12,876. musa, s'amusa , s'arrêta, î5o3. musé y
amusé, arrêté, 1 4,363.
Mussier ou musser, cacher, 12,459. delà vient
musse, cache, 18,084. mussé , caché , 2864.
mussée , cachée , 1678.
Mut, muet, 17,336.
My, moy, 334. Cod.
Mye, non, 369, 628, 848, etc. mye , maîtresse,
amie, 1187, ia4^» i3ç6.
Myneur, moindre, plus petit, 288, 1043.
*5oo, etc.
Nacion, naissance, 19,403.
Narremens , discours, narrations* 21,42$..
Natureux, naturels, 20,498.
Navré, blessé, 1934.
Navye, navige, i3,866. navyey oavire , i6,6q3 >
18,374, 18,431.
Nays, né, natif, i3,853l
Née, 1449. rien née; pour chose qui fût ou qui
existât.
Nesune, aucune, S121 , 6327 , 7616 , etc. vient
de l'italien nissino.
Nettelet, propre, 912.
Nice, sot, sans expérience, 1233, 6821. nice,
impertinent ,3716, 5588 , 71 15~, 9638, 18^91 5*
Digitized by
GLOSSAIRE*
Nicement, sottement , follement , 7786 * 8104,
8oo5 , 13,464 . et au Test. 795.
Nicette , simple , 1263.
Niement, renîment, 796. Test.
Nieule, nièle, espèce de bruine dangereuse aux
bleds , 4o58.
Noblesse, magnificence, 778.
Noer, nager , 19,164- d'où vient noe >> nage,
1 2,335 , noent , nagent , 6261 ; mais 1 2,336. veut
dire nageoire de poisson.
Noif, noix, 17,004.
Noif, neiges, 16,357, 19,724* et au Cod. *9^4*
Noisier, difficulté, i539- Test.
Nonchaloir, négligence; mettre à nonchaloir ,
négliger, 3n 3.
Noncer , vers , 1 2,484. annoncer, du latin nuntiàrc.
N'ot, n'eut, 565.
Noueures, endroit où Ton nage, 18,734.
Nouvelleté, nouveauté, 702.
Noyant, i6,332. rien.
Nublesse , 21,349. obscurité, nuage obscur.
Nulluy, nully , aucun, 5i8, 53o, 532,854,
1237, 2801 , 2806.
"Nuysement, empêchement, 20570.
O.
O* avec, 6795, 10,178, 11,649. et au Test. 610.
Obices , objectés , 7369.
Obnuble, obscurcit, 5oo2 , 5oi3 ; mais 21,267.
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GLOSSAIRE.
ohnuble , pour obscur.
Opfindu , offensé ,. 19S. CocL -
Oingté, 1862. oinct, froté.
Oingture, 1892. onction.
Oisse, m'oïsses , m'entendisses , 7484.
Ol ans, seq tans, 2i,i53. espèce de plantes.
Oleur, senteur, 10,884.
Oliphant , 18,590. pour éléphant, se dit encore
en quelques langues.
Olivete, 21,390.
Oncqubs, jamais , 3i3t 699, etc. oncques mais ,
pour jamais, ci devant, 119.
Oppresse, oppression, accablement, 1481.
Or, à présent, 8403.^ or, dès-à-présent, 15,848.
Orde, vilaine , sale , pleine de tache , 2148, etc.
et au Test. 1304.
Ordement, i56. villainement,
Ordoyes , salit , souille , 555. Cod. et ordojé ,
sali , souillé, a3o. Test, vient tiordoyer j salir,
souiller.
Oreillées, 18,622. perce-oreilles, petits insectes.
Oreillent, écoutent, prêtent Poreille, 22,36o.
et oreilleras, 2549. écouteras, prêteras l'oreille;
vient d'oreiller y prêter l'oreille.
Orendroit, à présent, 1 3,509, etc.
Orent, eurent, 820 , 826. Test.
Orer, prier, i2,o3i , 12,144, 12,548.
Ores, à ce moment, 616, 709, etc. ores , à pré-
sent, 7461 , 10,463 , 12,039. des ores , dès-
lors, i3,595.
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3&8 GLOSSAIRE.
Orfràys ou orfroys , sorte d'ornement ancien
qui servait de bord au collet des habits , 565 9
570 , 873, 1071.
Orgouille, pour s'enorgueillit , 60, est mis ainsi
pour rimer à mouille, c'est-à-dire, mouillé.
Orinal, 223. Test, Terme à demi-honnête , pour
dire une chose naturelle qu'on ne saurait honnê-
tement prononcer. Scarron s'est servi du même
mot au même sens.
Osoy. 4186. vient d'oser, entreprendre.
Ost , armée, 8201 , 10,962, i5,425.
Ostagiez , donné en ôtage , i36. Cod.
Ot, ouit, écoute , entend , 7426. o/f pour eut,
7427.
Ou , pour au , 52 , 53 , i5go.
Ouez , pour oyez , écoutez , 21,909. et au Cod. ioa.
Oultrage, chose mauvaise ou déshonorante,2494»
OultrAgeux , outrageuse , téméraire, insolent,
177. extraordinaire , 2025. grands, 221 3. exce*-
sifs, 82 15, 8239, 10,480.
Oultrecuydé , vain , téméraire, 2171 , 89971
16,978. insolent, 22,298.
Oultréement , 968. Test, au-delà , cômme qui
diroit et même davantage.
Oygnent, adoucissent, io55.
Oyseuse , oisiveté, 5363, 18,304; mais i3,6io.
ojseuse , pour oisive , paresseuse.
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GLOSSAIRE.
3^9
P.
Paine , voyez pener, ci-dessous.
Paire , paroisse, i358. Test.
Palatines ; dames palatines , 12,202. dames de la
cour.
Palé , i533, i535. Test, pour dire , rempli et bien
marqué. C'est le sens qu'on peut donner ici à
ce terme, tiré du Blason.
Palisseur , pâleur, couleur pâle, 307.
Palleteaux , pièces que Ton met à un vieil ha-
bit, 219.
Palu, marais, n, 353. Palu^en abondance, ou
comme un fleuve, 556. Test. C'est le sens figuré
qu'il reçoit en cet endroit.
Paneaulx , les pans ou basques d'un habit , 15,698.
Panufles, 6640. chose de néant et méprisable;
mais vers ç665. veut dire pantoufles.
Papegaulx , perroquets , 82 , 660.
Papelardie, hypocrisie, 419, 12,146.
Papelart, hypocrite, 12,587.
Parage, par aiges , naissance , noblesse , dignité ,
6o5i , 6057.
Parcreu , élevée, exaucée, 1434.
Pardurablement, continuellement, 1 9,858.
Pardurableté, éternité, 17,510, 18,274.
Paré, prêt à boire, 8673.
Parlement, entretien , discours, 12,664.
Parlure, la parole, ou discours, 18,579.
Parolle, parle, entretiens, 748, 3673.
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S3o
GLOSSAIRE,
Paroys , murs, murailles jie maison , 16,816.
Parsonniers , parsonnieres , participant , parti-
cipante , 6989, 7891, 9591, 12,289, 17,438,
19,836.
Part, fais part, 13,789. vient de partir , partager.
Partuys, trou, passage , 5i6, 524, 3779.
Pas, passage, 32i8, 8217, 22,483.
Past, pour passe, 43 1. Cod.
Paumoyer, qui fait pâmer, 4407.
Pautonnier, 335o, 9445 , gens de néant, vivant
mal.
Péage, c'est le droit de passage ou d'entrée, 25.
Pecherres , pécheur , 4862.
Pejour, le pire, le plus mauvais, 4180. vient du
latin pejor.
Pelisson , habit doublé de peaux ou de pelisses ,
1711.
PenanCe, pénitence, 275, 1723. Corl.etauTest.42.
Pener , s'appliquer, s'entremettre , 2167, 2363.
d'où vient pene ou paine , se paine , s'applique 9
1776 , 1964. penez, appliqués, 10,299. penoit y
s'appliquait, s'attachait, 434,2909.
Penne , pelisse , ou peau fine pour doubler les
habits, 223 , 55oi , 9189 , 14,244.
Pennons , plume ou autre chose d'équivalent qui
se met à l'extrémité de la flèche pour la faire
aller droit, 942, 948, 9Ô3.
Pensée, 309, peine, chagrin.
Pere, paraisse, 18,426, 20,374. et au Test. 1400.
et perra , paraîtra , 2 1 ,477 pert pour parait , 362 1 •
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GLOSSAIRE»
33i
Périls , ceux qui périssent, 3. Cod.
Permanable, durable pour toujours, 8705.
Pers, paire, 67, 9101 , 15408. couleur de bleu
céleste.
Pertuiser, percer, 63a. Test.
Pesance, peine, chagrin, 16,625.
Pestail, 9577, 9718. massue ou pilon.
Pestel, 19,171. c'est la même chose.
Peu, repu, nourri, 1 3,85 i.peusùj nourrit, 20,967.
vient de paislre.
Phisiciens, médecins, 53o8, 16,713, 16,717.
Phisique , médecine , 172. Cod. phisiques , te
purge, prend médecine, 85. Test.
Pic, 4536. hoyau.
Pieça, déjà, depuis quelque temps, 3i85, 3189,
6882, etc.
Pièce , longtemps , 1785 , 23 16 , 3017, 3400 ;
mais 7587. vent dire loin , éloigné ; à chief de
pièce y 2681. à bout d'une affaire, d'une en-
treprise.
Pierriere , pierre , 596. Test.
Pierrieres , instrument de guerre pour jeter des
pierres, 3945, 12,393.
Piétaille, infanterie, milice à pied , n32. Test.
Pigment, vin rouge, ou haut en couleur, 8672.
Pignée, fardée, qui a du rouge, 1020.
Piment , le même que pigment j ou même liqueur
qui enivre, 11 ,354, II>414*
Pioler, peindre de diverses couleurs, 19,314. d'où
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GLOSSAIRE.
vient piole, 18,807. qui peint de diverses cou-
leurs; piolè j 934, peint.
Piteable, compatissant, i2o5.
Piteux, mortifié et faisant pitié, 424, 11,549;
mais 6730. compatissant.
Plaigerie, cautionnement, 8378.
Plaignes, pour plaines, 6284.
Plains et plaint, plaintes, 2o,i65, 21,661.
Planier , planjère , entière , complète , 20,191 ,
10,367; mais 763. planiere, pour plaine unie.
Planson, ç3i. Je croîs que c'est du bois.
Planté, beaucoup, en abondance, 477, 1164,
1403, etc.
Player, blesser, meurtrir, 56g. Test, d'où vient
playé y blessé , qui a reçu une plaie , 968 ,
110. Test.
Pleiges, caution , sûreté , 2004, is,6i5.
Plenier, même chose que planier ci- dessus,
16,737.
Pleuvir, certifier, assurer, 7705 , 1 1,090, 11, $01 f
12,634. d'où vient plevis, assure, certifie, 12,509,
13,379.
Pleysses, i 6,56 1. pliantes, souples.
Plications, plis, 18,906.
Poesté , force , pouvoir, 2o38; mais 6527. c'est
dignité, et au Test. 1474. puissance, majesté,
vient du latin poiestas.
Poignent , cuisent , piquent , io56. vient de.
poindre > piquer, cuire , faire de la douleur;
d où vient poignans et' poignantes } piquants et
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GLOSSAIRE»
piquantes, i685. poignoit , i3ç5« commençait
à paraître ; poignojent > 1822. piquaient ;
point, piqué, blessé, 1288.
Poine, peine , travail , 3099.
Poise, pèse , me fait peine, 3781.
Poix unis, 19S8. pour dire également traité.
Policratique, c'est un livre de Jean de Sarisbery,
intitulé : Policraticus de nugis curialium , 69Ô7.
Pot, peut, 10,201, 22,o3i.
Pou , peu , 272,. 449, 4Ô6, 463.
Pou acres, 89. Test, paralytique.
Pourchasser, chercher, 14,898. d'où vient pour-
chasse, cherche, 5672, 14,893, 17 ,929. pour-
chassent , cherchent , 11,564. pourchassez ,
cherchez, 1 5,587, 16,722. pourchassa , chercha,
6724. pourchassant , cherchant, 1 4,635.
Pourpens, pensée, attention, 1131,2996, 368o.
Pourpenser, penser, réfléchir, 7099, 7103. d'où
vient pourpensezj pensez, 38 1. pourpensoye >
je pensais, je réfléchissais, 2825. pourpensay ,
pensai, réfléchis, 3 159. pourpensée , pensée,
13,597, i3,825, 15,587.
Pourpris, pourprise, demeure , habitation , lieu
clos et enceint , 3420, 3835, i3,o56, 13,175 ,
i3,6i6, 15,276, i5,583, 15,596, 22,090.
Poursaillent, cherchent pour attaquer, 5439.
Pourtraiue, peindre , tirer en portrait, 178, 6i2f
pour irai te , peinte, tirée en portrait, 159, i65,
241 , 349, 901 , 107 1 . etc. pourtraicl , i38. c'est-
à-dire , peint.
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334
GLOSSAIRE/
Pourvbance , prévoyance, i2,63o. providence,
17,883.
Poutye, poussière * ou petite ordure, 6828,
8062, 8064.
Pouysse, pusse, ou pouvais, 16,600, 16,972.
Pkée , prairie , i32, 10,395.
Premerains, premier, i3i8. Test.
Prenismes, nous prîmes, ou avons pris, 6669.
prenisse , prisse , ou avons pris.
Prétérit, le temps passé, 4745.
Preu , bien , 25o8 , 3095 , 5144 , 8639 , 9848,
13,719. mais 5432. pour bon.
Preux , vaillant , courageux , 7997 , i5,36a ,
18,324, 18,912, 19,489; mais 78S9, 8167, i9,83i,
22,007. P^ur agréable , favorable.
Prime, prochain, 3i. Cod.
Primerain , primer aine , premier , première , soit
d'origine , soit de supériorité , 6589 , 8649 ,
12,819. s'écrit quelquefois premerain.
Prisie, estimée, 22,107.
Privé , ami , familier , 25p3 , 7949.
Procuration, pension, 1064. Cod.
Proesme , prochain , 39. Cod.
Promettierres , prometteur, i5,56o.
Proveance, prévoyance, providence, 18,279.
Provoire, curé, pasteur ou confesseur, 11,812,
17,494. et au Cod. 946. provoires , pour prières.
Prouvé , prouvé , assuré , ou même pris sur le
fait, est souvent joint avec le verbe prendre;
ainsi c'est prendre sur le fait et la preuve à la
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GLOSSAIRE.
335
main, 10,181, 13,948, i4,5i5, i4,5a5, 14,877,
19,172; maïs 16,142 veut dire reconnu.
Proye, vers, 12,363, pour prie.
Proyent, prient, 1340. Cod.
Pueur, puanteur, 6271 , 63i3, 63*i.
Puissance, force, 402»
Pute , femme abandonnée ; ce qu'on diroit putain,
si ce terme osait se prononcer, 9478, 12,695.
pute affaire j 5869. vie déréglée , ou action
infâme.
Puteaux, 6829.
C^uanque, toutes, autant de, autant que, 4852 1
1 3,41 3. et au Test. 275.
Quantes, combien de, 18,809.
Qu arreur, grandeur en quarré, i33o.
Quarron , 15,677. carrefour.
Querre, chercher, 564, io,o65. d'où vient que'
tant , cherchant, 6853, 1 2,588. queisse , cher-
chasse, 789. quisl j quisse j cherche , 3i55 ,
i5,589.
Queste , sur-le-champ , 3268.
Qy eurent, courent , 15,241 , 17,676, 19,225. et
au Cod. 414. sur leur queurent j pour leur
courent sus.
Quierres, coins ou angles, 21, 343.
Quignet, coin d'une chambre, 464,
Putel, puit , 6639.
Q.
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336 GLOSSAIRE.
Quittement , entièrement, sans rien demander
en échange , 2289.
Quitterne, guitare, 21, 854.
R.
Raconvoye, 10,498. reconduit.
Raffiert, convient, 14,382.
Bain, branches, 9038, 17,004, 17,665,21,320,
22,546.
Rainceaulx ou rainseaulx , petites branches,
8684 , 87^6 , 22,527.
Raines, grenouilles, i386.
Raiseaux, filets, 20,981.
Ramage, bois, i332.
Rame, branches, 87, 1485.
Ramé, plein de branches, 1784, 5o269 14,626 f
21,695.
Ramentevoir , faire souvenir, rappeler à la mé-
moire, 3459, 5946. ramentue j fait souvenir,
4S74.
Ramponent, grondent, 186. Cod. vient de ram-
poner j gronder.
Ramposne, gronderie, 18,541, 19,508.
Ramposneuse , grogneuse, grondeuse, colère, qui
gronde toujours, 176.
Rangourir, 1219. Test.
Rayer, 571. Test. Je crois que c'est ruisseler,
laisser couler.
Raye, ir7. Test, éclate, jette des rayons,
Rebourcé, rebroussé, i53.
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GLOSSAIRE.
33/
Rebresches, 391. Cod. corrigé, reprennent.
Recellée , secret , en cachette , 420 , 2537.
Recenser , rapporter , raconter , 3oo8 , 4909 ;
9575. d'où vient recensera , racontera, 19,043.
recensoye , racontais , 20,887.
Recept , retraite, demeure, i6.3i2.
Reclus, resserré , enfermé, 10,093.
Recorder , faire souvenir , faire répéter , 2255.
d'où vient recorde , fait souvenir, 18,045, re»
cors , souviens , 83o, 2ççy , 3832.
Recoup, i3,633. abrège, ou même répète.
Recroire, repentir ou se relâcher, io,io5; mais
au Test, 52o, errer, manquer à la foi chré-
tienne; d'où vient, mais en d'autres sens, re-
creant, me repentant, 2046. recréant , négligent,
paresseux, 16,142. recréez , négligés, i6,5o2.
recroye , repente, 12,628, 14,896; mais 14,897.
ne recrqye j ne soit point paresseux; recrue ^
paresseuse, 16,099; ma's l9>297 > fatiguée,
abattue de travail.
Recrespit, rétablit, rend leur beauté, 6278.
Recuites , rusées, faites au manège, 22,3oo.
Reçu lier, reculer, 21,573.
Redargution, repréhension, 1182. Test.
Redolent, ayant bonne odeur, 3567.
Redon dans, abondant, suffisant, 1120. Test.
Refaison, exécutons, 4968.
Refatier, 9466. .
Referir, rejaillir, renvoyer, 17,621. refiert , re-
jaillit , renvoie, 17,654.
4. Y
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238
G L O S S A I R E.'
Reflagrans, sentaut bons, 1412.
Reforsisses, pour renforcissent , i6,56o.
Refraindre, appaiser sa colère, 33n#
Refretoyer, réfectoire, 765. Cod.
Regehist, 662. Test. Je crois que c'est réfléchît,
ou s'y arrête.
Règne, royaume, 12,625.
Regracier , remercier , rendre grâces , 10,008.
Reimbre , 246. Cod. Je crois que c'est racheter.
Remaindre, demeurer, rester, 3480, 5655, 6j55.
remaint y demeure, reste, i5,5i8 , 18,765,
20,24a, et au Test. i555.
Remanoir , rester, demeurer, 2198, 2985.
Remembrance, souvenir, 144, 2459,31649
47°4-
Remembre, souviens, 1027, 2691 , etc. vient de
remembrer , souvenir ; de là sont formés re-
membrez j souvenez- vous, 1 5,346. remembrant,
souvenant , en ayant souvenir , 5948. remem-
brée j rapportée , racontée , 6449.
Remenant , le reste , le restant, le demeurant,
1576, 3484, etc. et au Test. 1571.
Remirer, regarder attentivement, 1614, d'où
vient remir pour remire, i3,43o. je regarde, et
remire j se regarde, 13,397. et au Test. 735.
remire j prend garde ; remirent ^ 8810. prennent
garde.
Remordre, répondre, 718.
Réndue , 482. dévote , retirée du monde.
Renouvellence, renouvellement , 7233.
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GLOSSAIRE. 339
Renoyent, renient, 5i3o, 10,849. renoyez, 19,989*
reniez , vient de renoyer. Renoist, renie, 143.
Cod.
JRenVoyser, danser, sauter, 760. d'où vient ren-
çojrsié 3 qui aime le plaisir , qui aime la joie ,
20,926. Voyez ci-dessus envoyseure*
Renvoyserie, agréments, joie, 21,845.
Refaire , demeure , 15,643. repairoit, fréquentait,
12,835.
Replenist , remplit , 2480.
Repont, cache, 756. Cod. reponent , cachent,
8398. vient du latin reponere.
Repost, à l'écart, retiré à Pécart, 83o. Te$t. re-
postes j mises, cachées, 5406, 13,982 ,21,612.
Repostailles , ripostaille, en secret, d'une ma-
nière cachée et inconnue, 14,478. cachette , lieu
où Ton cache quelque chose , 1 5,352. choses ca-
chées dans quelqu'endroit, 19,940.
Requerre, rechercher, demander, i2,oi3. d'où
vient requerissent pour demandassent, 12,012.
Rere , raser , tondre , 1 1 ,583.
Rescourre, réchapper, 1 1 ,667 , 16,81 3. d'où vient
rescoux , réchappé , 9454.
Rescondre , cacher, tenir en secret, 5387.
Resjouvenir , rajeunir, 13,922. d'où vient resjou-
vcnist , rajeunit, i3,6o3.
Resjoye pour se réjouisse , 81 , 2766,
Respiter, dispenser, 11,476. respitez > dispensez,
exceptez, 16,592.
Responans , reposant , 1 127. Test.
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GLOSSAIRE.
Responez, répondez, 15,893. respongne, réponde,
14,919, 20,434.
Ressourt, ressuscite , 599. Test, et ressourdront,
ressusciteront, 141. Test.
Restaurer, rétablir, 7652.
Retollir , enlever , prendre, d'où* vient retoult,
enlève , prend , retouldra , prendra , enlèvera ,
19,386. retolu, enlevé , ôté, 13,891.
Restoyer , 766. Cod. demeure ou habitation où
Ton reste.
Retourra, retournera, 14,714.
Retraire , réciter, 973 et 161 1 du Test, maisr*-
traire, retirer, 245 , 3i8 , 4468. et au Test. 1690;
mais 1416, retraire, retracer , et 2120, raconter,
• d'où viennent relrairay, retirerai , 7127. retrais,
retire , 15,704. mais 3591 , retrait pour raconte;
retraite^ retirée , 35o et 19,955. retraite ^ racontée.
Revault pour vaut , et que me vaut , 4287.
Reversable , qui retourne, qui retombe , 7*35.
Revigourer , rajeunir , rendre la vigueur ,
21,398.
Ribaudies , paroles sales et vilaines, 2143 , 5953;
mais 4673 et 1 5,2 12 , ce sont actions vilaines, ou
vie débauchée.
Ribaudire , 18,767, tressaillir de plaisir , d'où vient
ribaux , gens attachés à la débauche , 1 3,546,
5264 , 5265 ; mais 5497, veut ^,re un h0*33006 de
néant , de la lie du peuple ; ribaulde > femme
abandonnée , 7246 , 7333.
Richoyer , faire parade de ses richesses, 675. Cod.
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GLOSSAIRE.
Rien, chose, 246, 587, 600, 1201. et au Cod. 61.
au Test. 1664.
Rigol âge , terme burlesque , pour dire retour d'une
affaire , 88o3.
Rimoyer , rimer , mettre en vers , 36.
Riotte , querelle , dispute , 3642 , 8878 ,-9746.
Kive , bord d'une rivière , 16,999 ; mais 22,236 , il
s'agit d'autres bords.
Rober , voler , dérober, 191 , 14,317, i5,57Ô. d'où
vient robe, vole, 12,173, robez , ceux qui sont
volés, 12,176. roberqye , volerais, 7487.
Robeurs , voleurs , 121 76.
Roé , roue , 4078.
Roucin, cheval, 1128.
Rouelle, roue, 9831.
Rouille , 382o. ardents , étincelants; mais vers
9735 , je crois que c'est se mettre en colère.
Roups , rompu, brisé , 15,701. roupies, brisées,
rompues, 18,684.
Route , compagnie, i583. Test.
Roy des Ribaux ; c'était autrefois une qualité d'un
homme suivant la cour, dont la Fonction était
de faire sortir de la cour, ou de la suite du roi ,
tous les fripons, malfaiteurs et gens sans aveu*
11,452, 11,461, 12,608.
Royant, 18,953. étincelant, éclatant.
Royne , grenouille, 11,579.
Ru, rivière, ruisseau d'eau courante, 16,427.
Ruse , 2738. moque, trompe, de ruser, moquer.
Rwyent, 686. Cod, Je crois que c'est séduisent.
Digitized by
GLOSSAIRE*
S.
Sache , tire hors ; sachiez > tîrez hors; 1 7,363.
vient de sacher, tirer hors ; se dit encore par le
menu peuple de Picardie ; saquer une épèe, tirer
une épée.
Sadayer , faire le mignon , 1270. Cod.
Sade , agréable , gracieux , 53ia , 1 1,876 , 21^4.
Sagictons, Cod. 691. dard, un trait, une flèche.
Sajecte, flèche, 9S0, 1817, 1428.
Saille , sorte, vient de saillir, 1 186. Test.
Saillir , sauter , 2988. sortir , 3979. d'où vient
saillqyentj sautaient , i38i. saulij saute, 1641.
Saintisme , salutaire , 29. Cod.
Saisine, possession, io,365, 16,174.
Sangle ou Sengle, simple, 7654, 18,969.
Sannes, 11,571, assemblées.
Santive , salutaire , 4410.
Sault , sauve, 2968. s aulx , sauvé , 1829. Cod.
Saulx , ceux , i33o. Cod.
Seiche, i 1,973. une sorte de poisson ; mais je crois
qu'il veut dire ici peu de choses.
Seigneurir , dominer , commander , 6895 ; mais
1216. Test, au Cod. i65, seignourir, veut aussi
dire rester , demeurer.
Semblances , ressemblances , 1004, l^9* etc-
Semilleuse, 6541. vif, actif. Semilleuse, re-
muante , inconstante , 7118.
Semondre, exhorter, 3486. etc. et au Test. 16*71
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GLOSSAIRE.
343
d'où vient se mon > exhorte, qô&Q.semontj exhorte
1794, 291 1. etc.
Semoult pour semont , exhorte , 2233.
Senestre, gauche, 160. etc. et au Test. 1080.
Senez , sage , sensé, 17,432 , 1 8,556.
Sengle, simple, 18,969.
Sente , chemin , 73S, 8189.
Sentelle, petit chemin , sentier , 22,466.
Sentelette, petit chemin, 22,261.
Sequeure, secourre, 11,400, i7,3o5.
Serf, serviteur, esclave, 13,079.
Sergens, serviteurs, 886, i2,6o3.
Seris , 2o5. Test. Je crois que c'est salutaire.
Série, 129, seraine, en parlant de la journée orç
de Pair, 690, 16,796 , 20,751 , 21,844.
Sermon pour scrmone^ t'avertis , 4886, 8562*
Servage , servitude, esclavage, 4100, 7032.
Serve , esclave , 2433.
Sesqueue, secoue, 10,284.
Seul as , 874. Test abandonna, seule.
Seult, a de coutume , 2748 , i3,i68.
Seulent, ont accoutumé, 4912.
Seurbat, 1073. Cod. surmonte, comme je crois.
Seure , sur , ou dessus , 275. Test, nous court seure,
nous coure sus.
Seurgeure , 10,344. science de seurgeure. Je crois
que c'est l'instinct du chat contre la souris.
Siet , s'asseoit , ou est placé , 1676. vient de seoirs.
Signifiance , signe , 19. explication, 997, 2101*
Sire , seigneur , 2498.
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344 GLOSSAIRE.
Sist, convient, 755.
Sitoust pour sitôt , vers 83o5. mot estropié en fa-
veur de la rîme.
Sodoirant, ia33. Test.
Soef , agréable , gracieux t 141 1.
So lacer , Sol acier, divertir, réjouir, 3540 ;
12,847, 22,i3o.
Soliers, chambre haute , 14,185, 14,494,
Soller pour soulier , vers 8190. se dit encore en
quelques provinces.
SoRES, 14,547.
S'ot pour s'oiiit , s'entend , 2709.
Soubtiva , 463o, agit avec industrie.
Soubtivement, 1170. subtilement.
Soue, la sienne, 1041. Cod.
Souldoyer , soldat , 3982 , 1 3,026. et au Test. 775.
Souloit, avait accoutumé, 6610, 13,925. vient de*
souloir, avoir de coutume ; de là se forment sou*
loye , 27. j'avais accoutumé; souloient, avaient
accoutumés, 8746, 11,920. soûlons , avons ac-
coutumés, 12,806.
Sourse , 14,438. sortie ou venue en abondance.
Sousduycte, 1233: Test.
Souspeser , peser, réfléchir, 7060. souspesani,
pesant, réfléchissent, 22,362.
Spiritueulx , spirituels, 12,102.
Subtiliassent, 18,618. pour s'industriassent.
Subtillier , subtiliser , 16,882.
Subtive , subtile , industrieuse , 16,906,
Supployer, supplier , 2164,
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Surcot, espèce de justaucorps, 8817, 9249.
Supprbssure , 940. Cod. dissimulation, tromperie.
Surcuydée , vaine, orgueilleuse, 8893.
Surquanye, 1207, 1218. sorte d'habillement.
Sus et Jus, dessus et dessous, 1686^ Test.
Suspection, soupçon, 3891.
Suyvir, i3^o. suivre.
T.
Tables , jeu des dames ou échiquier, 8048 ,
10,479.
Tabour , tambour , 6245.
Taboure , sonne du tambour , ou bat la caisse ,
pour parler en terme de guerre , 6244. tabourent,
sonnent ou cornent , pour parler d'une manière
populaire , 22,3o6.
Taillier , cottiser , imposer une taille ou subside
d'argent , 9997, 1 1,373. taillèrent j se cotisèrent ,
l9999-
Talent , désir , volonté , disposition , 99 , 2654 ,
i5,3a8. etc.
Tapinage , tapinois , ou d'une manière secrète ,
12,669.
Tapissoit , se fourrait en un coin , 465. vient de
tapir , encore usité.
Targe , bouclier, 16,192. targent , se couvrent de
bouclier , 16,573. alors targe est verbe , et vien-
drait de targe r , se couvrir de son bouclier.
Tast , tac , ou toucher , 558.
Tenceresse , grondeuse , 147. etc.
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Tenemens, domaines en fond de terre ,5545,
10,001, 11,431, 19,622, 2i,i38.
Tenisse, tinsse , 1642, 1 3,56a.
Tenson owTençon, chagrin , gronderi€T 955i,
13,674.
Tenvre , délié , délicat , ç656.
Terdre, essuyer, 14,070.
Terme , délai , 20,294.
Termine , délai, 10,389.
Terminée, décidée, réglée, 19,242.
Terminéèment , décisivement , 18,1 12.
Terse, nette, 1028. Cod.
Tertke , petite élévation , petite montagne , n3,
128. c'est ainsi que Villon appelle le terne du
mont Valérien.
Texit , couvrit , cacha , 37Ô. Test.
Thaignon, 1576. Cod.
Thiesme pour thème, proposition , 20,291.
Tieulx , tels , 5i8. et au Test. 1544.
Tiffée , ajustée , accommodée , 35o3.
Tinel, i63i. Cod. '
Tinter , dire un seul mot ; comme nous disons fa-
milièrement ne sonner mot , 11, 586.
Tire a tire, tout de suite , ou Pun après l'autre,
9666, i2,o5i, 14,808.
Tirelire , petite boîte à serrer argent , 459. Cod.
Tjst , 8789. faire étoffe ou toile de tistre.
Tollir , prendre , enlever , usurper , 191 , 5277,
2o,883 , etc. d'où vient tolentj prennent, 5687.
toit, prend , 874Ô. lolljj ôta , priva , 83 1 2 , 691 1>
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347
6909 , 83io. iollitj ôta , enleva , tolisl , enlevât ,
prît , 766 1 . tolissentj enlevassent , prissen t , 1 2,0 1 3.
tolurent , prirent , enlevèrent , 9965. lolu, ùté ,
enlevé , 2006 , 9694. tolues ou tollues > enlevées ,
prises, 195, 4061.
Tonnel , tonneau , 20,092.
Tonnelles , 9249. et au Cod. 1225. doit être un
corps de juppe , ou corps de femme.
Torte , tortue , courbée , qui n'est pas droite , Ô22.
Test.
Tortilz , torches ou gros flambeaux , i3,i62.
Totée ,216. Cod. je crois que c'est un petit mor-
ceau de pain trempé dans du vin , ou même peu
de choses.
Tou aille, toile, i56, 6767, 6808.
Touldre, prendre , enlever , 11,009, 11,748,
17,075 , d'où vient toult , ôte , enlève, 4823 ,
SÔ62 , 63i8 , 6792 , etc. Touldroit y ôterait , enlè-
verait, 12,3 18. touldroyent , ôteraient, enlève-
raient , SS06. touldra , enlèvera, prendra 8427.
loulsist , 18,899. enlevât ; toultj enleva , 83o4.
Toulin, 13,814, droit qui se prend sur les mar-
chandises ou denrées, de tôlière, prendre.
Tourner , détourner, 3i5o et 17668. c'est se
roidir , se révolter.
TournoyastEs , co m bâtîtes , 16,299.
Tournoyèrent, tournoi , 1186. combat , 15,822s
16,295, i6,352 , 18,675, 19,163, 20,962.
Tournoyer, séjourner, 22,1 85.
Touse, 11,304. amie ou amante.
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348 G L O S I A I R L
Toutes-voyes, toutesfois , 1884, 17,39a.
Touzé , tondu , 347. Test.
Traire , retirer, 2.3$, ç63 , 993, 1689. d'où vient
Iraye, tire , retire , vienne , i322 t 1794. trayent,
tirent, attirent , 4142. traic/e , tirée , 1871,2030,
2,942. iraictes , reçues, 3336.
Traîneaux, 11,571. filets à pêcher.
Transitoire, passagère, 524. Test.
Translance , envoie , insinue , 19,922.
Transmue, change , 389 , 6177.
Trempée , tempérée , 63 18.
Tresche , danses , sauts , 769 , 16,81 1.
Trespasser, passer , 377.
Tressaudras , tressailliras , 2322.
Tressoirs ou Tressouers , 572 , 9631.
Tressons ,9187. rubans qui tiennent les cheveux
retroussés.
Trfstant , tant , si grand nombre , 494.
Tketiz , bien faits , mignons , 861 , 1 195 , 2687.
Treuz , Treu , 10,000 , 20,122. Je crois que c'est
des biens.
Tri A cle, thériaque , contre - poison , i3,i26,
-17,389.
Tricherre ou Trichierres, tricheur, trompeur,
13,928 , i5,56i , 20,017.
Triper , Tripeter , courir , i3,433, 13,687,
i8,63o.
Tripot, ou figuré pour manœuvre, 22,o3o.
Tristour, tristesse , 10,639.
Tru âge , passage ou droit de passage , i3a6. Test*
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GLOSSAIRE.
34$
Truant, gueux, mendiant, n,o65;mais 3716,
15,282, veut dire un malheureux , un homme
de néant; truande, pauvre , mendiante, 16,779*
Truander, mendier, 11,924.
Truandie , mendicité , 12,006, ia,o65»
Trubert, i5,57i. agréable , à ce que je crois.
Truffe ou Truffles , tromperies , fourberies ,
calomnies , 6641 , 9893 , 9666 , 1 2,833 ,19,144,
21,246. truffe, trompe, 15,768.
Truisse , trouvasse ou trouve , 11,641 , n*749 t
14,636, 17,763, 22,i35.
Trupigneys, i6,35i , trépignement.
Tueuse , 635. Test, meurtrière.
Turquoys , 925. à la Turque.
Tu y, tais, 9Ô8. Cod. mestuj , me tais.
Tymbre, cloche, 21868.
Tyretaine , sorte d'étoffe de laine, 21,763.
V-
Vain, abattu, 1719, 1812.
Vaire, fourrure fine et précieuse , 223 , 55oi ,
94o5.
Val, descente , i33. contre- val, en descendant.
Valeton, jeune homme, 16,807; mais 1 o,533 f
pour serviteur.
Value , valeur , 4236. estimation , 21,190.
Varlet, jeune homme , jeune galant, 194, 86o3f
11,174,13,247, 13,275,21,901.
Vassal , Vassault , homme soumis et inférieur ,
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35o
GLOSSAIRE.
2967, 2977. au figuré signifie un jeune homme*
Vasselage , obéissance , 3o58 , 7*5 1.
Vaulsist, voyez vouldrent , ci-après.
Veables, visibles, 1755. Cod.
Venir , a683. venue , arrivée,
Vensist, vînt , 1664. Test.
Vergogne, honte, 4797, 493a, 9829, i3,385,
18,180.
Vergogneux , honteux , 2430 , 8384*
Vermenuiser , piquer de vers , pourrir , 634. Test.
Vers , couleur fort estimée 'autrefois pour les jeux,
547, 8a3 , 1196»
Vers , fortune, 3847.
Vertant, tournant, changeant, 128* Test.
Vertible, corruptible , changeante , 128. Test*
Vertir , 869. Test, retourner.
Verve, folie ou fureur, i3,65o.
Vieur , vieux , 19. Cod.
Villain , roturier , ignoble, 1953 , 3786 , 6843.
homme de mauvaise vie , 2116. villaine > dif-
fame , 1 1,387. villenantj diffamant, 14,377. vient
de villaner ou villener.
Villen aille, canaille, gens de néant , 19,581.
Villen astre , gens d'une ame basse , 5466.
Villenie , action ou parole deshonnête , et quel*
quefois malpropreté , 171, 979, 1208, ai 10.
Villotiere , fille ou femme de joie , 8770 , 17,273.
Vilté , mépris , 9642 , 9S84 , 10,048.
Violant, méprisant , 2634.
Vindelle, io3. c'est une sorte de manches , et
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GLOSSAIRE.
35l
par les miniatures il semble que ce sont longues
manches pendantes , telles qu'elles sont dans les
habits à la romaine qu'on fait paraître sur le
théâtre.
Vire , grosses flèches , ou trait6 d'arbalètes , 16,406*
Virer , 21,324.
Vis , visage , 124 , 36a , 446 , 786 , 1496 , 7964.
vis est mis aussi pour advis, lui fut advis.
Umbrage, ombrageuse, soupçonneuse, 1233.
Umbrageux, obscur, 14,971.
Umbre pour couvre , ou est couverte , 21,321.
Umbroyer , prendre Pombre , se mettre à l'ombre,
618, 1299, 1477, 3048.
Ungs , quelques ou plusieurs , S76.
Voir , vrai, 1S68, 3460 , 3718. etc.
Vouldrent, voulurent , 8966. voulsisscj voulusse,
2818 , 1 5,656 , 15,679. voulsist ou vaulsist ,
voulut 484, 963, 32i3, 3285, 14,866. voult ,
voulut, 1499, 3172. rouira j voudra, 20,430.
vourroit , voudrait, 18,359. tout cela vient de
vouloir.
Voultis , 543. fait en arc ou en voûte.
Voyes, fois , 25. Test.
Voyre, 1869. Test, véritable.
Voyse , aille , 20,699.
Us , coutume , accoutumance , 5445.
y.
Yere , était , 9143 , 12,449. etc- et au Test 827;
jrert pour était.
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35a
GLOSSAIRE.
Ylliers, 13,271. les côtés ou les flancs.
Yre , colère , 148, 297, 314, etc.
Yreuse , grogueuse , toujours en colère , 35p5.
Ysangrin , 11,647. cest UQ nom donné burles-
quement aux loups.
Ysnel , joyeux , enjoué, 83i , 11,041. ysnelle,
joyeuse , enjouée, 95 1-, 22,034. et au Test. 1019.
Yssir, sortir, 2077, !6;835. d'où viennent ysse ,
sorte , 401 1 , 9448 , 16,736. yssenl, sortent, au
Test. 424. yssoi/j sortait , 1 1 \5.jystj sort , 1679,
21,403. et au Test. 1666. yssi j sorti , 1952,
81 83. ystray , sortirai , 8159. ystra y sortira,
1 757 f 4222 , 1 1,572. ystrez > sortirez , 8234. js*
iroit , sortirait, 4224. yssit, sortit , 16,996.^-
sist , sortît, 13,070. yssisse , sortisse , 11,507.
yssir, sortie , issuev, 82 18.
Ytel, tel , 8086. ytieù/xj tels, 7i5o, i2,ior.
Yvernagb* hiver, 3435*
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